McKenzie: "Il fallait un responsable"

Par Rugbyrama
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En exclusivité pour notre site, Ewen McKenzie, entraîneur australien du Stade français jusqu'à ce mardi matin, est revenu sur son éviction. Il ne néglige pas sa part de responsabilités dans les résultats actuels mais il reconnaît qu'il a eu du mal à s'adapter au fonctionnement du club.

Après votre éviction mardi de votre poste de manager du Stade français, quel est votre premier sentiment ?

Ewen McKenzie: C'est bien sûr une grande déception. Cela fait douze ans que j'exerce le métier d'entraîneur et c'est la première fois que je ne vais pas au bout d'un contrat. J'ai le sentiment de ne pas avoir fini ce que j'avais à faire. C'est dommage. Je sentais que l'équipe allait en s'améliorant et que les résultats n'allaient pas tarder à suivre. On ne m'en a pas laissé le temps. C'est ainsi et je le comprends. Cela fait partie du job. Lorsque les résultats ne sont pas là, il faut un responsable ; En tant que manager, c'est normal que cela tombe sur moi. Même si je crois que les responsabilités sont partagées.

Quand avez-vous appris que l'on ne comptait plus sur vous ?

E. M.: J'ai eu plusieurs entretiens avec Max lundi, puis de nouveau ce matin. Mais il est vrai qu'après la défaite contre Montauban, j'ai senti que quelque chose se passait.

Comment l'expliquez-vous ?

E. M.: Je n'ai jamais travaillé aussi dur pour une équipe. J'ai donné le meilleur de moi-même. Mais cela n'a pas suffit. Le Stade français est un club particulier. Nous n'avons pas les mêmes devoirs que les autres équipes. Le marketing autour de l'équipe est aussi important que ses résultats. On doit s'assurer que les résultats soient bons et que le marketing fonctionne bien. C'est un fonctionnement particulier, unique même. Mais je ne le remets pas en cause. J'ai aimé cette spécificité, cette nouvelle culture. Je n'ai pas réussi à obtenir des résultats, je dois en payer le prix. Peut-être que mes successeurs y parviendront. L'équipe a un énorme potentiel. Peut-être était-ce la bonne décision de provoquer un changement.

Vous semblez réaliste ?

E. M.: Il est évident qu'il y avait un problème de philosophie entre le club et moi. Je n'ai, par exemple jamais, compris pourquoi on fermait les entrainements aux médias alors que la volonté du club était de faire du marketing, donc que l'on parle de l'équipe. Mais c'est un fait : le marketing est bon lorsque l'équipe gagne et nous ne gagnions pas, alors…

Max Guazzini a expliqué votre éviction en disant que votre message et celui de Christophe Dominici ne passaient plus auprès des joueurs, qu'en pensez-vous ?

E. M.: Peut-être, mais il faudrait le demander aux joueurs. J'ai pourtant fait des efforts. J'ai essayé de parler en français. Bien sûr qu'en parlant en français, je ne pouvais pas être aussi précis que si j'avais délivré le message en anglais. Mais j'ai fait cet effort, parce que je pensais que c'était important. John Connolly en son temps parlait en anglais et cela lui avait coûté sa place. J'ai essayé de faire l'inverse. Ca n'a pas marché. Mais je crois que mon message ne passait plus seulement avec certains joueurs. Et cela est le cas dans toutes les équipes. Ceux qui ne jouaient pas, se sont peut-être lassés. Mais je crois pouvoir dire que la communication passait avec les joueurs-clé. Si c'est le sentiment de Max, si c'est cela qui fait que l'on ne jouait pas bien, je me dois de l'accepter.

Avez-vous commis des erreurs durant le temps où vous étiez au Stade français ?

E. M.: Si je ne devais pas refaire quelque chose, ce serait de vouloir adapter ma méthode au club. Lorsque je suis arrivé, je suis arrivé seul, si l'on excepte Grant Duthie. J'ai pris le club comme il était et décidé de faire avec tous ceux qui étaient déjà en place. Je ne remets pas en cause leur compétence, mais peut-être que si c'était à refaire, je viendrais avec mon équipe, pour que tout le staff aille dans la même direction. C'était un challenge pour moi de fonctionner ainsi. J'ai pris ce risque. Max a pris le risque de me prendre. Nous avons travaillé dur ensemble pour obtenir des résultats. Nous ne les avons pas obtenus. Deux solutions s'offraient alors : continuer à travailler comme on le faisait ou dire stop. Peut-être est-ce la meilleure décision pour l'équipe.

Vous sentiez-vous bien ici dans votre vie à Paris ?

E. M.: Cette année, j'ai été vraiment heureux de retrouver l'entrainement des avants. Nous avons progressé. Tout n'a pas été noir. J'ai rencontré des gens fabuleux en France. Maintenant, cela a été dur de vivre si loin de ma famille. Ce n'est pas normal de rentrer chez soi le soir et de se retrouver seul. Cela a été dur, oui. Les jours étaient durs à cause du travail, les soirées étaient longues. C'est peut-être le point positif. En rentrant chez moi, je vais retrouver les miens.

Quelle était votre relation avec Christophe Dominici ?

E. M.: Elle est compliquée la première saison. Mais nous nous sommes mis à travailler en bonne intelligence cette année. L'an passé, il y avait trop d'intermédiaires entre nous. Cela ajoutait à la confusion. Cette année, c'était plus simple, mais les résultats ne sont pas venus.

Qu'allez-vous faire maintenant ?

E. M.: J'ai encore des détails à régler avec le club. Je vais probablement rester encore une semaine et puis repartir en Australie. Là-bas, je ne coacherai pas cette saison. Je vais en profiter pour m'occuper de ma famille. Mais avant cela, je voudrais voir quelques joueurs, même si c'est délicat. Je ne le ferai pas de façon formelle. Je ne veux pas être envahissant. Mais il y a des joueurs que j'ai fait venir à Paris et je me sens désolé pour eux.

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