Le tour de Midi Olympique

Par Rugbyrama
  • TI'I PAULO - Octobre 2010 - Clermont Auvergne
    TI'I PAULO - Octobre 2010 - Clermont Auvergne
Publié le Mis à jour
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Comme chaque semaine, les envoyés spéciaux de Midi Olympique décryptent, à travers une anecdote, un joueur ou une image insolite, les moments forts du week-end. Cette fois, ils vous racontent l'explosion du Clermontois Ti'i Paulo, le gâchis de Toulon ou le final tragique de Bayonne.

Clermont/Stade français : 27-3 – Marc DUZAN

Il est arrivé, en juin, dans l'anonymat le plus complet. Dans l'ombre du géant Sione Lauaki, dont la réputation sulfureuse avait tout éclipsé. Quelques lignes dans Midol à l'annonce de sa signature, et rien de plus. Que savait-on, au vrai, du talonneur des Crusaders Ti'i Paulo ? Rien, ou pas grand chose. Il était, à Christchurch, le remplaçant du All Black Corey Flynn. Depuis quatre semaines, on a pourtant compris pourquoi il était la priorité du recrutement de Vern Cotter. Car c'est une bombe qui a débarqué en Auvergne à l'intersaison. Très dynamique, excellent balle en mains, doté d'une puissance déroutante au plaquage (il a d'ailleurs fait exploser Bastareaud à deux reprises samedi dernier), Paulo est la révélation du début de saison clermontois. Des nuances à ce vibrant hommage ? Quelques unes, en effet : Paulo, ciblé par les Parisiens en mêlée fermée, n'a pas l'expérience et la roublardise de Mario Ledesma dans ce secteur de jeu ; de même, certains de ses lancers en touche ne trouvent pas toujours preneur. Qu'importe, Ti'i Paulo a prouvé en l'espace quelques matchs que son arrivée n'était pas celle d'une attraction foraine ou d'un avaleur de sabres, mais bel et bien d'un grand joueur de rugby.

Bayonne/Montpellier : 18-29 - Nicolas AUGOT

On retiendra de cette rencontre son final tragique. Sans parler du résultat, cette confrontation entre bayonnais et montpelliérains valaient pour ses dix dernières minutes aussi intenses que dramatiques. Entre des Basques lâchant leurs dernières forces dans la bataille, refusant de sombrer pour la troisième fois à Jean-Dauger, et des Montpelliérains solidaires jusqu'au bout des crampons, repoussant les offensives désespérées, cette fin de match n'a pas souri aux joueurs convoqués par Marc Lièvremont pour les tests matchs du mois de novembre. A la 74e minute, après un sauvetage devant sa ligne, François Trinh-Duc s'écroulait sur la pelouse de Jean-Dauger. Verdict : déchirure de l'ischio-jambier droit. Deux minutes plus tard, Yoann Huget avait l'occasion de sauver l'Aviron. Il trouvait une brèche, exactement là où Trinh-Duc s'était blessé. Après l'annonce de sa sélection le mercredi, l'ancien Agenais s'envolait vers l'en-but pour sauver l'Aviron le samedi. Mais plaqué avant la ligne, le ballon glissait sous poitrine quelques centimètres avant la ligne blanche. Trinh-Duc, héros malheureux, et Huget, bienfaiteur malchanceux, ne se retrouveront pas à Marcoussis. Une histoire, concentrée en émotion, et deux destins, comme le rugby peut nous en offrir.

Brive/Biarritz : 21-27 - Jérôme PREVOT

Brive n'a aucune excuse. Il devait l'emporter face à une équipe du BO qui s'était volontairement privé d'Harinordoquy et de Yachvili au coup d'envoi. Et le CABCL a trouvé le moyen de mener de douze points et deux essais à zéro. Mais voilà, Biarritz a une équipe de compétiteurs hors pair, on a même eu l'impression que les joueurs ont bluffé leurs entraîneurs en revenant au score et en venant crucifier leurs adversaires. Une image symbolise ce succès, Julien Peyrelongue parachuté demi de mêlée et qui s'en est sorti comme un chef, prenant même à une reprise la défense adverse à revers en jouant brillamment un coup  au ras du regroupement alors que les Brivistes s'attendaient à le voir élargir classiquement. Biarritz a joué comme une machine à gagner, toutes proportions gardées, en fermant un peu les yeux, on a pensé au grand Béziers des années 70...

Castres/Bourgoin : 41-24 – Nicolas ZANARDI

Depuis mercredi, on ne parlait que de lui... Ou presque. Sûrement un peu moins que de Vincent Clerc, Clément Poitrenaud ou Julien Malzieu, autres grands absents de la liste de Marc Lièvremont. Et pourtant, dans le landernau des connaisseurs, la non-sélection du pilier gauche castrais Yannick Forestier a eu du mal à passer. Et plus encore sur la forme que sur le fond... Arguer de la polyvalence pour sélectionner un Poux ou un Marconnet, d'accord ! Mais de là à utiliser cet argument pour convoquer Jérôme Schuster, qui n'évolue jamais à droite à Perpignan, voilà qui peut faire doucement rigoler... Ou râler. Convoqué depuis deux saisons avec France A, Forestier n'a jamais déçu sous le maillot bleu, comme il ne déçoit jamais sous le maillot castrais. Les Berjalliens peuvent encore en témoigner... Bon dans le déplacement, impeccable en mêlée, impérial en défense : que faut-il de plus pour lui donner sa chance ? La polyvalence ? Justement, peut-être n'est-il pas trop tard pour y penser... "S'il le faut, je travaillerai à droite", nous assurait en marge de la rencontre le gaucher tarnais. Le plus fort ? C'est qu'avec son mental, on l'en sait capable...

