Le tour de Midi Olympique

  • Joie Marvin O'Connor - Bayonne Toulouse - 29 décembre 2013.
    Joie Marvin O'Connor - Bayonne Toulouse - 29 décembre 2013.
Publié le Mis à jour
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Comme chaque semaine, les envoyés spéciaux de Midi Olympique décryptent, à travers une anecdote, un joueur ou une image insolite, les moments forts de la quinzième journée de Top 14. Là, ils reviennent sur la buvette de Bayonne-Toulouse, la première de Ioane, les publics d'Oyonnax et du Racing.

Bayonne-Toulouse: 21-13. Bruno FABIOUX

Si l'on doit retenir une leçon du Bayonne-Toulouse du dimanche 29 décembre 2013, au-delà de la prestation toujours impeccable de l'inimitable et inégalable Pottoka, c'est bien la qualité de sa buvette. Car si le match aura ravi les supporters de l'Aviron, c'est non pour la qualité intrinsèque du jeu produit par les uns et les autres, mais uniquement pour le résultat final, propre à raviver la flamme des plus pessimistes. L'observateur lambda, lui, davantage navré de la cote d'alerte atteinte par le rugby basque et de la sécheresse de celui actuellement produit par le Stade toulousain, aura préféré noyer son ennui au comptoir. Sans passer par la case jetons. Car à Bayonne, on paie en espèces sonnantes et trébuchantes, que ce soit pour raquer le sandwich-cochonaille, le demi de bière ou le verre de "pif". Rugby sur l'ongle, comme l'envie vous vient. D'autant qu'à Jean-Dauger, le rouquin est fort présentable et la ventrèche croustillante juste comme il faut. Et qu'on peut y noyer son dépit ou fêter son contentement sans faire un crochet, puis la queue, au guichet ou au distributeur, aujourd'hui monnaie courante sur les stades de l'Hexagone. Autant d'étapes et d'attentes propres à vous couper l'envie du gorgeon. Futile tout ça. Pas sûr...

Stade français-Perpignan: 19-12. Léo HUISMAN

"Bienvenue en Top 14". C'est par ces mots que tout le vestiaire parisien, Gonzalo Quesada en premier lieu, a gentiment chambré Digby Ioane pour sa première sous le maillot du Stade français. Attendu depuis le début de saison, retardé par de légères blessures qui ont ajournées ses premiers pas, l'ailier australien, recrue phare des Soldats Roses avec l'ouvreur Morne Steyn, a enfin montré ses tatouages saillants et sa coupe de cheveux gélifiée sur la pelouse de Jean-Bouin, dimanche face à l'Usap. Pour les courses folles, les appuis de feu et les célébrations d'essai spectaculaires, on repassera. Le pauvre Digby n'a touché qu'un ballon ou deux durant toute la partie, prenant systématiquement un ou deux défenseurs catalans dans le même temps. Muselé et médusé aussi sûrement un peu de voir l'âpreté d'un match de Top 14. Et s'il n'en était toujours pas convaincu après une heure de jeu, Pascal Papé, au cours d'une échauffourée, lui a rappelé que sa réputation de joueur rugueux n'était pas usurpée. Rassures toi Digby, c'est pas toujours comme ça. Et puis malgré tout, bienvenue en Top 14.

Racing-Toulon: 14-3. Léo HUISMAN

Ce n'était pas une première. Colombes depuis le retour du Racing en Top14 en 2009, a déjà fait le plein. Mais rarement l'ambiance du vieux stade Yves-du-Manoir aura été aussi agréable que celle de dimanche soir en clôture du Boxing Day où le Racing Metro de Travers et Labit a signé son plus beau succès cette saison en disposant de Toulon 14 à 3. Quoi que cela lui en ait couté, Jacky Lorenzetti a finalement eu raison de suivre son staff administratif en déprogramment le Stade de France pour la rencontre et en la rapatriant à Colombes. Unanimement, joueurs et entraîneurs, après la rencontre, s'en sont félicités, remerciant chaleureusement le public francilien d'avoir pousser derrière eux pour vaincre les Varois. On ne peut leur donner tort. Jamais, nous n'avions entendu une telle bronca à la vue des images de Bakkies Botha essuyant son coude sur le visage d'Eddy Ben Arous pour venger Claassens victime d'un plaquage sans ballon. Pas de fatras, juste des voix. Le Racing espère avoir enfin lancé sa saison avec son succès contre le champion d'Europe. Son public, bien réel, aussi.

