La France est 9e mondiale : elle a un an pour s'éviter la poule de la mort au prochain Mondial...

Le verdict était annoncé dès dimanche sur les réseaux sociaux. Il est tombé officiellement lundi. Après son revers en Argentine (30-19), et compte tenu de la victoire de l’Ecosse au Japon (26-13), le XV de France est rejeté à la neuvième place du ranking World Rugby. Jamais les Bleus n’étaient tombés aussi bas depuis la création de cette hiérarchie en 2003.

Ce classement est dérangeant. Avec son nombre de licenciés (433.144 en 2015), la France ne devrait pas figurer au-delà de la cinquième place, nous confie l’ancien sélectionneur du XV de France (1995-1999) Pierre Villepreux. On n’a pas bien travaillé depuis certaines années. Les torts sont partagés dans ce déclin. On est resté sur une formation, une méthodologie d’enseignement du jeu qui n’est pas au top. Il n’y a qu’à voir ce que l’on fait dans les écoles de rugby. On fait péter des gamins de 10 ans dans des boucliers. Et notre championnat, tel qu’il est aujourd’hui, ne peut pas produire de joueurs français à même de rivaliser. Nos joueurs ne sont pas préparés à aller vers le jeu mis en place par les meilleurs.

Le plus mauvais classement de la France depuis la création du World Ranking en 2003

Cette photographie objective de la valeur des nations est tout sauf une surprise. Si le XV de France mené par Philippe Saint-André avait miraculeusement grappillé une quatrième place en novembre 2012 pour devenir tête de série lors de la Coupe du monde 2015, il s’était ensuite effondré pour végéter entre la sixième et la huitième place. On est devenu une petite nation du rugby mondial, commentait l’ancien sélectionneur au soir de la terrible élimination en quart de finale de la Coupe du monde face aux All Blacks (62-13). Il ne faut pas faire de faux-semblants. On est à notre place.

Cette affirmation, si elle est restée en travers de la gorge de nombreux dirigeants, est pourtant une bien triste réalité. Depuis son Grand Chelem en 2010, le XV de France n’a jamais été en mesure de remporter le Tournoi des 6 Nations. Et sa cinquième place lors de la dernière édition a confirmé cette tendance.

Si cette neuvième place ne fait que souligner les maux profonds du rugby français, elle menace surtout de précipiter la formation de Guy Novès dans le troisième chapeau en vue du tirage au sort (mai 2017) des poules de la Coupe du monde 2019 au Japon. Un sort qui n’a pourtant pas empêché le pays de Galles de rejoindre les phases finales, malgré une poule particulièrement relevée (Angleterre, Australie, Fidji et Uruguay), lors du Mondial 2015.

Vers une poule de la mort au Mondial 2019 ?

La présence de la France peut aussi déranger certaines équipes présentes dans la même poule, insiste Pierre Villepreux. Il faut voir si en trois ans, on peut récupérer ce retard. Je pense que oui si les bonnes décisions sont prises et si les joueurs le veulent. Ils doivent être assez courageux pour jouer le jeu qui gagne aujourd’hui. A ce jour, le XV de France pourrait ainsi figurer dans le même groupe que les All Blacks (1er au World Rugby Ranking), l’Argentine (5e), les Tonga (14e) et le Canada (17e). Une poule qui assombrirait considérablement les espoirs tricolores de rejoindre les quarts de finale.

La formation de Guy Novès a désormais neuf matches devant elle pour éviter un tel scénario. Dès samedi à Tucuman, les Bleus devront tenter de s’imposer face aux Pumas. Un objectif à la portée des Tricolores au regard du premier test (30-19). Mais la suite du programme s’annonce beaucoup plus délicat. En novembre, les Tricolores retrouveront les Samoa mais surtout les All Blacks et l’Australie.

Et le Tournoi des 6 Nations 2017, avec trois déplacements (Angleterre, Irlande, Italie), ne sera pas un cadeau. Il ne faut pas rêver, on manque encore un peu de lecture du jeu et on en manquera encore pendant un certain temps, regrette Pierre Villepreux. On se trompe sur des situations faciles à jouer. C’est le fruit de l’expérience. Mais si notre rugby prend forme, il pourra battre n’importe qui. Pour l’heure, le défi du XV de France s’annonce immense. Et son déclin dans l’échiquier international n’est peut-être qu’un début.