Le Tour de Midi Olympique

Par Rugbyrama
  • Bancroft - Toulouse Grenoble - 4 avril 2013
    Bancroft - Toulouse Grenoble - 4 avril 2013
Publié le Mis à jour
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Comme chaque semaine, les envoyés spéciaux de Midi Olympique décryptent, à travers une anecdote, un joueur ou une image insolite, les moments forts de la 26e et dernière journée de Top 14. Là, ils reviennent sur la sérieuse blessure de Bancroft, les dernières de Castex, August ou Galindo, la combativité des Montois et la première place de Clermont.

Toulouse-Grenoble: 57-7. Nicolas ZANARDI

C'est moche de voir un joueur quitter un terrain sur blessure. Encore plus moche lorsque son évacuation s'effectue sur civière. Et pire encore lorsque se dispute la dernière journée de la saison... Car si Jauzion, Poux, Burgess et Botha ont eu droit à leurs légitimes adieux devant leur public, Aaron Bancroft n'a pas eu cette chance. Entré en jeu à la pause à la place de Butonidualevu, le centre néo-zélandais de Grenoble se faisait une joie de terminer sur le terrain, avant de partir se relancer à Carcassonne, une saison plombée par les blessures. Victime d'une rupture du tendon du grand pectoral dès le premier match amical contre le Racing-Metro qui l'avait tenu éloigné de longs mois des terrain, Bancroft s'était fracturé deux côtes à son retour avec les Espoirs, obtenant au final un temps de jeu famélique: trois titularisations pour six matchs joués. Laquelle s'est conclue de la plus tragique des façons: sur un plaquage sacrificiel en bout de ligne, Bancroft a tout laissé: rate éclatée, plaie au rein, deux côtes fracturées et pneumothorax. Transféré d'urgence à l'hôpital de Toulouse, gardé en observation depuis, Bancroft devrait être rapatrié à Grenoble en fin de semaine. Certains joueurs ayant eu droit à des adieux en grande pompe, il nous paraissait légitime d'adresser au Néo-Zélandais blessé dans l'anonymat le plus général nos plus prompts vœux de rétablissement. Et lui souhaiter de faire au plus vite le bonheur de l'USC de Christian Labit...

Biarritz-Stade français: 52-17. Grégory LETORT

Ainsi s'en vont les légendes. L'un, Benoît August, international, référence du poste de talonneur, vainqueur de quatre Brennus de rang entre 2003 et 2006, a tiré sa révérence sans pouvoir porter le maillot d'un club qu'il a contribué à hisser vers les sommets. Il avait annoncé sa sortie et contre Paris pour l'ultime round du championnat, il a du rester en chemise: suspendu jeudi après midi par l'ERC par un rucking loin pourtant d'être le plus dangereux de la saison. Il est quand même parti acclamé, porté en triomphe par deux autres emblématiques - Imanol Harinordoquy et Damien Traille. "Milesker Benoît", clamait la tribune Kampf. L'autre est parti encore plus discrètement: Félipe Contepomi disputait lui son dernier match en Europe. L'ouvreur argentin, non qualifié pour le Challenge européen, est entré seul sur la pelouse. Il est sorti en anonyme, blessé avant la mi-temps. C'était sa dernière apparition sur le vieux continent. Deux légendes ont quitté le Top 14 au terme d'un match plaisant mais dénué d'enjeu. Ils n'auront pas eu la sortie qu'ils méritaient. Mais ce n'est pas ce qu'il faut retenir: souvenez-vous seulement de tout ce qu'ils ont réussi. Contepomi soufflait: "Ce dernier match, c'est la conséquence de tout le reste. Ce n'est rien". Leur marque, restera, elle. Indélébile.

Montpellier-Perpignan: 50-22. Jérémy FADAT

A coup sûr, il méritait une autre sortie. Samedi, à Montpellier, on célébrait les dernières sous le maillot héraultais de Drikus Hancke ou Julien Tomas. Côté catalan, les partants avaient eu droit à leurs honneurs la semaine précédente. Mais l'un d'eux, qui n'est pas conservé pour le prochain exercice, n'avait pas été aligné contre le Stade français. Après deux mois et demi d'absence et une blessure aux ischios, le pilier Jérémy Castex effectuait son retour samedi. Pour son ultime rendez-vous avec l'Usap. Malheureusement, il n'en gardera certainement pas un souvenir impérissable sur le plan sportif. Titularisé à droite de la mêlée pour combler le forfait de Nicolas Mas et soulager un Kisi Pulu convalescent, le joueur passé par Bourgoin, Castres, Dax, Narbonne et les Wasps a considérablement souffert face à Nariashvili. Les méfaits de la polyvalence pour un élément qui avait été recruté pour davantage jouer à gauche. Mais cette saison, en raison des hécatombes successives à son poste, il a aussi (et surtout) dû dépanner sur ce côté droit auquel il n'avait plus évolué depuis un certain temps. Et il l'a fait avec humilité, sans rechigner. Souvent dans l'anonymat mais parfois avec efficacité. A son actif, il demeurera celui qui portait le numéro trois lors de la démonstration catalane face à Toulouse à Barcelone. Sûrement l'apothéose pour lui d'un exercice durant lequel il a été particulièrement utile pour le staff. Samedi, dominé par son vis-à-vis, il a cédé sa place sur coaching avant la mi-temps. Et lui, qui ne sait pas encore où il jouera dans quelques semaines, méritait une autre sortie.

