Boudjellal: "Mission accomplie!"

  • Mourad Boudjellal avec le bouclier de Brennus
    Mourad Boudjellal avec le bouclier de Brennus
  • Joie Toulon paillettes - Toulon-Castres - 31 mai 2014
    Joie Toulon paillettes - Toulon-Castres - 31 mai 2014
Publié le Mis à jour
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Le président du RC Toulon, Mourad Boudjellal, s’est évidemment présenté devant la presse à l’issue de la victoire en finale du Top 14, offrant à son club un doublé historique ! L’occasion, pour lui, de revenir sur la construction de la formation varoise depuis son arrivée, de répondre à certaines critiques, ou même de défendre François Hollande, à qui il a fait une bise, comme il l’avait parié.

Ca y est, vous le tenez ce doublé...

Mourad BOUDJELLAL: Oui, mais le Top 14 l’emporte quand même vachement sur la H Cup, même si elle est très dure à gagner. Le Top 14, c’est dans les gènes, dans le sang… Et c’est stupide d’ailleurs, parce que c’est plus compliqué d’être champion d’Europe. Mais par moments, j’avais un peu l’impression que c’était comme à la pétanque, où c’est parfois plus dur d’être champion de France que champion du monde. Donc oui, je suis content ! Pour ma ville. Je suis venu dans ce club pour le faire remonter en Top 14. Alors que nous jouions le maintien, je me souviens d’un soir à Dax où il nous fallait gagner pour ne pas descendre. Et ce jour-là – il y a des soirées magiques comme ça -, je reçois un 25e mail de l’agent de Johnny Wilkinson. J’ouvre la pièce jointe et je vois que le contrat est signé. C’était magique ! Nous allions jouer et j’étais le seul à le savoir… J’avais dit que j’étais venu pour changer le destin de ce club parce que, en signant Johnny, j’ai eu l’ambition de devenir champion de France. Dans ma tête, j’avais l’image du super-héros ! Celui qui peut changer une équipe, comme il l’avait fait avec l’Angleterrre. Et puis tout s’est construit autour de lui. Il a amené l’envie de la victoire, des joueurs qui voulaient être à ses côtés… Et il va rester avec nous. Moi, j’ai fait ce que j’avais dit: j’ai changé de ce club qui, de Pro D2, est passé à un titre de Top 14 et de Coupe d’Europe la même année. J’ai presque envie de dire "mission accomplie" !

C’est à ces années de construction auxquelles vous pensez d’abord ce samedi soir ?

M.B.: Oui, bien sûr ! Parce que ça a été dur. Moi je reviens de l’enfer ! Le soir où l’on a perdu contre Grenoble, j’étais ruiné. Si les gens savaient la différence entre moi et les mécènes qu’il y a dans le rugby… Ce sont vraiment des crétins qui ne comprennent rien, qui croient que je peux lâcher 10, 15 ou 20 millions. Alors que certains mécènes représentent des fortunes en milliards. Moi, je vendais des bandes dessinées. Le soir où on a perdu contre Grenoble, je suis venu à six heures du matin, j’ai changé le budget de la saison, parce que je me suis dit que j’allais jouer le maintien, et celui de la prochaine parce que je me suis dit que je ne jouerais pas la Coupe d’Europe. Et quand j’ai vu ce que ça faisait en bas, je me suis dit "je suis ruiné, je vais vendre tout ce que j’ai". Je l’aurais fait pour sauver le club. Ce sont les risques que je prends. Voilà, c’est passé, mais ça aurait pu ne pas passer.

Moi je n’ai profité de rien ! J’ai plus regardé le chrono que le match

Ce titre est-il, pour vous, une réponse à ceux qui vous critiquent ?

M.B.: Non, moi je ne suis pas dans la revanche. Je garde mes peines et je partage mes joies. J’ai même envie de dire à nous ceux qui ne nous aiment pas, de ne pas être énervés parce que nous ne sommes pas des sales types. Le RCT, c’est beaucoup de boulot. Alors peut-être que des fois il y a des sorties qui sont… (il s’interrompt) Mais il faut bouger les choses aussi. Moi je suis champion de France et d’Europe, est-ce que vous trouvez normal que depuis 4 jours je dorme dans un Novotel, que je paye alors que tous les gens qui sont autour de moi dorment dans des hôtels étoilés qu’ils ne payent pas ? Voilà, on est forcément énervé. Ce sont ce genre de choses qui m’énervent. Si c’est ça les valeurs du rugby…

Mais ont-ils profité des dernières minutes du match comme vous ?

M.B.: Moi je n’ai profité de rien ! J’ai plus regardé le chrono que le match. Ce sont des moments particuliers. Tu as vraiment l’impression de rêver. Je suis vachement content parce que j’ai rencontré le président de la République que j’avais eu au téléphone. J’en avais une mauvaise image, et c’est vraiment un mec sympa. C’est con ce qu’il lui arrive parce que c’est vraiment un bon mec qui a envie de réussir et j’espère qu’il le fera. C’est dommage que tout le monde lui tape dessus parce qu’il est à la mauvaise place au moment où les gens ont envie de "chier" sur les politiques.

Vous aviez parié de lui faire une bise en cas de victoire…

M.B.: Je l’ai fait ! Pas sur la bouche, mais je l’ai fait. Quand je fais un pari, je le tiens toujours.

Le partage de votre joie est-il aussi passé par ce tour du Bouclier que vous avez fait toucher à votre public ?

M.B.: Oui, parce que tous les supporters nous ont aidé à le gagner. L’économie de Toulon, ce sont eux et les partenaires qui l’ont amenée. Ce n’est pas moi. C’est cet engouement ! J’ai vu des gens qui n’étaient plus tout jeunes et qui étaient pris par l’émotion. Et maintenant, il reste à vivre demain !

Combien de temps allez-vous dormir ?

M.B.: Je ne vais pas dormir. Mais je vais partir trois ou quatre jours. Là, il faut que je m’en aille. Moi, je suis un mec normal. J’ai envie de faire mes courses, de vivre normalement. Quand on passe la frontière, on est vite anonyme. Donc je vais partir dimanche ou lundi.

Joie Toulon paillettes - Toulon-Castres - 31 mai 2014
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