Racing-Metro/Perpignan : 18-18 - Philippe KALLENBRUNN

M. Poite aurait-il une dent contre l'Usap ? On refuse de le croire. A plusieurs reprises, vendredi soir, le seul arbitre professionnel de l'Hexagone (avec M. Berdos) a néanmoins pris des décisions étranges. Ou plutôt des non décisions. Comme de ne pas sanctionner Saubade, auteur d'un plaquage en l'air grossier et dangereux sur Planté. Ou de ne pas punir Lo Cicero pour ce croc-en-jambe de filou sur Guiry qui partait irrémédiablement à l'essai. Accordons volontiers à M. Poite le droit à l'erreur. Mais quid de ses assesseurs ? Dormaient-ils ? Ces deux gestes, en tout cas, valaient bien un carton jaune, que Perpignan n'aurait pas manqué d'exploiter. Car l'Usap, sur l'ensemble du match, méritait de l'emporter à Colombes. Le mauvais choix de Marty, qui rendait maladroitement au pied le ballon aux Franciliens dans les dernières minutes, puis la faute regrettable de Tchale-Watchou en suivant, n'auraient alors relevé que de l'anecdote. Au lieu de cela, ils ont permis au Racing d'égaliser sur une pénalité, indiscutable et bien vue, celle-là, par M. Poite, à la sirène.

Toulouse/Toulon : 44-5 - Jérémy FADAT

Le choc de la 11e journée… Le duel au sommet entre le champion d’Europe et un demi-finaliste du Top 14 qui s’est encore renforcé cette saison… Personne ne s’y était trompé – ni la LNR, ni Canal + puisque c’était le match décalé à 16h25 et donc l’affiche du week-end de la chaîne -, on allait assister à un match aussi alléchant que disputé. Raté ! Côté spectacle, on se contentera de celui offensif offert par les Toulousains (et on ne peut que les féliciter d’avoir été si ambitieux et efficaces). Certes, on a vu 49 points, mais comment se réjouir de voir que 44 d’entre eux ont été encaissés par l’un des principaux prétendants au Bouclier de Brennus ? Franchement, on est resté sur notre faim à l’issue de la rencontre samedi. Un amer goût de gâchis. Le RCT n’a pas présenté sa meilleure formation (de nombreux cadres au repos) et a surtout tellement manqué d’investissement qu’il est légitime de parler d’impasse (volontaire ou inconsciente). Les Varois se défendront en pestant contre un calendrier injuste les obligeant à enchaîner en moins de quatre semaines des déplacements au Munster, au Stade français, à Toulouse et à Perpignan. Sincèrement, on peut les comprendre car cette série de matchs à l’extérieur est certainement absurde. Toujours est-il que nous, et surtout le public, étions en droit d’attendre bien plus que ce match où le suspense a duré huit minutes.

Agen-La Rochelle : 29-14 - Emilie DUDON

On dit d'Opeti Fonua qu'il est le bulldozer du SUA. Mais le club lot-et-garonnais détient aussi une fusée. Brice Dulin n'est pas très grand (1m78), ni très costaud (81 kg), ni très impressionnant. Mais il va très vite et il possède une grande intelligence dans ses placements. Les supporters agenais ont pu s'en apercevoir samedi encore. Alors qu'il revenait de blessure, le jeune joueur a, à lui tout seul, sonné le reveil de son équipe en marquant le premier essai de la rencontre (29e) après s'être faufilé dans un minuscule intervalle sur une passe à hauteur d'Edmond-Samuel. Déjà contre Paris, il avait impressionné avec une course en solitaire de 60 mètres au cours de laquelle il avait enrhumé cinq défenseurs. A tout juste 20 ans et six ans seulement après avoir débuté le rugby, cet ancien joueur de foot et de pelote basque s'impose de plus en plus comme un élément indispensable du groupe lot-et-garonnais. Pur produit de l'école agenaise, il est solide sous les ballons hauts et sa défense est très correcte. Alors, l'international des Moins de 20 ans n'est pas loin de devenir le nouveau chouchou d'Armandie. Les "Dulin, Dulin" qui sont montés des tribunes durant la rencontre samedi en témoignent. Les supporters agenais lui ont depuis longtemps pardonné ce "grand moment de solitude" lors de la première journée à Toulouse, quand Cédric Heymans lui avait fait gicler le ballon des mains sur un essai tout fait dans l'en-but des champions d'Europe. C'est sûr, Brice Dulin a tout d'un grand. Il doit juste continuer d'apprendre. Et pour ça aussi, il va très vite...

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