Toulon: Wulf revient de loin

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Dans la galaxie des étoiles qui peuplent les lignes arrières de Toulon, le Néo-Zélandais Rudi Wulf est rarement sous le feu des projecteurs mais ce trois-quarts polyvalent à l'histoire personnelle et professionnelle mouvementée, creuse son sillon sans faire de bruit.

Difficile de prendre la lumière derrière les Giteau, Wilkinson, Habana et consorts. On en oublierait presque Wulf, qui compte pourtant quatre sélections chez les All Blacks en 2008 et aborde sa troisième saison sur la Rade. Après avoir occupé l'arrière et l'aile, le voilà doucement poussé vers le centre, sans rechigner. "A ce poste, il a toujours été bon", explique le manager Bernard Laporte, qui devrait lui faire confiance samedi à Paris face au Stade français.

"Aujourd'hui, pour moi, ailier ou centre, ça ne fait plus de grande différence, ça me donne plus de chances de jouer. Et si je joue, je serai le plus heureux, c'est tout", explique Rudi Wulf avec son inamovible sourire, simplement heureux de pouvoir jouer au rugby. Car la carrière du Néo-Zélandais a bien failli s'arrêter brutalement. En 2004, le jeune homme participe à un stage de préparation au Mondial des moins de 21 ans à Auckland. Au retour de l'entraînement, les "Baby Blacks" font de la récupération dans les spas de l'hôtel. Alors qu'il plonge la tête la première dans la piscine, il heurte violemment le fond.

Wulf: "Je ne voulais pas renoncer"

Diagnostic: fracture de l'atlas, la première vertèbre cervicale qui assure la mobilité de la tête, et deux plaques dans le cou. Le jeune homme est cloué chez lui pendant trois mois. "À part regarder la télévision, je ne pouvais rien faire. C'était horrible, raconte-t-il. J'ai été très heureux quand les médecins m'ont dit que je pourrais rejouer au rugby. Je ne voulais pas renoncer, j'ai toujours pensé que je reviendrais".

Onze mois après son terrible accident, Rudi rechausse les crampons avec son équipe de North Harbour. Trois ans après, il joue une demi-finale du Super-14. En 2010, le voilà à Toulon, dans une France qu'il ne connaît pas mais où il a, contre toute attente, des attaches familiales. Il y retrouve son cousin Vincent, arrivé d'Australie en 1995 pour donner un nouvel élan à sa carrière de joueur de rugby à XIII. Recruté par Villeneuve XIII, Vincent Wulf a revêtu 36 fois le maillot de l'équipe de France. Depuis l'an dernier, Rudi a le plaisir d'évoluer avec un autre cousin issu de germains, qui n'est autre que Chris Masoe, le troisième ligne du RCT.

De lointaines origines allemandes

L'occasion de renouer le fil d'une histoire familiale complexe dont le noeud principal remonte à la Seconde Guerre Mondiale quand les frères Francis et Dietrich Wulf quittent l'Allemagne pour s'installer aux Samoa. Une branche, celle de Rudi et Vincent, migre en Nouvelle-Zélande tandis que celle des Masoe est restée sur l'île du Pacifique. Avec un trait commun: "On est une famille de rugbymen et de boxeurs", explique Vincent Wulf, dont l'oncle Eddie, joueur de XIII et ancien champion mi-lourd, a influencé sa carrière et celle de Rudi.

Chris Masoe, dont le frère est aussi champion de boxe, a, lui, découvert Rudi un peu par hasard. "Un jour, je regardais un match des Auckland Blues à la télévision et j'ai vu le nom de Rudi apparaître. J'ai appelé ma mère pour le lui dire et elle m'a appris qu'on était cousins !", sourit le troisième ligne. La rencontre physique aura lieu en 2004 sur un rectangle vert. Presque dix ans après, ils partagent leur quotidien. Celui de Rudi Wulf a bien changé ces dernières années. Sa femme et son fils sont repartis en Nouvelle-Zélande. Il les a suivis lors d'une parenthèse d'un an, avant de revenir à Toulon où il est devenu papa pour la deuxième fois. Sa vie n'a pas été un long fleuve tranquille mais Rudi Wulf savoure désormais de pouvoir vivre sa passion.

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