Bleus : l’effet mouillé

C’est sous des trombes d’eau que les Bleus ont pris le dessus sur les Fidji à Nantes. Une victoire certes, mais sans réellement convaincre selon les propres mots du staff technique. La raison : un plan de jeu non respecté en deuxième période et un manque d’ambition chronique. La cause : en partie des conditions climatiques exécrables. Le sélectionneur en était conscient mais ce contexte n’a pas suffi à atténuer sa frustration. "Alors que le suspense et le stress étaient moindres, j'aurais voulu voir plus de choses, indiquait Marc Lièvremont au lendemain du match. J'aurais aimé que certains joueurs se mettent plus en évidence pour préparer le match contre l'Argentine. Au lieu de cela, on s'est contenté de gérer". Alors, une semaine plus tard, les Français auront envie de montrer autre chose sous le soleil montpelliérain !

Sauf que… Les nouvelles sont loin d’être rassurantes en ce qui concerne la météo sudiste de ce samedi. Et les Bleus ont de grandes chances de devoir à nouveau se tremper pour venir à bout de l’Argentine. Une équipe à qui ces conditions semblent convenir à merveille. "Les Argentins savent se montrer pénibles, avance Lièvremont. Ils possèdent une excellente organisation, que ce soit en défense, en conquête ou dans le jeu au sol." "Pénibles, je ne sais pas si c’est le terme approprié, renchérit Imanol Harinordoquy. Disons qu’ils savent parfaitement contrer le jeu adverse." Et avec un ballon glissant et des appuis instables, le jeu des Français pourraient être encore plus exposé aux contres des Pumas. Ces derniers, comme ils l’ont prouvé lors des dernières confrontations face aux Bleus, savent se montrer restrictifs et diablement pragmatiques pour crucifier leur adversaire.

"Mettre en place un jeu ambitieux"

Ainsi, Alexis Palisson, titularisé pour la première fois à l’arrière du XV de France, peut s’attendre à être visé par les chandelles à répétition de Felipe Contepomi sur les phases offensives. Rappelez-vous le double-duel franco-argentin de la Coupe du monde 2007… Et défensivement, les Pumas pourraient se contenter de ralentir le jeu adverse et d’attendre les erreurs - en espérant un plus grand déchet en raison des conditions - pour en profiter. "Dans les regroupements, ils laissent toujours traîner une ou deux mains pour ralentir la sortie du ballon", note Julien Pierre. Réalisme et efficacité… Le piège est donc de tomber également dans un jeu stéréotypé. Pas question selon Marc Lièvremont, alors que celui de son équipe semble encore en construction : "Le temps ne va pas être génial mais il faut mettre en place un jeu ambitieux. Etre restrictifs dans nos intentions serait le meilleur moyen de se planter."

Le mot d’ordre était clair cette semaine et les acteurs l’ont répété en boucle : "Nous essayerons de produire un peu plus de jeu que contre les Fidji, promet Julien Pierre. Samedi dernier, les conditions climatiques étaient extrêmes mais il faut parvenir à mettre davantage de volume, même si nous savons que l’on prévoit encore de la pluie pour le match à Montpellier." Pour cela, il faudra évidemment, comme à Nantes, soigner la conquête – le secteur qui paraît le plus performant et abouti à ce jour -, et ajouter le brin de créativité qu’il avait manqué dans la ligne de trois-quarts. A Montpellier, elle sera à nouveau expérimentale mais la puissance combinée de Traille, Jauzion et Rougerie s’avérera précieuse au centre du terrain pour créer des points de fixation et rapidement renverser le jeu. De toute façon, les Bleus l’ont promis : ils ne se chercheront aucune excuse météorologique. "S’il pleut, on dira que la pluie de Nantes était un entraînement", ose même Julien Pierre.