Trois matches en huit jours, la santé à l'épreuve du calendrier

Par Rugbyrama
  • Sione Piukala - perpignan grenoble - 4 septembre 2013
    Sione Piukala - perpignan grenoble - 4 septembre 2013
Publié le Mis à jour
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Les clubs de Top 14 doivent relever un défi cette semaine: disputer trois journées en huit jours tout en respectant la consigne de la Ligue de préserver la santé de joueurs très sollicités toute la saison.

C'est l'habituel casse-tête: comment faire tenir en une année les 29 dates du Top 14 (26 de saison régulière, 3 de phase finale), les 9 de Coupe d'Europe (6 matches de poule, quarts, demies et finale) et les 11 matches internationaux (trois tests en novembre, les cinq rencontres du Tournoi des six nations et la tournée de juin) ? Et cela tout en donnant des vacances aux joueurs et un temps de préparation pour la saison. Pour l'exercice 2013-2014, la LNR a choisi de se débarrasser d'un doublon international durant le Tournoi, compensant par un enchaînement de trois journées en huit jours: la troisième (samedi 31 août), quatrième (mercredi 4 septembre) et cinquième (dimanche 8 septembre). Éreintant.

Dusfour: "Risques accrus"

Une décision accompagnée d'une recommandation simple et inédite à l'adresse des clubs: "un joueur entré en jeu au cours de deux matches consécutifs et ayant totalisé plus de 80 minutes au cours de ces deux matches ne devrait pas participer au troisième match". En somme, un joueur ne devrait pas se trouver sur le terrain dimanche s'il a déjà au compteur 80 minutes de jeu depuis samedi dernier.

"C'est une préconisation à laquelle nous avons commencé à réfléchir en février, explique le président de la commission médicale de la LNR Bernard Dusfour. C'est le fruit de longues discussions entre experts, c'est à dire des médecins, des préparateurs physiques mais aussi des entraîneurs". Au départ de la réflexion, un constat: "la récupération biologique se fait à partir de 72 heures après un match, mais l'enchaînement va aboutir à une difficulté à éliminer les déchets, donc à une dégradation de la récupération, poursuit M. Dusfour. Cela entraînera de la fatigue, donc une baisse de la vigilance et des risques accrus de blessure."

Sur le terrain, le conseil est jugé plutôt de bon sens par beaucoup, comme l'entraîneur du Racing-Métro Laurent Travers qui juge "impossible" de disputer les trois matches, rappelant que le rugby "est un sport de combat collectif" très traumatique et qui exige en outre une "grande fraîcheur mentale". "Si tu ne le paies pas sur le moment, ce sera plus tard", abonde l'entraîneur des arrières du Stade français Jean-Frédéric Dubois en mettant en exergue "la violence des chocs" qui rend intenable ce triptyque de matches. La portée de cette préconisation est toutefois très limitée dans la mesure où son contournement n'implique aucune sanction.

L'avertissement de Simon

"On est pour l'instant dans une phase d'observation et si le constat est négatif à la fin de cet enchaînement, on entrera dans une phase coercitive où l'on sera plus radical", assure Serge Simon, président du syndicat des joueurs (Provale). "Mais je vois d'abord le côté positif: c'est la première fois qu'on essaye de fixer une règle et il y a un vrai débat autour de la santé des joueurs, ajoute Simon. Bien sûr que je préfèrerais d'abord qu'il y ait moins de matches, mais ça fait 10 ans que je grenouille dans les eaux troubles de la Ligue et j'ai bien fini par comprendre que l'on n'y arriverait pas."

La recommandation a aussi cabré certains entraîneurs, à l'image du manager de Toulouse Guy Novès estimant "ne pas avoir besoin de la Ligue" pour gérer ses joueurs. Ou encore de Vern Cotter qui s'estime "dans l'obligation de composer la meilleure équipe" de Clermont possible. Et les clubs les moins "riches" en effectif y verront sans doute à redire car quand le Racing-Métro peut se permettre de remplacer son ouvreur Jonathan Sexton par Jonathan Wisniewski, toutes les écuries ne possèdent pas la même profondeur de banc.

D'où le plaidoyer de certains médecins de clubs ou de Provale pour relever le plafond du nombre de joueurs sous contrat par club (35 maximum) pour accroître les rotations et offrir plus de temps de récupération à tous.

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