Le tour de Midi Olympique

Par Rugbyrama
  • fabien cibray toulon 2011
    fabien cibray toulon 2011
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Comme chaque semaine, les envoyés spéciaux de Midi Olympique décryptent, à travers une anecdote, un joueur ou une image insolite, les moments forts du week-end. Là, ils soulignent le retour de Cibray, la prestation des Toulousains habitués à moins jouer ces temps-ci ou les blessures à Aimé-Giral.

Bayonne/Bourgoin: 24-7 - Jérome FREDON

Le ciel a soudainement déversé des filets d’eau sur Jean-Dauger. On ne sait pas s’il pleurait la pauvreté du spectacle proposé par les joueurs de Christian Gajan ou exprimait la colère d’un peuple ciel et blanc mais cela n'a en tout cas pas aidé à l'élévation des débats. Des débats considérablement hâché par l'absence de rythme et la multitude de ballons abandonnés en route par les acteurs des deux camps. Une vraie de bouillie indigeste de rugby salué à la sortie par les sifflets d'une partie des spectateurs de Dauger. Nous n'étions donc pas les seuls à nous être ennuyés ferme.

La Rochelle/Toulouse: 19-22 - Gérard PIFFETEAU

A une semaine du déplacement de son équipe à La Rochelle, Guy Novès pestait contre l’incohérence des calendriers internationaux qui mobilisaient le même week-end les grands et les jeunes tricolores. C’est ainsi que déshabillé par les sélections et blessures, il n’a pu utiliser l’ouvreur Doussain embarqué en Irlande parmi les U21. "Ensuite on nous reproche de ne pas faire jouer les jeunes. N’aurait-il pas plus appris à La Rochelle ?", asséna le manager. Soit, mais pour affronter la robuste opposition maritime, le staff du Stade a quand même aligné sur la feuille les jeunots Lamerat, Lakafia, Bézy, Nicolas et même pour la toute première fois l’Espoir Impérial. Et le coup n’a pas été vain. Surtout pour Lamerat qui n’a pas tremblé dans son duel face au puissant Rabeni, là où J.B. Elissalde avait de vraies craintes. Quant à Bezy, il a simplement eu le sang froid d’assurer la gagne à une minute de la sirène. Et que dire des anciens ? De Michalak précis, organisé, à défaut d’être (inutilement) flamboyant ; d’Heymans fort d’une assise technique et physique sur laquelle ont pris appui ses coéquipiers ; de Caucaunibuca dont Novès a apprécié le premier geste de haute volée, et finalement gagnant, de sa jeune carrière toulousaine ; de Johnston qui a modifié par sa densité et ses impacts le cours du combat. Parce que vous devez le savoir, les champions d’Europe ont été réellement défiés par des Rochelais au sujet desquels Albacete et ses coéquipiers ne tarissaient pas d’éloges. Et le public rochelais a lui aussi été à la hauteur de l’évènement. L’accueil chaleureux et respectueux qu’il a réservé à son fils prodige Jean-Baptiste Elissalde fut un vrai moment de bonheur. C’est vrai, Bézy a été conspué sur l’ultime pénalité, celle de la défaite des Maritimes et de leur frustration car même Yannick Bru l’avait admis: "La fin de match est cruelle pour les Rochelais, le nul eut été plus équitable." Mais cette victoire, les Toulousains la désiraient pour l’offrir à leur coach Baptiste qui nous avait avoué le matin: "Je paierai pour jouer ce match." Et pour, comme en 2002 face à... Toulouse, crucifier l’adversaire d’un drop à l’ultime minute ? C’est bien ce scénario que le Stade toulousain a joué, mais c’est un autre jeune pétri de talent, Nicolas Bézy, qui a interprété neuf ans plus tard le rôle du tueur qui servit la carrière de Jean-Ba. Et cette fois la victime est Rochelaise.

Toulon/Brive: 22-16 - Jérémy FADAT

Une sorte de clin d’œil… C’était il y a un peu plus de cinq mois, le 5 septembre dernier, lors du match aller entre Brive et Toulon. Le demi de mêlée du RCT, Fabien Cibray, remplaçant au coup d’envoi, était entré en jeu à la place de Pierre Mignoni à la 60e minute.18 minutes plus tard, il s’écroulait sur la pelouse d’Amédée-Domenech et devait céder sa place. Verdict : Lésion du ligament croisé antérieur du genou gauche et six mois d’absence. Finalement, il aura fallu attendre cinq mois et une semaine pour le voir à nouveau fouler les pelouses du Top 14. Samedi, il a fait son apparition sur celle de Mayol à la 58e minute sous une ovation amplement méritée que lui a réservée le public varois. Dans les minutes qui ont suivi la fin du match, il a bien sûr été sollicité par les journalistes pour connaître ses impressions à chaud. Mais le joueur a préféré se taire, refusant poliment les demandes de la presse. Juste une question d’humilité… D’une part, le joueur ne voulait sûrement pas que son retour occulte la victoire des siens. Et surtout, il doit savoir que c’est maintenant que le plus dur commence. Pendant sa rééducation, la concurrence s’est encore accrue à son poste avec, outre les présences de Pierre Mignoni et Matt Henjak comme l’an passé, l’avènement du jeune Laurent Magnaval, international des moins de 20 ans.

