Guirado, bien plus qu'une doublure

Par Rugbyrama
  • Guilhem Guirado face à l'Australie - 7 juin 2014
    Guilhem Guirado face à l'Australie - 7 juin 2014
Publié le Mis à jour
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Alors qu'il n'était pas le premier choix des sélectionneurs, le talonneur du XV de France Guilhem Guirado (27 ans, 20 sélections) prouve qu'il est digne de jouer les premiers rôles, en réalisant des prestations plus que satisfaisantes au sein du pack tricolore.

Le talonneur du XV de France Guilhem Guirado a jusque-là parfaitement comblé le vide créé par les absences en Australie de ses rivaux à ce poste, montrant qu'il avait les épaules plus larges que celles d'un remplaçant de luxe. Longtemps, Guirado, qui fête ses 28 ans mardi, a vécu dans l'ombre de la concurrence, se contentant de quelques minutes à droite à gauche en équipe de France. Avant d'arriver "Down Under" fin mai, il pouvait certes se targuer de 20 "Marseillaise" mais dont 19 sur le banc: une seule titularisation, contre les Fidji à Nice en novembre 2010 (victoire 34-10). "L'année où j'ai commencé (2008, ndlr) il y avait Dimitri (Szarzewski) et William (Servat), ça a été compliqué de pointer le bout de son nez", souligne-t-il. "J'ai grappillé tout ce qu'il y avait à grappiller." Passé par toutes les sélections de catégories, jusqu'à être sacré champion du monde des -21 ans en 2006 aux côtés de Thomas Domingo, Fulgence Ouedraogo ou encore Damien Chouly, Guirado peine à s'imposer chez les "grands", où les places sont chères.

Je reste sur ma lignée et dans l'état d'esprit qui m'a été inculqué

Pour cette tournée, il a donc bénéficié d'un petit coup de pouce du destin avec les blessures successives de Dimitri Szarzewski puis de Benjamin Kayser, qui l'ont propulsé sur le devant de la scène. Une chance qu'il a su saisir, alors que l'encadrement avait aussi testé le Castrais Brice Mach durant le dernier Tournoi des six nations. "J'ai eu quelques pépins physiques cette saison qui ont enrayé la machine", précise-t-il. "Mais j'ai toujours eu de bons ressentis avec Perpignan". "Ce n'est pas pour autant, et avec tout ce que vous écrivez, que j'ai perdu confiance", assure-t-il encore d'une voix posée. "Je reste sur ma lignée et dans l'état d'esprit qui m'a été inculqué par mes éducateurs quand j'étais jeune". Lors de ses deux titularisations, ce Catalan pur jus, né à Arles-sur-Tech (Pyrénées-Orientales), a été solide sur les fondamentaux de son poste (touche, mêlée) tout en se montrant actif dans le jeu courant, à l'image de ses deux percées plein champ samedi à Melbourne. Une prestation saluée par le manager Philippe Saint-André, estimant que "par ses performances en lancers, dans ses déplacements, dans le contest, par son leadership, Guilhem se remet dans la course" pour une place en équipe de France en vue du Mondial-2015. "Je ne veux pas trop me focaliser sur l'avenir mais juste penser au prochain match", rétorque, placide, celui qui avait accroché in extremis le wagon bleu pour le Mondial-2011, jouant 27 minutes en tout, face au Canada.

Vers un nouveau chemin en Top 14

Ce mois de tournée sert aussi d'exutoire à Guirado qui, selon ses propres mots, a vécu "une fin de saison assez traumatisante" avec Perpignan, relégué en Pro D2."Ca a été complexe, c'était navrant, abonde-t-il. "En enchaînant rapidement sur une préparation, ça m'a permis de passer à autre chose". Et aussi de montrer que si l'année à Perpignan a été un échec collectif, le capitanat dont il a hérité lui a permis de franchir un cap personnel en prenant davantage de responsabilités. "Ca m'oblige à mettre mon naturel discret un peu derrière moi", souligne-t-il. "Ca a été riche d'enseignements, il y avait une vraie fierté. Ca permet d'évoluer, de voir les choses différemment. Le talonneur a aussi choisi de se mettre en danger en signant dans un club à forte concurrence, Toulon, double champion d'Europe et champion de France en titre. "Quand j'ai pris la décision, ça a été un choix complexe. J'ai été soutenu par toute ma famille, c'était le plus important", explique-t-il. "Je voulais aussi rencontrer Bernard Laporte qui m'a fait vibrer quand il était à la tête du XV de France", ajoute-t-il. En attendant de poser ses valises dans le Var, Guirado n'a qu'une obsession: "gagner samedi" à Sydney, ce qui serait sa première victoire en quatre tournées dans l'hémisphère sud, et clore en beauté une saison contrastée en prouvant qu'il peut être numéro un au pays des numéro deux.

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