Le tour de Midi Olympique

Par Rugbyrama
  • Carton rouge Bayonne Biarritz - 28 septembre 2013
    Carton rouge Bayonne Biarritz - 28 septembre 2013
Publié le Mis à jour
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Comme chaque semaine, les envoyés spéciaux de Midi Olympique décryptent, à travers une anecdote, un joueur ou une image insolite, les moments forts de la 8e journée de Top 14. Là, ils reviennent sur les drops d'Oyonnax, le première ligne du Stade français, le sacrifice de Laranjeira et la dramaturgie du derby basque.

Stade français-Montpellier: 18-11.  Arnaud BEURDELEY

Impossible de passer sous silence la performance encore une fois de la mêlée du Stade français. Face à Montpellier, les Parisiens se sont largement appuyés sur ce secteur de jeu pour construire leur succès. Le premier essai - sublime de vitesse d’exécution dans les libérations de balle - est né d’un lancement de jeu initié à partir d’une mêlée impériale de stabilité. Et que dire de ce ballon volé sur introduction adverse par la grâce d’une poussée collective limpide offrant l’impression que ces huit bonhommes ne formaient qu’un seul et unique bloc. Sans doute Patricio Noriega a-t-il posé sa griffe, mais comment ne pas rendre hommage, notamment, à cette première ligne dont personne ne parlait il y a quelques mois ? Heinke Van Der Merwe, en provenance du Leinster, a débarqué dans la capitale dans le plus grand anonymat. Le Sud-Africain ne cesse d’impressionner tant par sa tenue en mêlée fermée que par son activité sur les phases de ruck. Laurent Sempéré s’est affranchi l’an passé de la concurrence de Dimitri Szarzewski, parti au Racing-Metro 92. Il est aujourd’hui en passe de devenir incontournable tant sa science de la mêlée s’est affinée avec le temps. Rabah Slimani a longtemps été affublé du statut de "meilleur espoir". Il concoure désormais dans la catégorie des "premiers rôles". Ces trois-là - on est prêt à le parier - n’ont pas fini de faire parler d’eux.

Oyonnax-Toulon: 25-22. Jean-Pierre DUNAND

Christophe Urios s’en est amusé, "en plus c’est le premier drop qu’il réussit depuis 15 ans", mais il a surtout été bluffé: "ce drop il l’a annoncé, c’est lui qui a commandé la combinaison qu’il fallait mettre en place sur la touche de pénalité. Il l’a dit et il l’a fait". Pour faire basculer un match indécis, il fallait le coup de patte de Benjamin Urdapilleta, il fallait la "grinta" de l’Argentin, compétiteur né. Son drop a placé Oyonnax sur le chemin de la victoire, alors que la marque semblait scellée à 22-22. Mais que penser de cet autre drop, ajusté par l’autre buteur oyonnaxien, Conrad Barnard, juste avant la pause ? Urdapilleta venait de rentrer aux vestiaires pour satisfaire au protocole médical après avoir été touché en plaquant Bastareaud. Toulon menait de six points, et Barnard sut lui aussi prendre ses responsabilités pour réduire l’écart. Jamais deux sans trois. Le troisième drop de l’après-midi fut toulonnais. Il aurait pu permettre au RCT d’arracher le partage, mais Wilkinson ne fut pas aussi précis que les deux "Oyomen". Samedi, le drop s'est avéré être la botte secrète de l’USO.

Castres-Racing: 19-15. Pierre-Laurent GOU

A 23 ans, il explose enfin. Handicapé par les blessures, celui qui, il y a trois ans, apparaissait comme le grand espoir au poste de trois-quarts centre, Remi Lamerat, multiplie les prestations de choix. Face au Racing, il a éclaboussé la rencontre de tout son talent. Le Castrais formé au Stade toulousain est un trois-quarts centre polyvalent. Capable de pénétrer mais aussi de faire la passe supplémentaire qui démarque ses partenaires. Il semble savoir tout faire, et amener un surplus de fluidité dans le jeu castrais pas désagréable. Ses sorties sont prometteuses d’un avenir radieux aussi bien de manière individuelle que collective.

