Toulouse voit plus loin

Par Rugbyrama
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Déjà installé à la première place du Top 14, Toulouse a surtout fait étalage d'une incontestable ambition dans le jeu lors de son éclatante victoire face à Brive. Le Stade veut retrouver ses vertus. Un souhait qui devra prendre tout son sens samedi, sur la pelouse du champion sortant, Perpignan.

Pendant le match, signe qui ne trompe pas, on a vu Guy Novès le sourire aux lèvres. Plusieurs fois, même. Ce n'est pas si fréquent. Alors, cela doit bien témoigner d'une réelle satisfaction. Deux journées, deux victoires et voilà déjà Toulouse paré du costume de leader. Une première depuis la mi-avril, et une défaite à Marseille, contre Toulon, qui avait annoncé une fin de saison terne et tristounette. De cet échec printanier, ponctuée par une sortie frustrante en demi-finale contre Clermont, le staff toulousain a tiré une leçon: pour revenir durablement au-dessus de la mêlée, le Stade se devait de retrouver une forma d'ambition dans le jeu.

Bien au-delà du classement ("ce n'est pas trop notre souci à l'heure actuelle", avoue Clément Poitrenaud), l'important en ce début de championnat était donc de prendre la bonne direction, fidèle aux orientations fixées par Guy Novès: du jeu, du grand large, toutes jambes dehors plutôt que petit bras. Résultat, un raz de marée qui a emporté l'éphémère leader briviste. "On ne veut pas tomber dans nos travers de la saison dernière, de non-jeu, de jeu petit bras, souligne Poitrenaud. On essaie de produire un rugby qui nous correspond, qui correspond à nos qualités ."

Partir de devant et finir derrière

Le discours des entraîneurs a donc été bien enregistré et, déjà, mis en application. "Nous avons proposé aux joueurs de retrouver cette notion de créativité et d'intelligence sur le terrain , se satisfait Guy Novès. J'ai demandé à Yannick et Philippe de mettre en place des exercices pour nous conduire à retrouver ces notions d'intelligence, de créativité, d'adaptation. L'an passé en fin de saison, on s'est aperçus que certains paramètres nous avaient fait défaut, on a rectifié le tir dans la préparation On s'est contentés d'une seule forme de jeu la saison dernière. Cela a fini par nous faire défaut." En d'autres termes, Toulouse avait besoin de redevenir Toulouse. Ces derniers mois, les Rouge et Noir avaient énormément progressé en conquête, se forgeant une des mêlées les plus redoutées du Top 14. Mais, imperceptiblement, cette fuite vers l'avant s'était opérée au détriment de l'identité profonde du jeu toulousain.

C'est donc à une sorte de rééquilibrage que le staff a voulu procéder. Un rééquilibrage, mais pas un virage à 180°, lequel n'aurait rien de productif. Le Stade doit continuer à s'appuyer sur ses fondamentaux, mais en le mettant davantage au service de son ambition technique. "Contre Brive, précise Clément Poitrenaud, si on a pu s'exprimer derrière, c'est grâce aux ballons portés des avants hyper-efficaces qui ont bien fixé la troisième ligne briviste, ce qui nous a ouvert des intervalles". Jean-Baptiste Elissalde ne dit pas autre chose. "Sans bonne conquête, on ne parlerait pas de nitre jeu de mouvement" , rappelle l'ancien Rochelais. En rugby, c'est bien connu, tout part de devant. Mais à Toulouse, si possible, tout doit finir derrière.

Rougé-Thomas: "Rester humble et discret"

Sauf que tout n'est pas toujours aussi simple. Parfois, Toulouse ne sera pas en mesure de satisfaire ses ambitions. Il devra alors démontrer sa capacité à s'adapter. "Envoyer du jeu fait partie de la culture du club. Mais la mission sera de réagir intelligemment aux situations défensives que présenteront nos adversaires, explique Philippe Rougé-Thomas, l'entraîneur des lignes arrières. Si pour gagner un match il faut taper quelques chandelles, on le fera. C'est l'esprit d'initiative que nous avons soumis aux joueurs et je crois qu'ils ont été réceptifs à notre projet. Ecarter tous les ballons ne veut rien dire si l'on ne respecte pas les fondamentaux. Ce qu'on veut, c'est gagner le maximum de matches."

Le plus réjouissant tient sans doute dans la marge de progression dont jouit encore le groupe, qui reste en construction. Mais Toulouse a déjà titillé en un seul match des hauteurs que certaines équipes n'atteindront jamais cette saison. Reste à s'étalonner dans un contexte moins confortable, face à un adversaire prêt à lui rentrer dedans. Un voyage à Aimé-Giral, par exemple? A Perpignan, les Toulousains se savent attendus, surtout après la défaite de l'Usap à Montpellier. Ils n'y vont donc pas en jouant les grandes-gueules. Pas même en leaders. Mais comme un challenger qui part défier le champion. "L'ambition de gagner existe bien mais il faut savoir rester humble et discret car on sait que l'adversaire décuple ses forces. Et quand on connaît la qualité des joueurs de l'Usap, c'est leur donner 30 pour cent d'agressivité supplémentaire. Nous avons le respect des adversaires. Alors, annoncer que l'on va leur marcher dessus chez eux n'est pas le style de la maison". Ambitieux dans le jeu, modestes dans le discours.

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