Montpellier à deux vitesses

Il n'y pas de doute, c'est un match important qu'a gagné le MHR samedi dernier à Du-Manoir contre Perpignan. Pas tellement par l'éclat du jeu déployé (tous les points furent inscrits au pied dans cette rencontre sans essai), pas seulement parce que battre le champion en titre reste toujours une performance, quelque soit la manière d'ailleurs, mais plutôt et surtout parce que la bande à Fulgence Ouedraogo, a retrouvé un état d'esprit de guerriers. Cette force mentale qui peut faire basculer les rencontres. "On a retrouvé nos vertus sur ce match", avançait Michel Macurdy dans Midi Olympique. Cela a aussi permis de combler le déficit de confiance et d'assurance que seule une victoire pouvait ranimer. Le MHR a pris l'air, respire, profite de cette bouffée d'oxygène salvatrice et bienvenue. Mais attention, la prudence est de rigueur. Contre Brive, les hommes de Denis Navizet n'avaient été que l'ombre d'eux-mêmes la semaine précédente. Comme il l'indique avec lucidité: "Nous sommes encore une équipe de réaction."

Des performances en dent de scie

"Nous sommes des agneaux à l'extérieur et des lions à la maison", glissait Sylvain Mirande, titularisé au centre face à Perpignan. Cette analyse ne manque pas de pertinence si l'on s'en tient aux faits constatés sur les deux premières journées. Deux matchs, c'est peu pour réaliser une analyse de fond, mais suffisamment pour constater la dualité de cette équipe. Inexistants dans le jeu, écrasés dans le combat, totalement défaillants en conquête face à Brive, les joueurs du MHR ont retrouvé leurs valeurs face aux Catalans, en proposant une défense admirable, une très bonne tenue en mêlée fermée, et en démontrant des velléités offensives intéressantes. Enfin. "Après notre défaite à Brive, nous étions un peu abattus car nous débutions mal la saison et des doutes apparaissaient déjà. Nous avons travaillé toute la semaine pour proposer une défense agressive face à Perpignan. Nous voulions démontrer que nous n'étions pas morts, que notre première défaite était un accident", explique le jeune Benôit Paillaugue, titularisé à l'ouverture et auteur des 18 points des siens.

Rester concentrés

Montpellier a donc prouvé, à ceux qui en doutaient, qu'il n'est pas condamné à essuyer les plâtres du Top 14, et à servir de sparring-partner, comme ce fut le cas à Brive. La prestation intéressante de la ligne de trois-quarts entièrement française, sur laquelle le groupe doit s'appuyer, est un signe encourageant. Toutefois, une mise en garde s'impose ; gare au relâchement, Montpellier va devoir lutter férocement pour exister dans ce championnat. La régularité sera un des objectifs des entraîneurs. L'arrière Benjamin Thiery, reste conscient qu'il ne faut pas s'emballer, et pointe une stérilité offensive, qui sera un des enjeux à venir : "Attention, nous avons du potentiel derrière mais, après deux matchs, nous n'avons pas encore inscrit le moindre essai, preuve s'il en est qu'il reste encore du travail à faire." Dernière chose, la performance contre l'Usap de la formation qui pourrait ressembler à l'équipe type montre que le MHR n'a peut-être pas les moyens de trop faire tourner son effectif comme ce fut le cas lors de la première journée. Le staff héraultais pourrait toutefois être encore tenté de le faire pour le déplacement sur le terrain du Stade français...