Grenoble-Brive: 12-12. Jérémy FADAT

Peu de monde a parlé de son cas mais pourtant, il a été, bien malgré lui, l'un des hommes de ce match. Non, ce n'est pas Courrent ou Germain, chacun auteurs des tous les points de leur équipe. Ni Thomas Sanchou, le demi de mêlée du CABCL expulsé dès la 14e minute. Lui, c'est Thomas Laranjeira. Le jeune Briviste, remplaçant lors des trois précédentes journées, s'était vu offert une chance de briller samedi. Titularisé en position de premier centre, comme à Montpellier ou à Toulon (il avait été performant à chaque fois), il avait profité du turnover opéré par le staff corrézien et avait l'occasion de démontrer qu'il était plus qu'un deuxième choix. Mais parfois, il faut savoir se sacrifier pour la patrie... C'est en effet lui qui a été contraint de dépanner en numéro neuf dès le quart d'heure de jeu. Poste inhabituel auquel il s'est adapté et a parfaitement rendu service. A la pause, après discussions, ses entraîneurs ont toutefois choisi de procéder à une réorganisation derrière en faisant entrer un vrai demi de mêlée de métier pour mettre de l'ordre, à savoir Damien Neveu. Laranjeira en a fait les frais et n'est pas revenu sur la pelouse en deuxième période. Cruel bien sûr pour le garçon mais après le match, Nicolas Godignon n'a pas manqué de lui rendre hommage. Car l'intéressé a laissé ses états d'âme de côté. Le sens du sacrifice. Et on parierait qu'il aura d'autres opportunités de se mettre en évidence. 

Clermont-Bordeaux-Bègles: 40-11. Léo FAURE

Napolioni Nalaga est fascinant. Frustrant, aussi. Quand il reste scotché à sa ligne de touche plutôt que de s’intéresser aux actions collectives de son équipe, qu’il remonte des ballons "tout droit" depuis le fond du terrain sans même se soucier de ce qu’il se passe autour de lui ou qu’il se jette en défense, le Fidjien vous irrite un stade en une fraction de seconde. L’esthétique et l’efficacité sont deux choses bien différentes. Pas forcément antagonistes. Simplement indépendantes. Face à Bordeaux-Bègles, Nalaga a été fidèle à lui-même: monocorde dans ses choix de jeu, mais terriblement efficace. Derrière deux regroupements, dans le rôle d’un troisième ligne où, proche des lignes, sa puissance est terrifiante, l’ailier Clermontois a relevé le ballon pour s’en aller seul enfoncer le rideau défensif bordelais et inscrire deux essais. Alors mal en point, les Clermontois retrouvaient de l’élan avant de s’imposer largement. Et Nalaga y est forcément un peu pour quelque chose.

Bayonne-Biarritz: 27-19 Nicolas AUGOT

Un derby, c'est comme une finale, ça se gagne. Les acteurs basques de cet affrontement fratricide l'avaient répété toute la semaine. La crainte d'assister à un nouveau "Pathético" comme lors de leur dernier affrontement à Jean-Dauger était réelle. Une crainte renforcée par la situation difficile des deux clubs au classement. N'en déplaise aux aigris, ce derby basque aura offert un minimum de spectacle mais surtout une dramaturgie exceptionnelle. Un carton rouge, un essai refusé à Biarritz, un autre accordé à Bayonne, des accrochages, des regards noirs, quatorze Biarrots prêts à se battre jusqu'au bout, quinze Bayonnais perdus dans une mauvaise stratégie mais guidé par un Joe Rokoçoko déterminant. Le BOPB méritait certainement mieux. Un point au minimum, beaucoup plus avec de la réussite. Mais l'Aviron est sorti vainqueur et reste sur une série de quatre matchs sans défaite face à son voisin.

Perpignan-Toulouse: 20-16. Vincent BISSONNET

L'Usap a-t-elle du coeur ? Oui, au regard de l'épatante combativité affichée face à Toulouse pour arracher la victoire, samedi soir. L'Usap possède-t-elle des joueurs de talent ? Incontestablement au vu des faits d'armes de l'exemplaire James Hook, de l'insaisissable Sofiane Guitoune ou du référent Guilhem Guirado. Le collectif sang et or maîtrise t-il son rugby ? Ses envolées, ses combinaisons et son mouvement général témoignent d'un projet de jeu ambitieux et maîtrisé dans ses grandes lignes. Pourtant, l'Usap, aujourd'hui, se retrouve à la croisée des chemins et des ambitions: "Avant de parler de quoi que ce soir, parlons de maintien, expliquait Marc Delpoux au coup de sifflet final. Aujourd'hui, il y a huit ou dix équipes qui doivent se consacrer au maintien." Si la prudence du manager catalan se comprend au regard de la difficulté du championnat, l'Usap se doit, de par la qualité de son effecfif et son potentiel rugbystique, de gagner en constance et en consistance pour accéder à la première partie du classement. Dès samedi, à Biarritz, sous peine de devoir regarder dans le rétroviseur pendant un bon bout de temps...

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