Labit: "Narbonne est trop oublié"

Par Rugbyrama
Publié le
Partager :

L'ancien joueur du Stade Toulousain, Christian Labit, à Narbonne depuis deux ans, se dit fier d'apporter son expérience à un groupe jeune et dynamique. Mais le troisième ligne regrette que l'on ne parle pas plus de ce club qui symbolise "les vrais valeurs

CHRISTIAN LABIT, Quel constat faites-vous après 10 journées de Top 14 ?

C.L: C'est un bilan plutôt positif par rapport à la saison dernière. On avait mal entamé le début de championnat avec beaucoup de défaites à l'extérieur. Mis à part le premier match gagné contre Paris, nous avons ensuite enchaîné les défaites. On avait la pression. Mais je pense que cette année reste beaucoup plus positive.

Dans quel état d'esprit le groupe prépare t-il la suite de la saison ?

C.L: Le groupe est pratiquement le même que l'an passé, ce qui est un avantage. Les jeunes continuent à évoluer et à jouer au plus haut niveau. Et forcément ils deviennent un peu plus matures et performants, notamment derrière. On a des joueurs qui commencent à réellement ressortir du lot à chaque week-end et ça c'est positif.

Votre expérience est un atout important dans cette équipe très jeune...

C.L: Ce qui est sûr, c'est que j'espère apporter le maximum, c'est mon rôle. Je n'ai plus les jambes de 20 ans mais c'est vrai que dans des moments importants, dans le parler, dans l'approche des matches, dans les matches durs aussi, je pense apporter ce qu'ils attendent de moi. J'essaye de mettre mon expérience au service de ce groupe qui n'en a pas beaucoup. Et ça se passe très bien. La semaine dernière, c'était mon premier match à l'extérieur, qui plus est au Stade Toulousain. Et ça c'est très bien passé avec eux.

L'accueil qui vous a été réservé par les supporters toulousains était énorme. Qu'avez-vous ressenti ?

C.L: Impressionnant ! Je ne m'attendais pas à ce que se soit aussi fort. Parce que cela fait deux ans déjà que je suis parti. J'avais laissé une bonne image de moi, mais je croyais qu'avec le temps elle s'oublierait un peu. Cela a été exceptionnel. Une ovation en entrant, en sortant. C'est très plaisant. C'est aussi une reconnaissance et ça, c'est magnifique.

Pourquoi avoir fait le choix de quitter le Stade Toulousain ?

C.L: C'est vrai que j'aurais pu conserver ce statut en restant. Mais j'ai voulu partir pour un choix purement sportif. Il me restait 2 à 3 saisons à jouer. Je vieillis, il ne faut pas l'oublier, alors je savais très bien que j'aurai eu du mal avec le temps. Même si finalement je me suis rendu compte que j'aurai pu jouer pas mal de matches. Mais tant pis. Je voulais faire ce choix car je voulais apporter quelque chose de nouveau à une équipe qui en avait besoin.

Besoin de temps de jeu aussi...

C.L: Oui. J'étais sûr de jouer tous les week-end en venant à Narbonne. C'est ce que je voulais pour ne pas finir aux oubliettes. Je n'avais pas envie de finir comme ça. Et justement le RCNM avait cet état d'esprit, ce désir de me faire jouer. Du coup cela m'a fait rebondir à 34 ans. C'est merveilleux. Et puis on fini 10e l'an passé, dans un top 14 pas simple. C'est bien.

Que pensez-vous des surprises de ce championnat, à l'image du promu Montauban ?

C.L: Je ne suis pas très surpris. On est l'une des seules équipes à ne pas avoir trop recruté, à ne pas avoir chamboulé l'effectif. Et lorsque l'on prend Montauban et Albi, ils ont au moins recruté quinze joueurs. Même si ce sont des petits budgets, ils ont pris de bons joueurs. Ces petits vont donc être difficiles à battre. La preuve, ils font des résultats. Nous, on perd dès la première journée là-bas, à Montauban, qui tape ensuite le Stade Français.

Le fait que Narbonne soit peu médiatisé, comme vous l'avez souvent reproché, dérange t-il vraiment ?

C.L: C'est vrai que je gueule un peu en ce moment parce qu'on nous oublie. Mais bon, ce n'est pas grave. D'un autre côté, c'est bien qu'on ne parle pas trop de Narbonne. Ca nous permet de nous préparer tranquillement. Ce week end, si l'on bat Bourgoin, on peut se revenir pratiquement à égalité avec Perpignan et Bourgoin. Ce qui se fait presque de mieux dans le championnat. Alors tant mieux pour nous. Mais c'est vrai que l'on parle de toutes les équipes, de toutes ces curiosités du championnat et qu'on oublie Narbonne, qui est pratiquement l'avant dernier plus petit budget du Top 14 et qui n'a recruté que quatre ou cinq garçons.

Il est vrai que Narbonne mise sur la continuité, la jeunesse...

C.L: C'est exact. Notre ligne de trois quarts est constituée uniquement de jeunes de centres de formation, soit de Perpignan, du Stade Toulousain ou de Narbonne. Il y a le jeune seconde ligne Micheau, d'Aix en Provence. La première ligne Ducalcon-Mololo, dont personne ne voulait, réalise finalement de gros matches. Thibault Algret pareil. Julien Seron, Cédric Rosalen, Olivier Benassis et Lionel Mazars, idem. Le jeune Planté, que personne ne connaissait, même chose. C'est ça le rugby français ! C'est ce genre de perspectives que l'on devrait promouvoir parce que c'est vers ça que doit tendre le rugby français d'après moi.

Narbonne, tout un symbole ?

C.L: On peut dire que nous sommes le symbole de la "réussite" en ce moment, surtout si l'on gagne samedi contre Bourgoin. On serait 7e ou 8e avec une équipe pratiquement sans nouvelle recrue et qu'avec des jeunes sortants des centres de formation des alentours. Qu'on parle de nous ne serait pas une mauvaise chose car ces jeunes le méritent. Ils ont besoin d'être reconnus. On n'a peut être pas réussi à l'extérieur jusqu'à présent, mais on n'a perdu que de six points à Toulouse. Peu d'équipe aurait pu prendre le point de bonus là-bas.

La venue de Bourgoin est un match important pour vous. Comment se porte le groupe avant ce choc ?

C.L: On est clairement en train de se préparer pour gagner Bourgoin. L'enjeu est de taille. Si on les bat, nous serons à un seul petit point de Perpignan. Et si nous obtenons le bonus, nous serons à égalité. Quand je vois toute la médiatisation qu'il y a autour du club catalan, et qu'ils ne font pas mieux que nous... C'est quelque chose à souligner. Le groupe commence à vivre et à jouer. Les jeunes deviennent meilleurs. Le club s'inscrit dans la continuité, ce que les entraîneurs ont parfaitement compris. C'est une très bonne chose.

Photos Philippe Leblanc, L'Indépendant

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?