Montpellier en rêve

A quoi voit-t-on que Montpellier a grandi? A la lecture du classement, bien sûr. Installé dans le trio de tête, le MHRC navigue sur des hauteurs inhabituelles pour lui. Mais au-delà des chiffres, c'est surtout au niveau de l'état d'esprit que se mesure cette nouvelle ambition. Les Héraultais débarquent à Paris non pas la fleur au fusil, comme c'était le cas avant, mais le couteau entre les dents. Plus en victime expiatoire, mais en bourreau potentiel. Les temps changent. Qui aurait pu imaginer que le Stade français aurait tout à craindre de la venue dans la capitale des Montpelliérains, où ces derniers ont reçu fessée sur fessée ces dernières saisons.

De là à placer l'équipe de Didier Nourault dans le costume du favori, il y a évidemment une marge. Mais Montpellier ne se cache pas, à l'image de l'une de ses jeunes vedettes, Louis Picamoles. "S'il nous reste pas mal de travail, nous y allons confiants, avec l'ambition d'imposer notre jeu, affirme-t-il dans Midi Olympique de vendredi. Nous ne prétendons à rien, mais nous nous déplaçons clairement pour gagner." Quelle métamorphose tout de même de la part d'un groupe qui, il y a encore six mois, luttait pour a survie en Top 14...

La fin d'un complexe

Le simple fait que Montpellier envisage une victoire en terre parisienne en dit long sur la métamorphose de cette équipe. C'est, déjà, presque une victoire. Alors le MHRC se prend au jeu, forcément. Officiellement, il n'a rien à perdre à Jean-Bouin samedi soir. Une défaite ne remettrait rien en cause. Rien sauf, peut-être, une certaine forme d'ambition. Aux yeux de certains, cette troisième place n'est pas encore complètement légitime. C'est pour tordre définitivement le cou aux sceptiques que les coéquipiers d'Olivier Diomandé rêvent de frapper un très grand coup.

L'actuelle fragilité parisienne renforce un peu plus encore les espoirs montpelliérains. Mais comme les grands, Montpellier préfère se focaliser sur on jeu, plutôt que sur celui de son adversaire. D'autant que la victoire obtenue à Brive, la première en déplacement depuis deux ans et demi, a fini de décomplexer l'équipe qui, jusqu'alors, avait tendance à afficher deux visages radicalement différents à domicile et à l'extérieur. " Maintenant, nous savons que nous pouvons le faire", lance Alain Hyardet en référence à la victoire corrézienne.

Il serait tout de même extraordinairement paradoxal que Montpellier, si longtemps stérile hors de ses bases, vienne mettre un terme à l'incroyable invincibilité parisienne à domicile, qui court depuis le 4 septembre 2004. L'exploit aurait valeur de tremblement de terre dans le paysage rugbystique français. Il aurait le mérite de crédibiliser pour de bon le nouveau statut du MHRC.