Les Hurricanes, le vilain petit canard néo-zélandais

  • Ardie Savea (Hurricanes) - 30 juillet 2016
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  • Lome Fa'atau, inarrêtable en 2006
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  • Les Hurricanes dépités en finale l'an passé
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  • Victor Vito (Hurricanes) - 30 juillet 2016
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SUPER RUGBY - Comme dans le conte pour enfant, les Hurricanes ne sont pas comme leurs petits camarades. Il s’agit de la seule équipe néo-zélandaise à n’avoir pas (encore) gagné le Super Rugby. Une habitude qui pourrait prendre fin ce samedi face aux Lions. A condition de vaincre la malédiction...

Avec deux finales perdues au compteur (2006, 2015) et aucun titre, la franchise de Wellington fait tache en Nouvelle-Zélande. Une vraie particularité pour une formation qui a longtemps été un mystère.

Il faut dire que cette franchise est née sous le signe de l’échec, en 1996. Pour le premier match de l’histoire du Super Rugby, les Blues viennent défier les Hurricanes au Palmerston North Showgrounds (aujourd’hui devenu l’Arena Manawatu). Au terme d’un match engagé, Auckland l’emporte (36-28). Déjà, les "Canes" touchent l’histoire du doigt... mais passent de peu à côté. Ils ne seront jamais la première équipe à gagner un match dans le Super 12.

Ce revers donnera le ton de la décennie suivante. Si en 1997, les Hurricanes se qualifient pour les demi-finales, suivent 6 saisons blanches. Une véritable énigme vu l’effectif pléthorique qu’affiche les Jaune et Noir : Cullen, Lomu, Umaga, So’oialo, Hore, Spice, Ieremia, Collins, Tito… Malgré tout ce beau monde, il n’y a aucune qualification pour les phases finales avant 2003. Un problème d’envergure pour la franchise sensée représenter la capitale néo-zélandaise.

La fin de la traversée du désert, la malédiction Crusaders ?

En 2003, miracle ! 7 victoires, 4 défaites et les demi-finales permettent aux Hurricanes de croire au renouveau de la Franchise. Un élan d’enthousiasme qui se heurte à un mur nommé Canterbury. Face aux Crusaders, la défaite est cinglante au Jade Stadium (39-16). La naissance d’une nouvelle habitude. Et d’une malchance qui frise presque la malédiction.

Deux ans après, même lieu, même adversaire et résultat différent. Cette fois, les Hurricanes ne perdent pas. Ils sont littéralement étrillés (47-7) par les Crusaders. Mais les Canes ne lâchent rien. Et ils reviennent encore plus fort en 2006. Cette saison là est quasi-parfaite. Les hommes de Colin Cooper enchainent les gros résultats et les victoires, Lome Fa'atau emporte tout sur son passage (10 essais) et les Hurricanes se hissent en finale pour la première fois de leur histoire.

Lome Fa'atau, inarrêtable en 2006
Lome Fa'atau, inarrêtable en 2006

Seulement, la route vers le titre passe par le terrain maudit du Jade Stadium, cimetière habituel des espoirs de Wellington... Les Hurricanes semblent enfin pouvoir rivaliser, notamment derrière. Mais à une heure du coup d’envoi, une brume improbable se lève de nul part, engloutit le terrain (au point que les commentateurs ne peuvent alors pas décrire les actions se passant le long de la tribune face à eux), et interdit tout mouvement d’envergure. Les Crusaders, encore eux, privent alors les Hurricanes du titre. Un crève coeur dont ils mettent du temps à se relever. Le groupe changera même très largement après cette finale…

Les habitudes, elles, demeurent. En 2008, la mauvaise blague se poursuit. Demi-finale, Jade Stadium (devenu AMI Stadium), Crusaders, défaite. En 6 ans, la route des Hurricanes se sera arrêtée 4 fois là où celle de Canterbury débute. En 2007, Les Croisés ont 6 titres au compteur. Les Hurricanes n’ont, eux, que l’amertume de se savoir tout proches et pourtant à des kilomètres du palmarès des autres franchises.

Une équipe qui manque de peu la consécration

Après cette accumulation de cruels revers, les Hurricanes sombrent peu à peu. Le changement de génération met du temps à porter ses fruits et il faut attendre 2015 pour voir les Canes au sommet de quoi que ce soit. Les leaders ont changé et ils se nomment maintenant Coles, Vito, Perenara, Barrett, Jane, Savea, C. Smith, Nonu. Cette équipe, sur le papier, fait trembler tout le monde. Sur le terrain, elle bat tout le monde, et termine en tête de la phase régulière (14 victoires 2 défaites). Le titre semble - enfin - promis à la franchise de Wellington.

Les Hurricanes dépités en finale l'an passé
Les Hurricanes dépités en finale l'an passé

Seulement, la finale est un nouveau naufrage. A domicile, menant rapidement au tableau d’affichage après un essai de Nonu, les joueurs de l’île du nord sombrent mentalement. Au terme des 80 minutes, les Hurricanes subissent un nouveau revers (14-21). Le pire de tous probablement. Car face aux "nobodies" des Highlanders, considéré comme le plus mauvais élève du rugby kiwi, c’est un ancien de la maison qui scelle le sort du match sur un drop : Marty Banks. En 2015, tout le monde a gagné (les Chiefs en 2012 et 2013, les Crusaders 7 fois, les Blues en 1996, 1997 et 2003) sauf eux.

Saison quasi parfaite, signes favorables… et si le destin des Hurricanes était écrit ?

Après 20 ans, le mauvais oeil semble aujourd’hui sur le point de s’en aller. Car cette saison, et pour la première fois, tous les signaux sont au vert : premier de la phase régulière à la toute dernière minute en arrachant la victoire sur la pelouse des… Crusaders ! Sur la pelouse de l’ennemi intime, un succès bonifié permet aux Jaune et Noir de prendre la tête du Super Rugby. Tout un symbole car cette première place permet de recevoir lors des phases finales.

Victor Vito (Hurricanes) - 30 juillet 2016
Victor Vito (Hurricanes) - 30 juillet 2016

20 ans après son tout premier match, c’est une saison qui se joue à rien et qui bascule enfin du bon côté. Un vent nouveau semble enfin souffler sur la franchise de Wellington : en dépit de sa propension à passer à côté de sa propre histoire, elle demeurera comme la première équipe à dominer le Super 18.

Il faut dire que pour une fois, tout semble en leur faveur : en plus de jouer la finale à domicile, elle sera arbitrée par un Néo-Zélandais (Glen Jackson)… Il fallait peut-être ça, pour briser la malédiction des Hurricanes.

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