La Rochelle entre en résistance

Le défi s'annonce immense, compliqué, long, épuisant. Le Stade rochelais est enfin de retour dans l'élite, après avoir échoué de peu à plusieurs reprises. La finale contre Lyon (32-26) était la bonne. Mais personne au club n'est dupe, le plus dur commence. L'euphorie de la montée passée, le bonheur savouré et consumé, les vacances terminées, il a fallu se remettre au travail. En coulisses, les dirigeants ont déjà réussi leur gros coup, en recrutant l'international fidjien Seru Rabeni, en provenance de Leeds après avoir joué sous les couleurs de Leicester entre 2004 et 2009. La venue du puissant trois-quart aile suscite beaucoup d'espoirs sur la côte atlantique. Mais si un seul joueur était capable de porter toute une équipe – exception faite des Carter, Hernandez, Giteau – cela se saurait. C'est donc tout le collectif qui s'est mis au diapason de la préparation concoctée par le duo Milhas-Darricarrère. L'objectif est clair : faire mentir la prédiction de nombreux observateurs qui ont déjà apporté la civière au bord du terrain de Marcel-Deflandre avant même le coup d'envoi.

Chemin de croix

Pour éviter d'être à la rue dès l'entame, alors qu'il faudra jouer pas moins de douze matchs d'ici novembre, les entraîneurs ont d'abord voulu miser sur la continuité, en conservant la quasi-totalité du groupe participant à l'accession. Histoire de ne pas tergiverser au moment d'attaquer le chemin de croix avec la réception de Castres le 13 août prochain. Le staff misera donc sur les affinités et les automatismes déjà peaufinés d'une bande de guerriers qui se connaissent les uns les autres sur le bout des doigts. Les Jaune et Noir comptent aussi sur l'expérience de leur nouvelle star, Seru Rabeni, pour tirer vers le haut et faire gagner en maturité une équipe encore jeune. La bombe fidjienne semble déjà avoir accepté d'enfiler le costume de guide: "Si j'ai choisi la Rochelle plutôt qu'un autre club, c'est parce qu'à ce stade de ma carrière, je trouve bien plus excitant d'aider un groupe à se sauver, d'encadrer tous ces jeunes. La finale du Top 14 est en juin ? Nous aurons la nôtre dès le mois d'août. Tous les week-ends seront des finales pour nous. Voilà ce qui nous attend. "

Un discours de sage qui n'est pas pour déplaire à son entraîneur, Serge Milhas: "Il va nous faire gagner du temps". Gagner du temps, une obsession compréhensible pour un promu promis à l'enfer. A partir du 13 août, les doutes ne seront plus permis et la moindre défaillance psychologique coûtera cher. Top 14 oblige.

Face à la "crème"

Vendredi dernier à Mazamet, les Rochelais ont eu un aperçu de ce qui les attend cette saison. Ils ont compris le travail et les efforts qu'il reste à fournir pour espérer sortir vivants d'un des championnats les plus relevés au monde. A la pause, l'ogre toulousain menait 29-0 et avait inscrit quatre essais, la plupart sur des mouvements collectifs d'une fluidité impressionnante. Cette année, tout ira plus vite, les adversaires seront plus puissants, les confrontations laisseront plus de traces. En grosse difficulté défensivement - les trois-quarts rouges et noirs ont profité des boulevards offerts pour marquer – et en conquête, ils se sont repris en seconde période, parvenant même à franchir la ligne d'en-but par l'intermédiaire de leur trois-quart Florian Ninard. Surtout, ils n'ont encaissé aucun point supplémentaire, même s'il faut préciser qu'à cet instant, Toulouse avait largement fait tourné son effectif. Peu importe, au coup de sifflet final, David Darricarrère n'était pas inquiet de cette défaite (29-10) face à un quadruple champion d'Europe: "Je suis déçu au vu de notre première mi-temps car défensivement, nous n'avons pas été au niveau. Nous avons manqué trop de plaquages ce qui a provoqué des essais toulousains qu'à mon sens, nous aurions pu éviter. Ils sont venus de fautes individuelles mais en deuxième mi-temps, nous avons quand même redressé la barre. Et je me dis que finalement, nous n'avons pas été si ridicules alors qu'on jouait la crème ".

L'élite veut les envoyer aux galères ? Les Maritimes sont volontaires pour ramer contre les vents contraires du Top 14. Une chose est sûre : le navire jaune et noir est prêt à lutter pour ne pas couler.