Le tour de Midi Olympique

Par Rugbyrama
  • Florian FRITZ Toulouse Toulon Top 14
    Florian FRITZ Toulouse Toulon Top 14
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Comme après chaque journée de championnat, les envoyés spéciaux du Midi Olympique décryptent pour vous les moments forts de la 20e journée du Top 14, retirant chacun un joueur, un instant clé, ou une image de chaque rencontre. Tour d'horizon.

Biarritz/Brive (16-6) - Charles GAUDIN

Vendredi soir, partout où il était question de rugby, impossible de ne pas disserter sur l'information ahurissante qui avait créé le buzz la veille sur internet : Andy Goode, l'ouvreur dont le CA Brive ne voulait plus, quitte le championnat de France pour exporter tout son savoir-faire en Afrique du Sud. Aux Natal Sharks, plus précisément. Le Super 14, bientôt, va découvrir un joueur qui ne ressemble à aucun autre. Après Frédéric Michalak et Juan Martin Hernandez, les Sharks ont fait preuve d'un éclectisme improbable en s'attachant les services de l'ancien pensionnaire de Leicester et du XV de la Rose. Moins entreprenant que Goode ? On ne voit pas. Plus en perte de confiance que Goode ? On ne voit pas non plus. Décisif, sans pour autant être brillant, durant la saison 2008/2009, Andy Goode a plongé ces derniers mois, son taux de réussite au pied, son (seul) point fort, tombant à 33 %... Sa défense, son (gros) point faible, elle, n'a fait qu'empirer... En dix-huit mois en Corrèze, Andy Goode aura perdu une grande part de son crédit sur le plan international. Sauf que les dirigeants des Sharks, visiblement peu au fait des tendances, lui ont tendu la main. Et finalement, l'homme, plutôt que le joueur, le mérite. A Brive, personne n'a jamais eu à se plaindre d'un quelconque mauvais comportement de l'individu, charmant, avenant et affable. Ses mauvaises performances sur le terrain ont pris le dessus. Ou quand le négatif l'emporte sur le positif...

- Pierre MAILHARIN

Est-ce l’enjeu qui a tué le jeu ? Le champ de patates servant de terrain qui a refroidi les ardeurs des deux formations ? Ou la savonnette faisant office de ballon qui a dissuadé les appels du large  ? Sans doute un peu les trois à la fois. Toujours est-il que vendredi soir, c’est à un piètre spectacle qu’il nous a été donné d’assister. "Artistiquement", il n’y a donc guère à retirer de cette rencontre. En revanche, dans la bataille intense que se sont livrés les deux quinze, on relèvera que c’est l’expérience qui a produit la différence. En particulier au poste d’ouvreur. Julien Peyrelongue, triple champion de France, a su alterner les formes de jeu et distribuer proprement au pied. Quand Fabrice Estebanez, néo international mais encore débutant en dix, a peiné à gérer les conditions climatiques.

Racing-Metro/Castres (24-24) - Léo HUISMAN

Chabal 1, Masoe 1. Racing Metro 92 Castres, c’était aussi les retrouvailles de Sébastien Chabal et Chris Masoe (les deux joueurs s’étaient déjà retrouvé au match aller, mais Masoe jouait alors troisième ligne aile). A Colombes, les deux joueurs, associés à jamais par la toile depuis que le français a adressé un bouchon au All Black, étaient des vis-à-vis directs. Et c’est le néo-zélandais qui a crevé l’écran. Chabal, pourtant étincelant depuis le début de saison, n’a pas eu le rendement habituel, gêné peut-être par ses récents problèmes de dos. Masoe lui a été omniprésent, en attaque comme en défense, au près comme au large, dans les mauls et dans la ligne, et même parfois avec ses pieds (2 coups de pieds de dégagements lors de la rencontre). Masoe fait l’unanimité dans le Tarn, si bien que ses dirigeants se sont empressés de le faire resigner deux ans supplémentaires à Castres. Pour le plus grand bonheur de ses entraineurs qui ne tarissent pas d’éloge sur lui. Pour l’assurance de plusieurs retrouvailles avec celui à qu’il doit sa première notoriété en France.

Bourgoin/Stade français (22-16)

Il n'y a pas de secret. Avec un demi de mêlée de métier et expérimenté, la vie d'une équipe de rugby s'en trouve de suite facilité. Le Sud-Africain Noël Oelschig faisait son grand retour derrière le huit de devant du Stade français. Malgré une entame de match ratée, les Parisiens ont su trouver les ressources pour renverser Bourgoin et le match (22-16). Un premier succès à l'extérieur avec une charnière stadiste qui a su parfaitement convertir les efforts de ses avants. A ce petit jeu, ce sont les ailiers qui rigolent. Julien Arias, auteur d'un triplé et tout jeune papa, a su en profiter.

