Bru : "On ne sent aucune progression. C’est un constat implacable"

  • Yannick Bru et Guy Novès à l'assemblée générale de la FFR - 2 juillet 2016
    Yannick Bru et Guy Novès à l'assemblée générale de la FFR - 2 juillet 2016
Publié le Mis à jour
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Au lendemain d’un match nul laborieux face au Japon (23-23), Jeff Dubois et Yannick Bru ont dressé un constat lucide sur le niveau actuel du XV de France. A deux ans de la Coupe du monde, les Bleus semblent repartir de zéro.

Rugbyrama : Guy Novès confiait après le match être tracassé par la pauvreté du contenu. C’est un constat que vous partagez ?

Yannick Bru : "Evidemment, on n’est pas satisfait des réponses proposées sur le terrain. C’est d’une telle évidence. On partage ce constat avec Guy. Il y a certaines réponses qui ne correspondent pas à ce qu’on voudrait. Il y a un souci. On est très déçus. On ne le nie pas. Ce math nul ressemble à une défaite, on ne va se cacher les choses."

Pensez-vous que votre équipe est en régression ?

Y.B : "C’est la réflexion qu’on doit mener. Après la tournée 2016, on ne sent aucune progression, c’est un constat implacable. Mais cette tournée n’était pas simple. Il a fallu gérer l’enchaînement de rencontres de haut niveau avec pas mal de blessures. Cela ne constitue pas une excuse. Mais pour avoir une forme de progression… on est reparti de zéro au début du mois de novembre."

L’équipe est fragile. On n’a pas d’atmosphère positive autour de nous.

Comment expliquez-vous le manque de vitesse de vos joueurs ?

Y.B : "Il y a des amorces de choses qui ont de la forme, de la cohérence mais c’est vrai qu’on manque de propreté sur la libération, on manque de promptitude dans les soutiens au porteur de balle. Il y a toujours un grain de sable qui vient ternir nos mouvements. C’est un axe de travail. Il y a aussi un manque de complicité sur des situations favorables. Il y a des réponses, une communication qui n’est pas bonne. C’est très frustrant."

Louis Picamoles expliquait après la rencontre que l’équipe de France n’était pas invitée sur la vitesse… Vous êtes d’accord ?

Y.B : "Le constat de Louis est perméable à la frustration. Il y a une disproportion avec des joueurs choqués. On a été bousculés par la vitesse d’exécution, de replacement des Japonais. Leur vitesse a été amplifiée par la surface. L’équipe est fragile. On n’a pas d’atmosphère positive autour de nous."

Ressentez-vous une forme d’impuissance ?

Y.B : "Il y a de mauvaises lectures sur les avancées. Il y a aussi des choses qu’on doit mieux travailler. Il ne faut pas fuir cette responsabilité. Il y a aussi une part de psychologie, mais c’est un privilège d’avoir cette pression. On joue avec les meilleurs, il faut l’accepter, l’apprivoiser. On a du mal à la manier."

Je ne pense pas qu’on ait un tempérament d’abandonner, à lâcher le navire quand ça secoue sévère.

Mais les joueurs ne sont-ils pas dans une impasse ?

Y.B : "Il faut poser la question aux joueurs. Il y a une forme d‘honnêteté, de transparence, d’implication des joueurs qui est totale. On échange beaucoup. Il y a une participation au projet, on sent une adhésion, une forme honnêteté. Après, est ce qu’on n’a pas voulu aller plus vite que la musique... Ça nous fait très mal de ne pas les voir heureux."

La préparation estivale n’est-elle pas un échec ?

Y.B : "Dans le fond, c’est une très bonne chose d’avoir ces dix semaines de préparation. Vous verrez sur le long terme qu’on récoltera les fruits de ce développement du joueur. Il y a des choses à améliorer, on aurait, vous auriez voulu voir des effets immédiats. Peut être qu’on a mal communiqué. Aucunement, c’était une préparation physique qui devait nous permettre d’être dominant en novembre. Mais on doit travailler sur la vitesse de décision, d’exécution."

Le capitanat de Guilhem Guirado peut-il être remis en question ?

Y.B : "Il faut poser la question au manager. Mais de mon point de vue, non. Il a vécu une semaine particulière (deuil familial). Je le remercie d’avoir mené les troupes samedi. Lui, comme nous, on doit tous amener notre part de responsabilités."

Est-ce que cette impuissance pourrait vous décider à démissionner ?

Y.B : "Franchement, le débat qu’on a sur le jeu, pourquoi on est en perte de confiance, c’est notre préoccupation. Mais le reste, ça n’intéresse personne, je ne pense pas qu’on ait un tempérament d’abandonner, à lâcher le navire quand ça secoue sévère. On doit mieux aux médias, au public français, à tous ceux qui consentent des efforts autour de nous. Ça génère une colère terrible."

Les joueurs sont-ils tout simplement au niveau ?

Y.B : "Là, à chaud, ce n’est pas le moment. On fera un constat individuel. Il y aura un débriefing important. Guy l’avait dit après cinq matches qui devaient nous permettre de faire un tour d’horizon du potentiel français à mi-mandat. On connaît l’exigence du très haut niveau. Elle nous saute à la figure, on va étudier les forces en présence. On aura les idées claires après le débriefing pour avancer sur les deux dernières années du mandat."

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