Le Tour de Midi Olympique

Par Rugbyrama
  • Chris MASOE  - Toulon Biarritz - 9 mars 2013
    Chris MASOE - Toulon Biarritz - 9 mars 2013
Publié le Mis à jour
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Comme chaque journée, les envoyés spéciaux de Midi Olympique décryptent les moments forts de la vingt-et-unième journée de Top 14. Là, ils reviennent la richesse de Toulon en troisième ligne, les bonnes performances de Seron et Rouet ou encore le retour de Djibril Camara.

Montpellier-Racing: 15-17. Jérôme PREVOT

Nous sommes tous des Quesada ! Ca ne doit pas être facile pour lui d'entraîner une équipe alors que ses successeurs sont désignés depuis longtemps. Visiblement, le technicien argentin a réussi à faire adhérer son groupe à ses idées et à son combat. Après un passage difficile, le voilà à huit victoires consécutives. Il ne peut pas ne pas ressentir la satisfaction de celui qui donne tort à ceux qui ne croient pas suffisamment en lui. Qu'il nous autorise seulement quelques secondes à nous identifier à lui....

Perpignan-Grenoble: 20-18. Jérémy FADAT

C'est tellement mieux ainsi. Deux semaines avant la réception de Grenoble, l'arrière du Stade français, Jérôme Porical, revenait pour la première fois à Aimé-Giral avec un maillot adverse. Enfant de l'Usap et grand artisan du Brennus tant attendu en 2009, qu'il a offert à ce club de son pied droit, il fut accueilli par les sifflets d'une partie du public. Nous disons bien ici "d'une partie" car il serait injuste d'associer chaque supporter catalan à cette réaction idiote mais surtout incompréhensible. Quelque soient les conditions dans lesquelles il avait quitté le club, il restait profondément attaché aux couleurs sang et or et ne méritait absolument pas cette offense. Un événement qui a même choqué au sein de la direction de l'Usap. Le président Daniel Besson a ainsi appelé lui-même le joueur pour s'excuser. Et samedi, il a pris les devants en s'adressant à son public avant la rencontre afin de lui réclamer "un accueil chaleureux" pour les anciens joueurs catalans que sont Nicolas Laharrague et Rudi Coetzee, aujourd'hui Grenoblois: "Certains joueurs adverses ont partagé la vie du club et mérite le respect d'Aimé-Giral. Je vous demande de leur donner un accueil digne de l'Usap. Il en va de l'image du club". Une intervention qui a recueilli les applaudissements du stade. Mais au-delà, un appel suivi à la lettre puisque les deux joueurs ont été acclamés. Notamment Nicolas Laharrague qui avait pourtant, à un moment, été pris en grippe par une frange des supporters par le passé. Alors hypocrisie ou pas, c'est tellement mieux ainsi...

Toulon-Biarritz: 50-15.

Et si on s'amusait au petit jeu des pronostics : quelle troisième ligne pour le RCT en phases finales de H Cup et de Top 14 ? Aujourd'hui, plus que jamais, la question mérite d'être posée. La victoire de samedi est venue le rappeler. Face à Biarritz, ce sont Pierrick Gunther, Steffon Armitage et Chris Masoe qui étaient alignés. Tous trois furent à créditer d'une grosse performance. Logique quand on voit le pedigree de chacun. Sauf qu'en coulisses, patiente Joe Van Niekerk, 52 sélections chez les Springboks et accessoirement capitaine de Toulon. Mais aussi Danie Rossouw, récemment débarqué sur la Rade avec ses 63 sélections chez les mêmes Boks. Sans oublier que Rocky Elsom, ancien capitaine des Wallabies avec qui il compte 75 sélections, a été recruté en tant que joker médical et pourrait être prochainement opérationnel. Sans oublier non plus que Juan Martin Fernandez Lobbe, capitaine des Pumas (52 sélections avec l'Argentine), opéré mi-février, devrait opérer son retour à la compétition en avril. Le quart de finale de Coupe d'Europe contre Leicester a lieu le 7 avril. Franchement, il y a de quoi effrayer...   

Stade français-Mont-de-Marsan: 42-14. Arnaud BEURDELEY

"J’ai mal partout, mais ça fait du bien, je n’avais pas ressenti ça depuis longtemps". Les propos de Djibril Camara sont exempts de toute ambiguïté. L’ailier stadiste, titulaire pour la première fois depuis son retour de suspension pour trois manquements à des contrôles anti-dopage n’a pas masqué pas son plaisir de retrouver des sensations oubliées. Et pour cause. Sa dernière titularisation avec son club datait de 5 mai 2012, lors du derby face au Racing-Metro. Alors, pour son grand retour, il avait soif de revanche et de ballons. Et dans un contexte parisien relativement lourd, Camara a apporté un brin de fraîcheur sur la pelouse de Charléty. Mais aussi deux essais sur lesquels il a affiché de la rage. "Mais pas de la haine, a-t-il précisé. Je voulais juste montrer que j’en avais terminé avec ma suspension". Pour autant, il n’en a pas fini avec les contrôles de l’AFLD. Camara figure toujours parmi les joueurs cibles jusqu’en juin 2013. Et ça lui pèse, mais n’en dit rien. "J’ai eu six mois pour y penser. Aujourd’hui, je suis passé à autre chose". Tant mieux, le Stade français aura besoin de joueurs frais et disponibles pour conclure sa saison aussi bien que possible.

