La défense, ce secteur en rodage des Wallabies qui offre des perspectives aux Bleus

C'est un fait, les matchs des Wallabies sont souvent des plus spectaculaires. Des essais à gogo et du suspense à revendre pour une équipe en opération séduction permanente sur son territoire, où le foot australien et le rugby à treize lui livrent une concurrence féroce. Du bonheur pour les spectateurs mais une indication, aussi, pour les autres équipes : l'Australie encaisse au mieux presque autant de points qu'elle n'en marque. Si on met la correction reçue lors de la deuxième journée du Four Nations en Nouvelle-Zélande (51-20) à part, les Wallabies ont pris en moyenne 25,7 points lors de leur six dernières sorties. C'est beaucoup, même s'ils se sont frottés, sur la période, au gratin du rugby de l'hémisphère sud ainsi qu'à un pays de Galles toujours performant dans son antre du Millenium.

Toujours est-il que ces chiffres n'ont évidemment pas échappé à Philippe Saint-André, qui a décortiqué avec ses adjoints le système défensif mis en place samedi dernier à Cardiff par le nouveau sélectionneur Michael Cheika :Le staff nous a ressorti les stats, en nous disant qu'ils prenaient plus d'essais qu'à l'accoutumée, relate le pilier Alexandre Ménini. Il faut dire aussi que leur changement d'entraîneur est tout frais et qu'une forme d'adaptation est nécessaire. Nous devons d'abord jouer notre jeu à la perfection et pourquoi pas espérer qu'eux ne soient pas tout à fait au point. Si on prend dix essais samedi mais qu'on en marque douze, il n'y aura pas de problème. Peut-être qu'ils ne sont pas encore rodés en défense mais cela reste une équipe extraordinaire et un grand défi en perspectives pour nous". Un défi que n'avait pas su relever la bande à Thierry Dusautoir en juin, avec trois revers dont deux raclées.

Guirado: "Si on veut marquer des essais, ce sera sur 10 à 12 séquences de jeu minimum"

À la vidéo, les Bleus ont pu constater l'agressivité de la défense australienne. Celle-ci monte très vite sur ses adversaires, à l'image du capitaine Michael Hooper, qui vient souvent se positionner dans la zone de l'ouvreur : Nous devons trouver des solutions et tenter des choses car, sinon, on ne cassera pas les lignes, prévient l'arrière Scott Spedding. Si on met du jeu au pied, il faudra l'accompagner de beaucoup de pression ou taper très long. L'autre tâche des Français sera d'éviter à tout prix les turn-overs et les interceptions dans des zones sensibles dont se nourriraient goulûment Christian Leali'ifano, Joe Tomane et consorts :Dans notre camp, nous n'allons pas faire 25 temps de jeu pour finir par un turn-over et un essai au bout. Les Gallois ont fait ça en début de match et c'est ce qui leur a fait perdre la partie. Chez nous, on essaiera de garder le ballon et de mettre la pression. Chez eux, en revanche, on va essayer de jouer.

Face à une équipe enthousiaste mais parfois friable et en plein apprentissage du système défensif griffé Cheika, les Bleus ont des cartes à abattre. À eux de le faire sans tomber dans la précipitation, comme le fait remarquer le Toulonnais Guilhem Guirado : Tous les essais qu'ils encaissent viennent après de longues séquences. On a vu qu'ils étaient très bien en place lors des premiers temps de jeu. Si on veut marquer des essais, ce sera sur dix à douze séquences de jeu minimum. À nous d'être patients, de conserver les ballons et de bien trouver les positions que nous avons travailler durant la semaine ". Jeudi, Philippe Saint-André a demandé aux joueurs en opposition de reproduire avec la plus grande précision les attitudes défensives australiennes afin de donner aux titulaires un avant-goût de ce qui les attend samedi. Et des billes pour faire mal à des Wallabies que les Français n'ont battu qu'une seule fois lors de leur cinq dernières confrontations.