Racing/Castres: 20-13 - Arnaud BEURDELEY

On dit souvent que le rugby forme des hommes. Des gentlemen. Nous en avons eu un exemple significatif samedi à Colombes au cours de cette rencontre entre le Racing et le Castres Olympique. A la 58e minute de la rencontre, Jonathan Wisniewski a remplacé le trois-quarts centre Vulivuli, sous des applaudissements nourris et pudiques à la fois. En 22 minutes sur le terrain, Il a inscrit 5 points (Une transformation et une pénalité). Une performance qui n'a rien d'exceptionnel pour un joueur aux portes de l'équipe de France. Sauf que. Il y a dix jours, Jonathan Wisniewski perdait son jeune frère, Jordan, dans un accident de la route. Un drame qui ne l'a pas empêché de tenir sa place samedi. C'est dire le courage et le cran du demi d'ouverture parisien. Chapeau bas, Monsieur Wisniewski.

Stade français/Biarritz: 31-18 - Arnaud BEURDELEY

Dimanche, le XV de France a affronté l'Irlande sans aucun joueur du Stade français parmi les 23 sélectionnés. Un fait suffisamment rare ces dernières années pour être souligné. Pourtant, ils sont quelques-uns dans les rangs stadistes à pouvoir prétendre à la tunique bleue. D'abord, il y a évidemment Dimitri Szarzewski, mais il est blessé. Ensuite, il y a Pascal Papé, renvoyé dans ses pénates après avoir figuré dans la liste des trente, Lionel Beauxis, pour l'instant totalement zappé par le sélectionneur Marc Lièvremont, Julien Dupuy, qui paie très lourdement sa suspension pour "fourchette" et Mathieu Bastareaud dont le cas a fait couler autant d'encre que de salive ces dernières semaines. Ces quatre-là étaient donc sur la pelouse de Charléty samedi soir pour battre Biarritz. Et force est de constater qu'ils se sont plutôt montré à leur aise, malgré un match très pauvre techniquement. "Basta" discret en attaque s'est montré impérial en défense. Dur sur l'homme. Papé a joué les pompiers de services en troisième ligne centre. Avec une franche volonté et un peu de réussite. Enfin, à la charnière, Dupuy et Beauxis, ont fait la paire. Le premier n'a sans doute rien à envier à personne. Surtout pas aux demis de mêlée en place en équipe de France. Quant au second, est-ce bien nécessaire de rappeler à quel point son coup de pied peut se révéler précieux ? On a pu le vérifier encore une fois samedi soir.

Perpignan/Agen: 31-18 – Nicolas AUGOT

Aimé-Giral est-il hanté ? Un esprit maléfique a-t-il ensorcelé le stade de Perpignan et l'équipe de l'Usap ? Magie noire, sorcier mal intentionné, Lord Voldemort ? Ces questions ne sont peut-être pas si saugrenues pour trouver une explication. L'hécatombe est telle qu'un esprit cartésien ne pourrait pas y survivre. Les Catalans sont tout simplement maudits et malgré ses lunettes Jacques Brunel n'a rien d'Harry Potter. Résultat, la malédiction a encore frappé laissant sur le carreau Olivier Olibeau (huit semaines) et Jean-Philippe Grandclaude (six semaines). Et quand le mauvais œil frappe, il n'est visiblement pas avare ni très regardant. Car les Agenais ont été pris dans ce tourbillon de malheurs et ils sont restés incrédules quand Opeti Fonua s'est écroulé à la 36e minute. Des coups du sort qui ont défrisé les moustaches de Jacques Brunel et Christian Lanta, deux entraîneurs qui doivent constamment trouver des solutions avec des effectifs décimés.

Montpellier/Clermont: 29-9 - Bruno FABIOUX

Le rugby pro ne se nourrit pas de nostalgie, ou subrepticement, quand la nuit qui avance, au coeur de la troisième mi-temps, fait trébucher les langues et baisser les paupières. Et que remontent les heures passées. Avant que la gueule de bois ne fasse table rase du souvenir. Samedi, au stade Yves-du-Manoir de Montpellier, nous est revenu ainsi ce passé pas si lointain du stade Sabathé et de ses cinq-mille âmes, où on pouvait toucher les joueurs du doigt et où l'envahissement de la pelouse était un prolongement naturel du match. Où l'incorrigible Paul Bert encourageait son fiston, Mickaël, de tonitruants : "Bicounet!", qui étaient au lieu ce que les "olés" sont à Las Ventas. On se disait, ce dernier samedi, en regardant le néo-public bcbg de Yves-du-Manoir, faisant la navette depuis les petits fours jusqu'au siège baquet, la coupette à la main, que les temps avaient bien changé. Non que ledit néo-public fut trop bien rangé, au contraire, il siffle et conspue l'arbitre sans vergogne depuis son pré carré, les bonnes manières entre-parenthèses. Parce que "o tempora o mores" et autres "panem et circences". On n'entend plus la voix de stentor du grand Paul, perdue au milieu de celles des quinze-mille aficionados potentiels. Reste le cheval camarguais mascotte du MHR, baptisé... "Bicounet".

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