Millo-Chluski au poste de combat

Mardi matin, dans l'amphithéatre du CNR de Marcoussis, le sélectionneur Marc Lièvremont a annoncé un trio inédit en première ligne pour le premier round des tests d'automne contre les Fidji au stade de la Beaujoire à Nantes. Une ligne de front expérimentale avec le débutant Jérome Schuster, le néophyte Luc Ducalcon (1 sélections) et l'apprenti Guilhem Guirado (5 sélections). "Une première ligne jeune et explosive", a présenté Lièvremont. Mais si la mêlée fidjienne autorise les audaces, les entraîneurs des Bleus ont quand même minimisé les risques en alignant derrière les promesses de la première ligne, deux joueurs de poids : Jérome Thion et Romain Millo-Chluski. "Deux poutres", a synthétisé Marc Lièvremont. Mine de rien, Thion repris de justesse suite au forfait de Pascal Papé, l'incontournable en l'absence de Lionel Nallet, s'appelle donc Romain Millo-Chluski (27 ans, 14 sélections). Absent lors du dernier Grand Chelem mais invité pour défier les Springboks (42-17) lors de la dernière tournée d'été, Millo-Chluski s'impose clairement dans les plans à dix mois du Mondial en Nouvelle-Zélande, prolongement logique de ses performances avec le Stade toulousain, patron du Top 14.

Il est dans les starting-blocks alors qu'il reste dix tests d'ici son entrée en lice en Coupe du Monde le 10 septembre 2011 contre le Japon au North Harbour Stadium. Mais Millo-Chluski s'interdit de voir plus loin que ce premier combat contre les Fidji. "Le Mondial, c'est dans un peu moins d'un an et il y a encore des échéances avant cette compétition même si le début de l'année 2011 va marquer l'entrée dans la dernière ligne droite. Avant, il y a des échéances à part entière. Face aux Fidji c'est la première : il est important de bien démarrer cette tournée d'automne, essentiel de faire quelque chose de bien face à cette équipe. Le Mondial est un événement unique, majeur. J'ai tout ça dans un coin de la tête. Mais être focalisé uniquement sur ça, ce serait brûler les étapes. Il y a des matchs, une saison en parallèle".

Humilité et rigueur

Romain Millo-Chluski veut respecter chaque combat. Alors, le deuxième ligne champion d'Europe 2010 s'interdit de poser seulement son regard à l'horizon. Même si le test face aux Fidji n'est pas le rendez-vous majeur de cette tournée d'automne. "Sur le papier, selon le classement IRB, le niveau va aller crescendo. Mais on commence contre les Fidji, une équipe joueuse, sur laquelle on dispose de peu d'informations. Mais beaucoup d'individualités évoluent en Top 14 et on connait leur qualités. Il faut les affronter sans les prendre de haut, en restant sur nos gardes. Être concentré, appliqué, faire preuve d'humilité". La même humilité qui avait accompagné les Bleus il y a exactement un an pour affronter les Springboks, champions du Monde au Stadium de Toulouse (20-13)... Un jour de gloire, un match monumental de Millo-Chluski. Derrière cette première ligne new-look, son rôle s'annonce encore une fois d'importance. Humble comme toujours, il minimise : "Schuster, Ducalcon et Guirado ont démontré de très belles choses en club. Si les sélectionneurs ont jugé bon de les aligner, c'est qu'ils ont de la qualité. Je vais essayer de faire du mieux possible, pour servir le collectif. Il va falloir se mettre au service des uns et des autres".

Ce sera la première sortie des Bleus depuis juin et la gifle de Velez infligée par les Pumas (41-13)... "Sans qu'il y ait besoin de le rappeler, tout le monde à l'Argentine en tête. Il n'y a pas d'excuse, maintenant, j'espère que ce n'était qu'une parenthèse. Ce match nous appartient, il ne faut pas l'occulter mais plutôt s'en servir pour avoir un surplus de motivation". Rigueur, victoire, les mots sont classiques. Mais sans faire de bruit, le deuxième ligne fait passer le message et s'impose. Samedi à la Beaujoire, ils ne seront que deux joueurs du Stade toulousain titularisés : Médard et Millo-Chluski, Skrela patientant sur le banc des remplaçants. Une rareté. Mais aussi le témoin du poids pris par Romain Millo-Chluski.