Comment la France va-t-elle battre la Nouvelle-Zélande ?

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  • L'ouvreur français Frédéric Michalak - France-Irlande - 11 octobre 2015
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Publié le Mis à jour
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Samedi, la France tentera de s'imposer face à la Nouvelle-Zélande pour une place en demi-finale du Mondial. Une équipe des All-Blacks qui affole les défenses mais aussi compteurs et statistiques. Champion du Monde en titre, invincible ou presque depuis 4 ans, le collectif insulaire est effrayant. Malgré tout, les Bleus peuvent croire en un exploit. Comment ? Pourquoi ? Éléments de réponse.

Le précédent australien

Les Chiffres - Alors oui, inutile de se mentir, trouver des raisons de croire à un miracle face à la Nouvelle-Zélande a été complexe et nous avons dû fouiller longuement. Un élément peut cependant permettre d'y croire (au moins un peu). La Nouvelle-Zélande n'est pas invincible. En dépit de chiffres affolants (13 victoires sur les derniers 14 matchs, 36,4 points, près de 5 essais de moyenne contre les meilleures Nations du Monde), les Néo-zélandais sont faillibles. Au moins une fois. En témoigne cette - seule et unique - défaite face à l'Australie à Sydney (27-19). Faible mais suffisant pour y croire.

Comment ? - C'est toute la question : comment les Australiens ont-ils réussi à vaincre les All-Blacks ? Déjà en limitant les joueurs néo-zélandais à 19 points. Un premier exploit car depuis 10 ans, la Nouvelle-Zélande n'est restée sous les 19 points que 9 fois en 135 matchs. Pire, depuis 2005 : les Blacks n'ont jamais perdu en inscrivant plus de 29 points… Les Bleus devront donc en premier lieu insister sur la discipline et la qualité défensive. Et obligatoirement limiter les Blacks sous la barre symbolique des 30 points.

Deuxième clef, l'Australie a assumé sa volonté de tenir la balle : 56% de possession, 58% d'occupation. Un secteur dans lequel la Nouvelle-Zélande est habituellement dominatrice (52% de possession mais surtout 56% d'occupation de moyenne). La France, équipe devenue plus défensive qu'autre chose, devra donc probablement forcer sa nature.

Richie McCaw (Nouvelle-Zélande) pris par Michael Hooper (Australie) - 2014
Richie McCaw (Nouvelle-Zélande) pris par Michael Hooper (Australie) - 2014

Limiter les franchissements adverses

Les Chiffres - Ca n'est pas unique à ce match face à la Nouvelle-Zélande mais moins les franchissements concédés sont importants, et plus vous avez de chances de rivaliser. Mais les All-Blacks affichent les chiffres les plus parlants au monde. Lorsque les insulaires franchissent 10 fois ou plus, l'écart moyen est de 32 points. Quand ils franchissent 9 fois ou moins le premier rideau défensif, cet écart tombe à 8,2 points.

Comment ? - La défense, encore et toujours… Et c'est là que la France trouve son argumentaire de base. Dans cette Coupe du Monde, le XV de France n'a été traversé que 2,25 fois par match. La circulation et le système défensif made in "Saint-André" est assez redoutable et plutôt efficace. Des chiffres qu'il faut évidemment pondérer tant l'attaque italienne, canadienne et roumaine semblaient moyennes. Seule satisfaction du match : il faudra exister grâce à la défense. Et c'est justement ce que les Bleus font de mieux.

Madigan contre le XV de France
Madigan contre le XV de France

Ne pas abuser du jeu au pied

Les Chiffres - Avec un trio 11-14-15 monstrueux, rendre les ballons à la Nouvelle-Zélande serait idiot. Pour ne pas dire suicidaire. Ben Smith ? C'est 309 mètres gagnés. Milner-Skudder ? A peine moins avec 271m. Et dire que Julian Savea est le plus faible ballon en main avec ses 225m. A eux trois, c'est un total de 11 essais. Soit un de moins que l'ensemble du XV de France en 4 matchs.