Bordeaux-Bègles-Brive: 27-23. Gérard PIFFETEAU

Depuis le match aller en Corrèze en août dernier, les Girondins savaient que pour espérer s’imposer face aux Brivistes, la lutte au corps à corps était un passage obligé. Le mercredi précédant la rencontre, au retour de la trêve de trois jours, le staff n’avait pas senti son collectif suffisamment mobilisé sur ce thème. C’est ainsi que le lendemain, une séance copieuse de combat au sol fut ajoutée au programme. Prévenus, les Bordelo-Bèglais n’ont pas pour autant réussi leur entame, au contraire de Brivistes féroces dans la lutte au sol et franchissant deux fois le rideau de l’Union sur du jeu simple mais efficace. Menée de dix points l’UBB était mal "embarquée"mais portée par plus de 28 000 poitrines (!) dans une ambiance incandescente, elle est parvenue à remettre sa pendule à l’heure. En vérité, ce sont ses talents qui ont parlé quand Henie Adams a pu enfin mettre la main sur l’accélérateur grâce au labeur d’un pack qui peut désormais faire diversion lorsque les vents sont contraires. Et c’est le jeune arrière Darly Domvo qui a dynamité la défense corrézienne d’une relance culottée et folle relayée par "le tueur"Mat Talebula. Domvo, Connor, Talebula, le triangle offensif girondin prouve au fil des matchs qu’il est l’un des plus redoutables du circuit. Finalement, en dépit des difficultés rencontrées par son équipe, le public a eu droit à ses trois essais puisque c’est la moyenne sur son terrain. La petite frayeur évacuée, c’est l’encadrement technique Ibanez, Etcheto, Sonnes qui a pu ensuite se lâcher en interprétant quelques tubes - notamment un remarquable I love you baby - au sein de l’orchestre "Les chemises froissées" que manage... Régis Sonnes. Et pour cause, ce groupe de qualité est composé de quatre champions de France 2005 de 2e série sous le maillot de Campet Lamolère, la chanteuse Céline est la sœur de Régis et le jeune fils de Raph Ibanez est au saxo. On vous l’assure, l’après match n’a pas été triste.

Montpellier-Biarritz: 48-22. Julien LOUIS

Une troisième ligne de feu ! Alex Tulou et Mamuka Gorgodze ont livré une prestation trois étoiles contre Biarritz. Vingt points marqués à eux deux grâce à des doublés et une omniprésence dans le jeu. Le Géorgien, auteur de l’essai du bonus pour le MHR s’est encore imposé comme le leader affiché du huit de devant. Par le discours dès l’échauffement et son activité durant la rencontre. "Depuis qu’il a annoncé son départ (pour Toulon), Mamuka a toujours été exemplaire", livrait récemment Mario Ledesma dans les colonnes de Midi Olympique. Impérial en défense face aux Basques et précieux dans le jeu au près où sa puissance fit des dégâts, Gorgodze s’impose comme l’Héraultais en forme du moment. Etincelant dimanche, Tulou a confirmé contre le BOPB les promesses entrevues face à Leicester. Le Néo-Zélandais est de retour à son meilleur niveau. Impact player de référence, brillant dans ses relances du fond du terrain, il s’est constamment inscrit dans l’avancée. Les deux héros de la soirée étaient épaulés par un Kélian Galletier des grands soirs. Incontournable par sa capacité de déplacement, avec et surtout sans ballon, premier sur les rucks et toujours présent au soutien, il permit d’assurer la continuité du jeu de Montpellier.

Clermont-Oyonnax: 33-19. Léo FAURE

A juste titre, la Yellow Army qui accompagne en masse les déplacements clermontois est souvent mise en avant. Dévouées, passionnées et particulièrement organisées, les phalanges de supporters auvergnats n’ont que peu d’équivalent en Europe si ce n’est leur grande sœur, l’impressionnante Red Army du Munster. Le temps de ces quelques lignes, les supporters de l’USO méritent bien hommage, eux aussi. Depuis l’Ain, ils étaient près de 300 à avoir fait le déplacement et étaient aperçus dès la veille au soir, dans les rues et bars de la capitale auvergnate. Surtout, deux heures durant dans l’enceinte superbe de Marcel-Michelin, les Rouge et Noir inventeurs du "Ici, ici, c’est..." copié depuis par tous les publics de France – clermontois compris – n’ont eu de cesse de donner de la voix pour porter les leurs, auteurs d’une belle performance dimanche soir. S’il ne s’élève peut-être pas encore au rang "d’armée", le public haut-bugiste à tout d’un grand. A l’image de son équipe.

Grenoble-Castres: 20-16. Vincent BISSONNET

Dimanche, les champions de France castrais, auteurs d'une prestation marquée du sceau de l'intelligence et de la patience soixante-quinze minutes durant, auraient tout autant mérité de l'emporter en Isère. Mais au final, les Grenoblois, sur une action venue de nulle part à cinq minutes du coup de sifflet final, ont renversé le cours de l'histoire en leur faveur. Au-delà du déroulement de cette opposition, de ses faits de jeu et de ses coups du sort, un sentiment général ressort de cette rencontre de gala: le Top 14 a de la chance de posséder Grenoble dans ses rangs. Le glorieux passé du club, la bravoure et l'audace de l'équipe emmenée par Fabrice Landreau comme l'enthousiasme et la ferveur de son public de connaisseurs - plus de 18 000 spectateurs avaient bravé le froid pour se rendre au Stade des Alpes - sont autant d'atouts à même de permettre au FCG de redevenir une place forte du rugby français. Sa vraie place.

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