Rokoduguni, cet ancien caporal devenu international anglais

Par Rugbyrama
  • Semesa Rokoduguni, l'ailier anglais ancien caporal dans l'armée britannique
    Semesa Rokoduguni, l'ailier anglais ancien caporal dans l'armée britannique
Publié le Mis à jour
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Ancien caporal dans l'armée britannique, passé par l'Afghanistan et d'origine fidjienne, l'ailier Semesa Rokoduguni va affronter les All Blacks avec l'Angleterre.

L'ailier Semesa Rokoduguni, qui fêtera samedi sa première sélection avec l'Angleterre contre la Nouvelle-Zélande, n'a pas attendu 27 ans pour servir son pays puisque, dans une autre vie, ce caporal de l'armée britannique est intervenu en Afghanistan. D'origine fidjienne, le joueur de Bath est habitué à être l'attraction partout où il passe, en raison de ses états de service. Et après son énorme début de saison, il ne dérogera pas à la règle samedi. Attaché au régiment des "Royal Scots Dragoon Guards", le natif de Nausori s'était engagé à 19 ans dans l'armée, fidèle à une tradition fidjienne et aux habitudes familiales. En 2007, il a même vu la vraie guerre de près. Sur un terrain, si vous vous trompez, vous revenez la semaine suivante, comparait-il récemment. En Afghanistan, une erreur coûtait une vie. C'est bien plus facile que mon ancienne vie avec quatre patrouilles à pied par jour.

Son père bosse pour l'ONU

Rattrapé à son retour par l'équipe de l'armée, Rokoduguni (1,84 m, 98 kg) est recruté en 2012 par Bath après avoir impressionné l'entraîneur lors d'une tournée au Portugal. Il avait descendu l'équipe de la RAF (4 essais) et coulé celle de la Navy (3 essais).Quand le coach a appelé, j'ai raccroché le combiné, rigole-t-il encore.Heureusement, mon chef de régiment supportait Bath! Enfant, je n'étais pas un premier choix donc je pensais n'avoir aucune chance d'être pro. Un paquet de Fidjiens sont même bien meilleurs que moi. En novembre 2012, il marque son premier essai, neuf minutes après sa première entrée. Il en est désormais à quatre en six matches cette saison, 11 au total en 29 rencontres de championnat depuis trois ans. Son style brut de décoffrage fait des ravages dans l'académique rugby anglais, bousculé dans ses certitudes comme une quille par une boule de billard. Quand vous cherchez à équilibrer les lignes arrières, il est dans l'équation, l'a encensé le sélectionneur Stuart Lancaster. Pour son aptitude aux chocs, celle à éliminer l'adversaire ou finir l'action. On cherchait quelqu'un capable de résister à deux, trois plaquages, et ça il sait faire. C'est un joueur d'avenir excitant. Mes adjoints étaient impatients de le découvrir".

C'est un esprit libre, un joueur d'instinct, décrit son entraîneur à Bath, Mike Ford.Il faut juste lui dire de jouer son jeu, ne pas lui mettre la pression. C'est la clé pour l'Angleterre. J'ai dit à Lancaster: concentre toi sur ce qu'il sait faire, pas l'inverse, parce que c'est exceptionnel. On ne change pas quelqu'un en ce qu'il n'est pas.A mon arrivée, les gamins du club connaissaient mieux le rugby que moi. J'étais du style: donnez-moi le ballon, je vais me débrouiller. Ca ne pouvait pas marcher, admet-il cependant. Alors il a bossé et il est maintenant plutôt en confiance avec (son) jeu.Mes anciens camarades me demandent toujours à quoi ressemble cette vie, et mes coéquipiers me parlent sans arrêt de la guerre. C'est complètement différent du rugby, mais il y a des ressemblances. On écoute son commandant comme son capitaine et on exécute, poursuivait-il. Dire qu'il se voyait faire une petite carrière dans l'armée, finir caporal-chef et revenir au pays avec autant de médailles que son père, qui sert actuellement l'ONU! Problème, la nouvelle arme fatale du XV de la Rose inquiète maintenant jusque sur sa terre natale. Certains Fidjiens me mènent déjà la vie dure: 'Si tu joues contre nous, on ne veut plus jamais revoir ta tête là-bas', sourit-il encore. L'an prochain, son unité doit être stationnée en Ecosse. Le XV du Chardon essaiera peut-être de le recruter à son tour.

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