Racing-Castres: 29-28. Léo HUISMAN 

Ce n'est pas le joueur le plus clinquant. Pas celui qui qu'on placarde d'emblée en quatre par trois. Pour un peu, le flanker Alvaro Galindo, qui quittera ses partenaires en fin de saison pour, probablement, rentrer chez lui en Argentine et se consacrer à sa reconversion en tant que kiné, passerait inaperçu. Mais depuis quatre ans qu'il est au Racing, il est pourtant un homme de base chaque saison. En 2009-2010, il faisait parti d'une troisième ligne monstrueuse en compagnie de Jacques Cronjè et Johnny Leo'o dans laquelle Sébastien Chabal, ne rentrait qu'en tant qu'impact player. Cette saison, il est revenu des Four-Nations sur la pointe des pieds, avant de s'imposer aux yeux de son compatriote Gonzalo Quesada. Galindo n'est pas clinquant. Son jeu, c'est la défense. Il finit souvent meilleur plaqueur de son équipe. Toujours dans l'ombre. Un vrai "tucumano", loin des arabesques des esthètes de Buenos Aires. Un guerrier, comme en témoigne sa charge samedi pour aller défendre Eddy Ben Arous qui venait d'inscrire un essai, avant qu'une petite échauffourée n'éclate. Galindo s'en va. Sur la pointe des pieds. Le message que lui a adressé Antoine Battut sur les réseaux sociaux résume tout: "Un grand monsieur a dit au revoir à Colombes cet après-midi. Il est à jamais un modèle sur et en dehors du terrain. Suerte".

Mont-de-Marsan-Bayonne: 33-36. Jérôme FREDON 

Un petit tour et puis s'en va! Les Montois n'auront peut-être pas gagné beaucoup de matchs cette année. Mais personne ne pourra leur reprocher d'avoir baissé les bras. Malgré l'enchaînement des mauvais résultats et l'éviction de Marc Dantin en cours d'exercice, les Landais ont su trouver l'énergie et la motivation nécessaires pour se battre comme des lions jusqu'à la fin. Face à l'Aviron bayonnais, les Montois n'ont pas dérogé à la conduite qu'ils s'étaient fixés. Bien que battus d'une courte tête, ils ont quitté l'élite par la grande porte en offrant à leurs supporters un dernier baroud d'honneur de toute beauté. Cette bravoure à toute épreuve leur avait d'ailleurs valu l'hommage unanime du stade Mayol le 25 janvier dernier. Les supporters toulonnais s'étaient amourachés de cette bande d'irréductibles montois qui, forts d'avoir démembré la mêlée rouge et noire, avaient longtemps donné des sueurs froides aux stars du RCT. Entrés dans l'arène sous les lazzis du chauvin public varois, les partenaires de Julien Tastet en étaient ressortis une heure et demie plus tard sous les hourras de la foule. Un moment d'une intensité rare et savouré comme il se doit par tout le groupe montois! Ce jour-là, les Landais avaient définitivement gagné le respect du Top 14.

Clermont-Union Bordeaux-Bègles: 67-3. Léo FAURE

Que restera-t-il de la saison de Clermont? A l'instant présent, on pense à la première place arrachée en championnat sur la pelouse du Vélodrome, dans une rencontre au sommet face à Toulon. Les huit victoires en autant de rencontres, en H Cup, pèsent aussi très lourd dans la balance. Premiers partout, premiers sur tout, les Auvergnats réalisent un exercice 2012-2013 en tous points exceptionnel. Pourtant, les voilà face à la réalité: en trois matchs ils ont l'occasion d'inscrire leur nom dans l'histoire de leur sport. Ou de tout perdre. Vacheries des phases finales ou charme des grands-messes du rugby? Un brin philosophique, le débat entre culture et justice continuera longtemps d'alimenter les couloirs de la Ligue. Beau joueur, Bernard Laporte confirmait en tout cas son point de vue, ce samedi et malgré la perte par son équipe de la tête du classement, il y a deux semaines. "Celui qui est champion, c'est celui qui finit premier". Et Clermont serait à un match d'avoir tout gagné. Trop simple.

Toulon-Agen: 43-21.

Ce match ne revêtait quasiment aucun enjeu. Agen déjà condamné, Toulon presque assuré de terminer deuxième. Mais si les Lot-et-Garonnais sont parvenus à le rendre attractif à travers la grève organisée par les joueurs le jeudi matin pour montrer leur rébellion envers les dirigeants concernant le versement de primes promises et la menace de ne pas monter dans le bus pour disputer la rencontre, certains Varois en ont profité pour, de leur côté, se mettre en valeur. Alors que l'on entame la dernière ligne droite de la saison, cela n'a rien anodin. Les rendez-vous décisifs, entre finale de H Cup et demie de Top 14, se présentent et si le XV de départ toulonnais semble aujourd'hui en grande partie figé, il n'est pas inutile de prouver sa belle forme du moment. Surtout à des postes où la concurrence fait rage. C'est le cas à l'aile et l'international français Alexis Palisson a éclaboussé ce match de toute sa classe. Trois essais, une performance majuscule, des cannes de feu... Le joueur frisson du RCT est venu rappeler, à quelques jours de l'annonce du groupe des Bleus pour la tournée en Nouvelle-Zélande, qu'il en est un candidat plus que légitime. Et donc qu'il aborde les prochaines échéances dans une forme internationale.   

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