Rougerie: "Si c'était au mérite, je crois qu'on en aurait un paquet de titres"

Par Rugbyrama
  • Aurélien Rougerie, capitaine de Clermont
    Aurélien Rougerie, capitaine de Clermont
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Du dernier match couperet entre Clermont et Castres, l'an dernier en demi-finale à Nantes, on se souvient des larmes du capitaine Clermontois. Rougerie sera à nouveau sur le terrain ce samedi, pour tenter d'emmener son équipe vers une nouvelle demi-finale. Mais avec beaucoup de lucidité sur le niveau actuel de Clermont, le capitaine est conscient que la tâche sera ardue...

Dans quel état d'esprit préparez-vous ce match de barrage face au champion de France ?

Aurélien ROUGERIE: On essaie malgré tout de garder notre bonne humeur, ce dernier match de la phase régulière nous a permis de nous remettre un peu dans le droit chemin. Même si tout n'a pas été parfait, la victoire était là et c'était important pour tous. On s'est dit que la saison n'était pas terminée, et qu'il fallait continuer à cravacher et ne pas lâcher. Un peu d'abnégation, ça ne fait jamais de mal. On n'a pas eu le temps de travailler sur tout ce qui n'allait pas, alors on va simplement essayer de faire des choses efficaces. Notre jeu est moins rodé, moins léché que celui de nos adversaires aujourd'hui. La semaine dernière on a perdu quelques ballons en touche, nos lancements de jeu ont été pauvres et un peu lents, et on a besoin de travailler tout ça. En une semaine ce n'est pas facile, mais on aurait dû s'en apercevoir plus tôt je crois...

L'an dernier à cette période de l'année vous étiez en phase ascendante, cela semble être un peu moins le cas cette année...

A.R: (Il coupe) C'est beaucoup moins le cas. On me parle des 77 victoires au Michelin, moi je vous parle d'un jeu beaucoup moins léché que celui de Castres, et c'est pour ça que je m'attends à un match âpre, difficile. Il faudra une vigilance de tous les instants pour essayer de pallier à ce manque de cohésion.

Les équipes qui vous proposent des rush défense ou des défenses inversées vous mettent en difficulté...

A.R: Ça pose des problèmes à partir du moment où on ne veut pas s'adapter. Si on s'entête bêtement dans la stratégie qu'on a mise en place avant le match et qu'on se retrouve face à des défenses comme ça, on ne trouve pas de solutions et on s'embête tout le match.

Je prends comme un compliment d'être comparé au champion de France..

Comme Castres cette saison, vous avez très peu gagné à l'extérieur. Les deux équipes se ressemblent ?

A.R: On n'a pas eu à chaque fois le bon rebond, peut-être la tête assez forte pour pouvoir gagner à l'extérieur donc on se ressemble un peu. En tout cas je prends comme un compliment d'être comparé au champion de France. Nous on est encore loin de tout ça... C'est une équipe forte sur les bases, avec des avants mobiles, une touche accomplie, une mêlée solide et des trois-quarts plein d'opportunisme, donc pour nous ça va être évidemment un match difficile.

Quels souvenirs gardez-vous de la demi-finale perdue face à eux l'an dernier ? On vous avait vu très marqué après votre sortie sur blessure...

A.R: Oui, parce que j'ai toujours pas mal de soucis physiques, en termes d'opérations je crois que j'ai déjà largement œuvré pour la science et le corps médical... Donc j'étais touché parce que repartir sur l'opération lourde qu'on me promettait ça ne me bottait pas trop et ça allait certainement précipiter ma fin de carrière. Heureusement ça n'a pas été le cas, on a bossé avec les préparateurs physiques et le staff médical et pour l'instant ça tient, et j'espère que ça va durer...

Quand vous n'êtes pas dans l'équipe, on le ressent...

A.R: Oh non, les indispensables il n'y en a qu'au cimetière, il faut simplement repartir sur de bonnes bases et retrouver le plaisir et l'enthousiasme de jouer au rugby, et de vivre de notre passion. C'est là l'essentiel. Le discours de capitaine n'est pas facile, après presque onze mois de saison. Répéter pratiquement la même chose tous les week-ends, que c'est un sport de combat, qu'il faut avoir de l'agressivité... Tu cherches des synonymes, des subterfuges, tout ce qu'on veut, mais pour un capitaine ce n'est pas évident. Pour les joueurs non plus, de retrouver cette agressivité tous les week-ends. Au bout d'un moment ça pèse et le niveau baisse un peu. Là on est sur les phases finales, et j'espère que l'enthousiasme et l'excitation des supporters va nous permettre de retrouver un petit grain de folie.

L'objectif est droit devant, mais il va falloir traverser la rivière

Avez-vous vu la banderole "76 victoires, à quoi bon ?" au Michelin lors du match face à Perpignan ?

A.R: Non je n'avais pas vu, mais ce n'est pas forcément faux. Il n'y pas de titres au nombre de victoires, c'est juste une statistique, et on ne gravera pas dans la pierre "Michelin: 77 victoires". On a besoin de gagner des titres. On a vu les gens déçus, puis les espoirs se sont immédiatement reportés sur le championnat. A Londres, dès le soir, des gens me disaient 'tout pour le Bouclier'. On sent cette émulation, et passée la déception on veut maintenant bien figurer en championnat. C'est pour ça qu'on bataille toute l'année, pour être encore là en cette fin de saison. Il ne faut pas oublier non plus que des équipes sont déjà en vacances...

Ce sera le dernier match de Vern Cotter au stade Michelin. Vous êtes vous dit entre vous que vous alliez lui offrir une victoire ?

A.R: Ce sera le dernier de Vern et d'autres, Regan (King), Nathan (Hines), Benoît (Cabello), Elvis (Vermeulen) évidemment, à ces joueurs qui ne sont pas tous dans le groupe mais qui ont beaucoup apporté ces dernières années. On a un petit pincement pour ces joueurs là. On va évidemment tout donner, non seulement pour eux, mais aussi pour tous nos supporters, nos proches et le groupe.

Ce groupe mériterait-il de finir sur un titre ?

A.R: Si c'était au mérite, je crois qu'on en aurait un paquet... Malheureusement ce n'est pas comme ça que ça se passe. Mais pour moi oui, après tout ce qu'on a vécu, ce groupe mériterait d'avoir un titre. Mais il va falloir aller le chercher. L'objectif est droit devant, mais il va falloir traverser la rivière. Les six équipes qui restent se tiennent dans un mouchoir de poche, tout le monde est en place, mais maintenant ce sont les phases finales, et comme on dit: 0-0, balle au centre, et on va voir ce qui va se passer...

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