Les Bleus ont vécu trente minutes en enfer

Rarement les Bleus ont à ce point été acculés. Avec près de 90% d'occupation et 80% de possession de balle après vingt minutes de jeu, les Wallabies ont bondi dès le coup d'envoi sur leurs adversaires, pour virer avec une avance confortable au cap de la demi-heure (20-3). "Ils ont imposé leur rythme en étant plus réactif, constate froidement le capitaine Thierry Dusautoir. Ils étaient plus dynamiques que nous, toujours dans l'avancée. On essayait de réorganiser notre défense mais on n'a pas réussi à mettre des plaquages positifs. On n'avait tout simplement pas l'énergie pour le faire."

Bastareaud: "Pendant 25 minutes, on a pris des rafales"

Les Français n'ont pas su contrecarrer la stratégie concoctée cette semaine par le sélectionneur australien Ewen McKenzie, destinée à insuffler plus de puissance dans ses lignes, à l'image du deuxième ligne géant Will Skelton (2,03 m, 140 kg). C'est lui qui a donné le premier vrai coup de boutoir, après une énorme démonstration de conservation du ballon de ses partenaires et 19 temps de jeu pour amener l'essai (10-0, 9e minute). Les Français ont alors tenté d'endiguer l'hémorragie par une pénalité longue distance de Brice Dulin sur une mêlée conquérante (16e). Mais elle fut directement annihilée par une faute au sol et une pénalité australienne après un énorme travail du capitaine Michael Hooper (13-3, 17e).

Constamment sur les talons et débordés de toutes parts, les Bleus ont pris tout à fait la marée sur un carton jaune à Rabah Slimani pour un plaquage sans ballon (27e), immédiatement exploité en essai par Israel Folau (28e). Le plus rageant pour les Bleus est l'impression d'avoir subi un scénario écrit d'avance. "On savait qu'ils voulaient nous imposer leur loi, qu'ils voulaient marquer deux essais à tout prix en première mi-temps pour nous faire lâcher et malheureusement c'est ce qui s'est passé", grince l'ailier Yoann Huget. "Pendant 25 minutes, on a pris des rafales", souffle le centre Mathieu Bastareaud. "Pourtant ils ne se sont pas cachés de dire qu'ils allaient essayer d'imprimer un gros volume de jeu dès les 20-25 premières minutes, ajoute-t-il. Il y a eu un manque de réactivité. Ils arrivaient à casser des plaquages, on en loupait et on reculait, on reculait." Dominés dans les duels, les Français n'ont jamais pu redresser la barre par la suite. Et ont pu mesurer l'écart physique, technique et tactique les séparant des Wallabies en forme resplendissante.