XV de France-Top 14: Le pavé lancé par Boudjellal

Par Rugbyrama
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  • Mathieu Bastareaud - xv de france italie - 3 février 2013
    Mathieu Bastareaud - xv de france italie - 3 février 2013
  • Boudjellal - Toulon - 3 aout 2012
    Boudjellal - Toulon - 3 aout 2012
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Excédé durant cette période internationale, le président de Toulon, Mourad Boudjellal s’en est pris à la FFR et notamment à son fonctionnement. Cela décoiffe…

Mourad Boudjellal, le président de Toulon, a lancé de vives critiques après le revers concédé par le XV de France face à l’Italie (23-18 à Rome, NDLR) en ouverture du Tournoi 2013. "Avant le match, le staff du XV de France nous a expliqué que les Italiens, c'étaient les All Blacks. Ils ont essayé de valoriser une victoire qu'ils pensaient acquise. Mais les Français ont eu beaucoup plus d'appréhension que d'appétit", lance-t-il dans un entretien accordé au site lemonde.fr.

Mais pour lui, les cibles sont toute trouvées: la FFR et le préjudice envers les clubs durant l’absence des internationaux. Et ses attaques sont pour le moins virulentes. "On est arrivé au bout du système. A Toulon, j'ai quatre joueurs chez les Bleus, un au pays de Galles et deux en Géorgie. J'ai donc 50% de mon effectif titulaire qui me fait défaut. Le rugby est professionnel et un international coûte très cher à son club: entre 700.000 et 800.000 euros de salaire brut annuel. Il faut rajouter la prise en charge de son environnement, des coéquipiers pas trop mauvais car si on le fait jouer avec des trompettes, il va s'emmerder... Et la Fédération française de rugby décide, unilatéralement, de suspendre le contrat de travail du joueur qui le lie au club pour le sélectionner en équipe nationale !"

"On n'est plus dans un système associatif"

Si une compensation financière est accordée à tout international sélectionné, l’homme fort du RCT la juge ridicule. "500 euros par jour et par joueur. C'est totalement ridicule. Vous croyez qu'avec 500 euros par jour je vais pouvoir remplacer mon international par un joueur sensiblement du même niveau ? Et la FFR veut qu'on paye les joueurs mais qu'ils restent à leur disposition. Economiquement, c'est impensable ! Un club de Top 14, c'est une entreprise. Il y a des emplois en jeu. Il faut que la FFR en tienne compte. On n'est plus dans un système associatif ! Si la FFR s'acquitte de 100 % de la rémunération du joueur quand celui-ci est mis à disposition du XV de France, j'admets qu'elle puisse participer à la gestion du calendrier du joueur. Mais là, on paye un salarié et on ne peut pas l'avoir. C'est aberrant".

Quid alors d’une indemnisation plus conséquente ? Boudjellal approuve. "En Angleterre, la fédération dédommage les clubs à hauteur de 200.000 euros par international et par an. Si, demain, les clubs sont indemnisés à leur juste valeur, on pourra remplacer nos internationaux lors de leurs absences et leur aménager un emploi du temps idéal. Il faut que l'on discute". Avant d’émettre une réserve. "La renégociation de la convention qui lie la Ligue [dont dépendent les clubs] et la FFR [qui gère l'équipe de France] est en cours. Mais je suis pessimiste. Ce qui serait bien déjà, c'est que la fédération arrête de dire que si les Bleus perdent, c'est à cause du Top 14".

Mathieu Bastareaud - xv de france italie - 3 février 2013
Mathieu Bastareaud - xv de france italie - 3 février 2013

S'il appelle de ses voeux un accord avec la FFR, Boudjellal semble douter qu'il puisse être possible. "Je ne m'entends pas trop mal avec Pierre Camou (le président de la FFR). Mais je vais vous raconter une anecdote. Pour le France-Galles de samedi, je n'ai reçu aucune place alors que j'aurai quand même cinq joueurs, payés par moi, sur la pelouse. Lors de France-Afrique du Sud, en novembre, je n'avais pas reçu d'invitation non plus. J'ai acheté mon ticket. […] Quand j'ai levé les yeux vers la tribune officielle, j'ai aperçu des inconnus invités par la FFR. J'en ai parlé à Pierre Camou: ‘Comment est-il possible que vous entreteniez des gens dont on ne sait pas d'où ils sortent et que vous ne donniez aucune place aux clubs ?’ Je lui ai suggéré de donner d'office deux places aux dirigeants de club pour chaque match international. Il m'a répondu: ’Mais deux, c'est trop !’"

"La FFR doit réduire son train de vie"

A l’image de ce qui se fait dans les autres pays majeurs de la planète rugby, la fédération pourrait elle-même prendre les joueurs sous contrat. Là aussi Boudjellal exprime son doute. "L'obstacle est culturel. La France du rugby est très attachée au Top 14 qui est le plus beau championnat du monde. Est-ce qu'il faut le tuer pour avantager l'équipe de France? Je ne sais pas". Le président varois évoque notamment la situation financière de la FFR. "Elle doit repenser son budget. Elle doit réduire son train de vie. Et dégager des priorités". Boudjellal pointe du doigt le projet du Grand Stade. "Je pense plutôt qu'il coûtera 1 milliard. Car il faut prévoir au moins 30% de dépassement. Qui va prêter l'argent ? La Grèce ? Ça me paraît culotté. Si les responsables du foot ne l'ont pas fait, vu le pognon qu'ils génèrent, c'est qu'il y a sûrement une raison..."

Pour stopper l’hémorragie, Mourad Boudjellal pense avoir une solution comme il l’annonce sur le site lemonde.fr. "Je suis plutôt favorable à un Top 12, pour libérer des dates pour l'organisation d'un championnat du monde des clubs, par exemple. Et voir un match entre le Stade toulousain, vainqueur de la Coupe d'Europe, et les Waikato Chiefs, vainqueur du Super 15, plutôt qu'une affiche Toulouse-Trévise. Ou alors, on peut imaginer une formule où les quatre demi-finalistes de chaque compétition disputent un tournoi. Ce serait exceptionnel ! Le monde du rugby se demande depuis des années quel est le club le plus fort entre l'hémisphère nord et l'hémisphère sud. Et personne ne le sait ! C'est quand même un comble". Une bonne nouvelle, quand même, pour l'unité du rugby français après ce déballage : Mourad Boudjellal n'a pas l'intention de saisir les tribunaux pour faire valoir ses droits dans la mise à disposition des joueurs : "C'est un Etat dans l'Etat. Ils (la FFR) font ce qu'ils veulent..."

Boudjellal - Toulon - 3 aout 2012
Boudjellal - Toulon - 3 aout 2012
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