Pas tout blancs, les Blacks

Les Blacks ne sont pas tout à fait redevenus les Blacks. Comme la semaine dernière face à l'Irlande, les hommes de Graham Henry ont gagné face à l'Angleterre. Mais une fois encore, ils ont alterné le très bon et le très brouillon. Au final, si leur succès face aux vice-champions du monde 2003 est large (37-20), la manière, elle, reste trop intermittente pour convaincre pleinement. Auteurs d'une entame de match laborieuse, et d'une dernière demi-heure très approximative alors que le match était plié, les Néo-Zélandais n'ont en fait maîtrisé leur sujet qu'une trentaine de minutes, au cours desquelles ils ont fait très mal aux Anglais.

Déterminé, le XV de la Rose a pu croire à l'exploit en première période. Solides devant, les Anglais, dénués de tout complexe, n'ont pas hésité à aller défier la défense noire. Résultat, après 20 minutes de jeu, les Anglais menaient 6-3 et semblaient en mesure d'instiller le doute dans les têtes néo-zélandais. Puis la machine black s'est mise en route: 20 points et deux essais en neuf minutes, avec à la baguette un Dan Carter impeccable.

Nonu, le détonateur

Engloutie par la vague noire, l'Angleterre sauvait les meubles juste avant la pause, malgré une infériorité numérique consécutive au carton jaune infligé à Andy Sheridan. Carter, un peu gourmand, voyait sa passe interceptée par Topsy Ojo. L'ailier des London Irish célébrait sa première sélection d'un essai de 80 mètres, échappant au retour de Muliaina. 23-13 à la pause, les Anglais ne s'en tiraient pas si mal. Mais ils allaient payer cher leur grande faiblesse du jour en début de seconde période. Leur paire de centres, trop faible défensivement, a explosé deux fois en trois minutes à la reprise, permettant à Muliaina et Sivivatu de plier définitivement l'affaire. Deux essais dont le surpuissant Ma'a Nonu fut le détonateur.

Après ce tonitruant retour des vestiaires, les Blacks ont relâché la pression et le match est devenu anodin, pour ne pas dire ennuyeux. Finalement, seul Ojo tirait son épingle du jeu en inscrivant son deuxième essai du match à quelques minutes du terme. L'Angleterre a évité un énorme bouillon dans ce premier test. Ce n'est déjà pas si mal. Les Blacks, eux, enchainent les victoires, mais il faudra faire plus, et mieux, pour effacer définitivement les stigmates de la Coupe du monde. Pour l'heure, ils ne s'expriment que de manière trop intermittente pour rassurer tout un pays...