Jutge : "J'ai réalisé mes rêves d'enfant"

Par Rugbyrama
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Joël Jutge, l'un des trois arbitres professionnels français, a été contraint de raccrocher les crampons. A 43 ans, il a dû prendre cette décision parce qu'il n'arrive pas à se rétablir d'une opération à un genou. Il revient sur sa carrière et sur les responsabilités qui l'attendent dorénavant.

Pourquoi avoir décidé de mettre un terme à votre carrière ?

Joël JUTGE : C'est une décision qui s'est imposée à moi. Après deux opérations du genou, j'ai fait beaucoup d'efforts de rééducation puis de préparation à la saison qui allait arriver. Et je me suis rendu compte que plus je mettais de l'intensité dans mes entraînements, plus j'avais des difficultés. Il a fallu que je me pose les bonnes questions. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Ne mets-je pas en péril mon intégrité physique ? Tous les médecins que j'avais rencontrés m'avaient dit que je pouvais continuer et que la décision m'appartenait. J'ai beaucoup hésité, je voulais vraiment aller jusqu'à la Coupe du monde 2011. Mais je ne me voyais pas passer des heures à glacer mon genou, des heures chez le kiné… J'ai boité pendant un an, je sais ce qu'est la douleur et il était hors de question de revivre ça. Cela n'aurait pas été raisonnable, ni intelligent.

Cette décision a dû être difficile à prendre.

J.J. : Oui. Ça a été très dur, je l'ai vécu comme un véritable déchirement, mais la raison l'a emporté. Ça trottait dans ma tête depuis quelques temps et j'ai pris la décision un ou deux jours avant la finale du Top 14. Avec un sourire ironique, je pourrais dire que j'ai été précoce pour tout. J'ai arrêté ma carrière de joueur, très tôt, à 22 ans à cause d'une blessure au genou déjà. Celle qui me fait stopper ma carrière d'arbitre en est d'ailleurs une conséquence. Mais je ne ressens pas de frustration parce que j'ai réalisé mes rêves d'enfants. Je m'étais fixé un dernier objectif que je ne pourrai pas tenir mais, maintenant que j'ai digéré la chose, mes yeux sont tournés vers l'avenir.

Que retenez-vous de votre carrière ?

J.J. : Je peux dire que, tout le long de ma carrière d'arbitre, j'ai eu deux préoccupations : prendre du plaisir et obtenir la confiance des joueurs et des entraîneurs en essayant d'être le plus juste possible et en me tournant sans cesse vers le jeu. J'ai toujours cherché l'adéquation entre la règle et le jeu. La quête de cet équilibre m'a immédiatement passionné. Je crois vraiment m'être mis au service du jeu en gardant ce principe selon lequel la règle fait toujours référence mais qu'il faut savoir l'adapter autant que possible. Je crois, dans l'ensemble, y être arrivé.

Quel est votre souvenir le plus fort ?

J.J. : Je suis incapable d'en sortir un, il y en a trop. J'ai connu beaucoup de matchs merveilleux : mon premier match du Tournoi des 6 Nations, celui des Lions contre la Nouvelle-Zélande ou encore le premier match de l'Angleterre à Croke Park contre l'Irlande… Mais plus que des matchs, ce sont les rencontres qui m'ont marquées. J'ai toujours vu des gens passionnés, je me suis parfois heurté avec eux mais les échanges ont toujours été riches.

Avez-vous des regrets ?

J.J. : Celui de ne pas avoir été au bout de mon dernier challenge, non pas par manque de compétence mais à cause de ce problème de santé. J'ai mis un moment à comprendre le système dans lequel j'évoluais et j'ai l'impression que je maîtrisais les choses maintenant. Je ne subissais jamais ce que je sifflais et c'était toujours dans l'intérêt du jeu. Quand je n'ai pas été juste, c'était involontaire et cela m'agaçait beaucoup.

Sur proposition de la FFR, vous avez pris le poste d'adjoint de la DTNA auprès de Joël Dumé. Quelles seront vos fonctions ?

J.J. : Je vais travailler avec Joël Dumé, nous allons nous partager les différentes tâches et il y aura des vases communicants. Concrètement, je vais prendre en charge le haut niveau, c'est-à-dire gérer les arbitres du Top 14 et du Pro D2. Tout cela se fera sous la houlette de Didier Mené. Je remercie Pierre Camou et René Hourquet d'avoir pensé à moi et je suis très heureux de travailler avec Joël Dumé. Nous avons la même vision des choses.

Cette nouvelle mission sera-t-elle une autre manière d'être "au service du jeu" comme vous le disiez tout à l'heure ?

J.J. : Complètement. C'est un challenge très intéressant pour moi et cela constitue, finalement, une suite logique des choses. Je fais, deux ans plus tôt, ce que j'aurais voulu faire si j'avais été jusqu'à la Coupe du monde 2011. C'est une mission importante. Les arbitres sont les garants du jeu et il doivent s'assurer que les évolutions du rugby restent en adéquation avec le jeu. Cela doit rester une priorité. Des choses ont été faites en ce sens, d'autres vont venir, qui seront dévoilées rapidement. Mais je suis content de prendre ces nouvelles fonctions. Cela me permet de faire une cassure moins violente. La transition est plus douce.

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