Montpellier/Bayonne (22-16) - Nicolas ZANARDI

… Et tout le monde se mit à vomir. On jouait environ le quart d'heure de jeu à Yves-du-Manoir, et Rob Linde venait de pointer le premier essai bayonnais. On crut d'abord que les spectateurs sanctionnaient de cette façon la double bourde de Thierry Brana, qui s'offrit le luxe de perdre le ballon au terme d'une relance kamikaze avant de laisser Sam Gerber le mystifier d'un inter-exter d'école de rugby. Et pour tout dire, on trouvait cela nettement exagéré comme réaction.

Charles Gaudin, assis à ma droite, me suggéra alors que cette sensation de nausée, poussant inexorablement les VIP du stade Yves-du-Manoir vers les entrailles du stade, pouvait être d'origine alimentaire. Impossible, lui répondis-je, connaissant un peu moins que Pierre-Laurent Gou, mais pas mal quand même, les qualités de la réception montpelliéraine. Un avis auquel je me conformais, voyant toujours plus de spectateurs déserter les travées après les essais de Fall et de Gerber, inscrits avec une insolente facilité.

Et pourtant, un doute m'assaillit. Car, malgré l'habituelle révolte de fin de match de leurs protégés, ces spectateurs ne remontèrent pas à leur place. Etrange. Privé d'une partie de son soutien, le MHR ne parvint pas à rééditer l'exploit d'une remontée fantastique réussie face à Toulon ou Paris. Ce n'est que dans l'intimité du vestiaire que la vérité m'apparut, toute crue. Charles Gaudin avait raison, et une cinquantaine de privilégiés ayant partagé le repas d'avant-rencontre se trouvaient là, souillant leur cravate, aux petits soins du service de sécurité, du Samu et des pompiers.

Tragique ironie, d'autant que le député-maire de Bayonne Jean Grenet, assis à la droite de Thierry Perez, n'avait pas manqué deux heures plus tôt de souligner la qualité du repas... Un drôle de hasard pour une défaite moins inquiétante pour Montpellier que porteuse d'espoir pour l'Aviron. Gageons que, si les Bayonnais se maintiennent, ils pourront venir, à leur tour, déposer une belle gerbe dans le hall d'Yves-du-Manoir...

Montauban/Perignan (16-13) - Jérôme PREVOT

De cette victoire capitale pour Montauban, une action nous reste en mémoire. Cette ultime pénalité (sévère) pour Perpignan, cette touche et cette succession de pick and go dans les 22 montalbanais. Les Catalans se voyaient bien inscrire un essai assassin aux forceps, le stade entier les en a crus capables sauf que dans un effort désespéré, le pack montalbanais a grapillé la balle sous le museau de Nicolas Durand. "Je ne sais pas qui a gagné cette balle, je ne veux pas le savoir," a commenté Marc Raynaud. Une rapide enquête nous a donné un nom : Rowan Frost, travailleur néo-zélandais souvent dans l'ombre mais qui sert le maillot vert et noir depuis l'été 2006. Il n'a joué que treize minutes samedi, pourt un exploit qui aurait pu passer inaperçu.

Clermont/Albi (45-18) - Emmanuel MASSICARD

On attendait Napoleoni Nalaga et ses relances fulgurantes pour éclairer le choc des extrêmes, entre Auvergnats et Tarnais. La flèche fidjienne fut discrète, imprécise et jamais décisive. Le spectacle est pourtant venu des ailes, plus précisément du côté opposé ou Wesley Fofana et Anthony Poujol se sont livrés formidable duel, un véritable attaque-défense. Portés vers l'offensive, provocateurs en diable, inspirés et surtout efficaces, les deux ailiers ont assuré le spectacle. D'abord Poujol, qui marqua un essai plein de culot en première mi-temps. Qui vit sa deuxième réalisation, après la pause, refusée à la vidéo pour un pied à l'extérieur de l'enbut alors qu'il avait pris le meilleur sur ses adversaires. Fofana ensuite, qui fut épatant d'enthousiasme offensif. Qui fit souvent la différence sans parvenir toutefois à conclure par un essai. Poujol et Fofana, s'ils ne sont pas les premiers choix dans leur club respectif, ont prouvé qu'ils méritaient d'évoluer en pleine lumière.

Toulouse/Toulon (3-6) - Nicolas AUGOT

Le public toulousain a-t-il la mémoire courte ? En tout cas, il peut se montrer colérique et par moment peu respectueux envers ses propres joueurs. Bien sûr, les hommes de Guy Novès n'ont pas livré une grande prestation face à Toulon, mais méritaient-ils l'acharnement de tout un stade ? On pense évident à l'ouvreur David Skrela, peu en réussite dans ses tentatives de but, et copieusement sifflé. Une attitude qui a finalement servi les intérêts des adversaires comme l'expliquait Fabien Cirbray à la fin de la rencontre : "Quand nous avons entendu le public siffler David Skrela, nous avons senti que si nous resserrions un peu les lignes, c'était jouable." Et effectivement, les Toulonnais, pas plus brillants que leurs hôtes mais solidaires, ont réussi à faire chuter le Stade toulousain à Ernest-Wallon. Ce n'était plus arrivé depuis novembre 2006 face à Brive. Certainement pas assez suffisant pour obtenir la clémence des supporters...

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