Montpellier sur un fil

Par Rugbyrama
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Un stade en construction qui fait mousser les ambitions, mais un avenir immédiat qui sent l'angoisse: lanterne rouge du Top 14, Montpellier jouera bien plus qu'un simple match, vendredi face à Bayonne, lors de la 19e journée. C'est une partie de l'avenir

Toute la situation du club se résume en moins d'un kilomètre à vol d'oiseau. On y passe du vieux stade Sabathé, 6000 spectateurs, main courante comprise, engoncé entre rues et maisonnettes et dernier témoin d'une certaine idée du rugby à la papa, à une enceinte de béton aérienne, que l'on devine fruit d'une belle prouesse technique. C'est ici au stade Yves-du-Manoir, sur une zone de 15 hectares des quartiers sud de la ville facilement connectée à l'autoroute et au tramway et flanquée de parkings, que le Montpellier Hérault débutera quoi qu'il en soit la saison 2007-2008. Les Australiens y éliront aussi domicile pour s'entraîner lors de la prochaine Coupe du monde.

Budget bas de gamme

Il faut voir Thierry Perez, le président du MHRC, s'enthousiasmer modestement à la visite de ce "lieu de vie" à 63 millions d'euros, financé majoritairement par l'agglomération. Il préfigure un changement d'ère: 24 loges "déjà quasiment toutes vendues", une brasserie, le siège du club, d'immenses salles de réception, 12 000 places assises... Mais aussi des salles de musculation et quatre terrains d'entraînement, dont un en synthétique. La ville en manquait singulièrement. C'est à Palavas ou la Grande Motte que doivent s'entraîner les jeunes aujourd'hui. Et quand il pleut, pour préserver le pré de Sabathé, les "pros" se retrouvent dans un gymnase...

On comprend donc le président, ancien deuxième ligne de Nîmes et ex-promoteur immobilier, quand il soupire: "ce serait dommage de jouer ici en Pro D2". "On aurait du mal à digérer, même si le nouveau stade ne nous met pas une pression supplémentaire". "Du Manoir" devait sceller en tout cas une réelle progression de ce club symbole du rugby des villes, 8e du Top 14 en 2004, 11e en 2005 et 2006 et qui atteint aujourd'hui ses limites. Né de la fusion de deux clubs en 1986 suscitée par le maire de l'époque Georges Frêche, le MHRC a retrouvé l'élite en juin 2003.

"Quatre ans sous tension"

Après deux saisons correctes, il y est à la peine. La faute notamment à un budget bas de gamme, de 7,4 millions d'euros pour la SAOS: "pour être compétitif, il nous faudrait au moins 1,5 million supplémentaire"... que pourraient engendrer les recettes commerciales du nouveau stade. "Cela fait quatre ans que nous sommes sous tension, commente aussi le coach Didier Nourault, au club depuis 2000. Honnêtement, on s'épuise un peu à jouer le maintien à chaque fois. Nous sommes toujours obligés d'être à 100%. C'est la différence avec les gros clubs".

Les blessures à répétition (Todeschini, Vallée et Vigna) ne l'ont pas non plus aidé. Nourault note aussi, en ligne avec son président, que ce Championnat resserré, avec deux descentes, n'autorise aucun faux-pas et accorde de fait priorité quasi-absolue à la défense: "Quand on voit le jeu libéré pratiqué par les Celtes, dans un Championnat sans descente, on se pose des questions". Le coach ne veut pourtant pas renoncer à l'idée de promouvoir les jeunes du club. Ils sont 450 à l'école de rugby, le centre de formation est classé "catégorie 1" et le MHRC compte 11 internationaux dans les catégories de jeunes.

C'est ce travail-là qui vaut au club le soutien des collectivités. Et lui assurera un ancrage à long terme dans cette ville où la concurrence avec les autres sports collectifs est vive. Champion du monde des moins de 21 ans, pur produit du centre de formation, le demi de mêlée Julien Tomas résume: "avec le nouveau stade, on entendra encore plus parler de rugby ici" . "Ce serait un bonheur d'y évoluer en Top 14, dans ce club encore familial. On jouera un peu la vie du club vendredi."

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