Toulouse-Bordeaux: 33-32. Jérôme PREVOT

Les Toulousains, handicapés par un wagon de sélectionnés, ont bien gagné ce match contre Bordeaux. Et personne ne leur a contesté leur étroit succès (33-32). Mais ce que l'on retient de cette rencontre magnifique, c'est la performance des Bordelais, leur petit budget et leur petit classement. Marquer quatre essais contre deux à Ernest-Wallon, aux champions de France, ça restera un formidable souvenir pour cette équipe vraiment surprenante et comme dans le même temps, Agen a été battu à domicile par Bayonne, cette mini-défaite s'est transformée en demi-victoire. Et pourtant, quand Toulouse a pris l'ascendant juste avant la pause (18-15), nombreux étaient ceux qui pronostiquaient un effondrement de l'UBB. En plus, l'excellent Heini Adams venait de sortir, touché à l'épaule droite. Mais même sans leur animateur, les Bordelais ont réussi à maintenir leur niveau de jeu. Son remplaçant, Julien Seron, doit y être pour quelque chose. Ce joueur de 30 ans d'ailleurs a reçu un hommage appuyé de son entraîneur Vincent Etcheto après le match. "Il va nous quitter mais il joue le jeu jusqu'au bout". Ca ne doit pas être facile de se hisser tout de suite au niveau d'un match contre Toulouse quand on a été aussi peu utilisé depuis le début de la saison... Mais Seron aura relevé le défi avec professionnalisme et enthousiasme. Il aurait vraiment mérité d'être l'auteur de la passe décisive sur le drop de la victoire manqué par Nicolas Sanchez. Dans les coulisses d'Ernest-Wallon, il nous confia la difficulté que peut revêtir la condition de joueur professionnel quand on s'entraîne dur pour ne pas entrer en jeu, ou si peu (il n'a débuté qu'un match de Top 14 cette saison). A l'heure où il cherche un club pour la saison prochaine, il aurait bien mérité de gagner sur la pelouse toulousaine comme il le fit en 2004-2005 avec Narbonne.

Agen-Bayonne: 20-30. Jérôme FREDON

Quelques jours après avoir prolongé son contrat avec l'Aviron, Guillaume Rouet ne pouvait rêver plus belle récompense. Pour sa deuxième titularisation de la saison derrière la mêlée basque, le joueur originaire d'Hasparren a inscrit son premier essai chez les pros. En l'absence de Mike Phillips et de Cédric Garcia, il a démontré qu'il était mieux qu'une doublure de luxe. A l'origine de deux des trois essais basques, le cornaqueur à la silhouette de gymnaste a dirigé d'une main de fer son paquet d'avants. Ses coups de pied dans la boite ont largement contribué à semer la panique dans l'arrière-garde agenaise. Très remuant, il a été un véritable poison. Son audace lui a d'ailleurs valu d'intercepter une passe d'Alexis Balès et d'inscrire un essai assassin en contre. Sans une erreur dans le formulation de la question à l'arbitre vidéo, il aurait même pu réussir un doublé. Qu'importe, Rouet a prouvé qu'il avait tout d'un grand.

Clermont-Castres: 37-10. Léo FAURE

Que serait un stade sans son rôle social et le lien humain qu’il engendre ? Lieu de vie, de rassemblement et de communion, lieu de rencontres, aussi, avec l’adversaire, ses supporters ou simplement son voisin de siège. Le rugby ajoutait à cela une dose de charme: assumer une popularité croissante et, autant que possible, maintenir les acteurs accessibles au plus grand nombre. Pas de tour d’ivoire. Du moins, on en rêve. La professionnalisation, au milieu de tous ses bienfaits, à l’arrière goût regrettable d’éloigner acteurs et spectateurs. Pourtant pas les derniers à communier avec leur public et lui rendre hommage dès que l’occasion se présente, les Clermontois s’éloignent (un peu) de leur public. En cause: une mesure de rigueur initialement ponctuelle, répondant à la situation d’une pelouse du stade Marcel-Michelin supposée en mauvais état. Un champ de patate ? Sablonneuse, sûrement, mais rien à jalouser aux autres prairies de Top 14. Pourtant, plus question pour les jeunes supporters de la fouler, au coup de sifflet final, pour inonder les joueurs de leur ferveur. "Pour préserver la pelouse" ressasse inlassablement le speaker à chaque fin de rencontre. Rien de bien grave, certes, aux côtés de l’importance des résultats sportifs. Mais pas anecdotique. On parle d'une petite mort des rêves des gosses. Dommage. Tout ceci, finalement, n'est qu'un jeu.

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