Comment ? - Les Bleus devront tout faire pour éviter de faire briller le trident magique de la Nouvelle-Zélande. Une mission délicate qui consistera d'abord à ne pas rendre le ballon trop facilement au fond du terrain. Pour cela deux solutions. La première, idéale, qui viserait à taper dans le dos des ailiers et de l'arrière pour les forcer à reculer et à prendre la pression avant de relancer. La seconde, qui consisterait de manière plus raisonnable à taper loin… en tribune. Il ne faudra absolument jamais laisser la moindre chance à B.Smith, Savea ou Milner-Skudder (voir Naholo) de relancer en prenant de la vitesse. Sinon, attention les dégâts !

Le Néo-Zélandais Ben Smith - novembre 2014
Le Néo-Zélandais Ben Smith - novembre 2014

Gagner la ligne d'avantage

Les Chiffres - Le jeu néo-zélandais est une référence. Pourtant il se garde bien de tomber dans les fioritures ou dans une sophistication exagérée. Les "Blacks" font simple et efficace. Une grande partie du système repose sur la capacité de quelques joueurs à gagner le premier duel. Exemple majuscule avec Kieran Read. Le numéro 8 néo-zélandais est ainsi l'une des bases du système offensif. En témoigne les moyennes qu'il affiche. Il a tout d'abord gagné la ligne d'avantage à 23 reprises depuis le début de ce mondial, ce qui fait de lui le cinquième total de cette Coupe du Monde.

Depuis maintenant 1 an, il gagne près de 30m par match. Enfin quand le troisième ligne n'a pas été capable d'avancer (9m, son pire total depuis plus de 12 mois), la Nouvelle-Zélande a perdu contre l'Australie.

Comment ? - Gagner le premier duel sera déterminant. C'est cela qui permettra à la France de ne pas subir le rythme imposé par les Néo-zélandais. Cela vaut aussi bien en défense, pour enrayer l'attaque adverse, qu'en attaque. Les Bleus appliquent un schéma simple (simpliste ?) où le duel est la clef de tout. Si la France n'arrive pas à enchainer un nombre important d'action positives, elle devra alors occuper le terrain au pied et s'exposera aux relances de la meilleure équipe du Monde. Gagner le premier duel et mettre l'équipe dans l'avancée est toujours important. Mais cette fois, cela sera tout simplement vital.

Louis Picamoles - troisième ligne de l'équipe de France - France-Italie - 19 septembre 2015
Louis Picamoles - troisième ligne de l'équipe de France - France-Italie - 19 septembre 2015

Ne pas réfléchir

Les chiffres - Facile à dire, mais les deux exploits majeurs du XV de France face à la Nouvelle-Zélande (1999 et 2007) ont été possible d'abord parce que les Bleus n'ont jamais rien lâché. Dans les deux cas, les tricolores étaient menés à la pause (10-17 en 1999 et 13-3 en 2007) et ont fini par s'imposer.

Comment ? - Plus important que les chiffres, les statistiques, les données, il faut peut-être que la France renoue avec ce qu'elle est capable d'être. Si les Bleus restent au contact, plus les minutes passeront et plus la chance infime que le doute gagne les Blacks sera envisageable. Et pourquoi ne pas rêver. Rêver que la France fasse résonner le lointain écho du passé. Que les joueurs se demandent à nouveau si la France n'est pas la bête noire retrouvée, celle d'un pays si rarement inquiété. Qu'enfin les Bleus redeviennent, ne serait-ce que l'espace d'un match, cette équipe capable de tout y compris de renverser la montagne noire. Qu'enfin, ce XV de France là, fasse rêver ceux qui l'aiment.

L'ouvreur français Frédéric Michalak - France-Irlande - 11 octobre 2015
L'ouvreur français Frédéric Michalak - France-Irlande - 11 octobre 2015

Pierre AMMICHE

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