Hueber : "Le XV de France est menaçant sur toutes les zones du terrain"

Un projet de jeu maîtrisé

Depuis deux matches, on voit quand même des intentions qui ont du sens. Et je suis bien placé pour en parler dans la mesure où on travaille sur ce projet de jeu avec les équipes de France des jeunes. On est dans le même process d’organisation offensive. Cette organisation permet de tenir le ballon. Le XV de France est menaçant sur toutes les zones du terrain. La victoire n’était pas loin et je comprends la frustration du staff parce qu’on sent qu’il y a une maîtrise du projet de jeu. J’ai trouvé les prestations de Jean-Marc Doussain et Camille Lopez intéressantes. Après, on sait très bien qu’on est en manque de réel talent à ce poste même si on travaille là-dessus au niveau de la formation. Jean-Marc Doussain a été très courageux en défense. Il a bien animé même si on a manqué d’alternance avec le jeu au pied. Globalement, ce match va encore faire grandir l’équipe et apporter des certitudes.

Des absences dans les rucks

Les Australiens jouaient avec trois troisième ligne numéro 7 et nous c’était trois numéro 8. A partir de là, l’équilibre dans les rucks est complètement différent. On manque sans doute d’équilibre dans ce secteur sachant qu’il y a 250 à 300 rucks par match au niveau international. On est peut-être moins impliqué. Il faut avoir des réflexes, des réactions pour être pertinent dans ces zones. Si les joueurs n’ont pas ces réflexes en club, même si chaque joueur doit être capable de faire un ruck, ça devient délicat au plus haut niveau. Il faut vraiment des aptitudes particulières. On sent que des joueurs comme Eddy Ben Arous ou Jefferson Poirot manquent au XV de France. Les Wallabies ont tapé très fort autour du numéro 10 et au sol. On n’a pas su répondre dans l’engagement.

Certains joueurs dépassés par l’intensité

On a bien vu que les joueurs ont eu des passages difficiles. Il faut l’avouer, le Super Rugby pratique un jeu fait de vitesse qui est bien supérieur au Top 14. Notre championnat est avant tout focalisé sur le combat, l’occupation du terrain. Certains de nos joueurs ont eu des difficultés parce qu’ils étaient dans le rouge au niveau du cardio. Sur les temps de jeu imposés, il y a eu des décalages sur les montées défensives. Si on se rappelle la première action, elle dure trois minutes. Mais les Bleus ont quand même eu les ressources de marquer derrière par un jeu de passes et de mouvement. C’est encourageant.

Faudra-t-il réduire les intentions de jeu face aux All Blacks ?

Si on fait l’analyse des deux premiers matches, on a senti que les joueurs manquaient par moment de fraicheur. Le match des Samoa avait déjà marqué les corps mais cette rencontre face aux Wallabies va vraiment laisser des traces physiquement. Mentalement, je pense qu’il va faire du bien aux joueurs. Mais face aux All Blacks qui sont les meilleurs dans la réorganisation et les ballons de turnover, les Bleus ne pourront pas se permettre d’avoir du déchet. Dans leur projet de jeu, il y a la possibilité d’aller taper dur. Certainement qu’il faudra des joueurs avec un profil un peu plus rude. Guy Novès pourrait intégrer deux joueurs un peu plus frais. Mais il ne faut surtout pas renier ce projet de jeu en allant uniquement sur un affrontement.