Les démons de Chabal

Il semblait avoir franchi un cap. Sébastien Chabal avait enfin convaincu Bernard Laporte, le sceptique, avec ses charges détonantes et ses plaquages rageurs. Le joueur de Sale avait arrêté de subir cette pression destructrice qui ne lui avait jamais permis de briller sous le maillot bleu. "Avant je me mettais sans doute la pression tout seul. Ça allait les jours précédant la rencontre et puis tout foutait le camp le jour du match," confiait-il après sa bonne prestation en Italie.

Cette satanée pression serait-elle revenue au triple galop le jour du "crunch" ? Le jour de cet Angleterre-France si important pour les Bleus et pour Sébastien Chabal dans ce pays qui l'a adopté. Dimanche, personne n'a reconnu le troisième ligne centre des Bleus et de Sale. A l'arrêt lors de ses prises de balles, peu inspiré derrière sa mêlée, il a fallu attendre la 32e minute pour voir l'ancien berjallien avancer ballon en main. Un gain de terrain de cinq à six mètres. C'est peu pour Sébastien Chabal, mais dimanche c'était déjà beaucoup. Sorti dès le début de la deuxième période (c'était aussi le cas en Irlande mais sans doute pas pour les mêmes raisons), le troisième ligne centre français était "agacé et frustré par ma [sa] prestation" après le match.

Habitué aux allers-retours en sélection nationale, il essayait aussi de relativiser sa contre-performance : "Pour les vingt-deux qui ont joué, il arrivera ce qui arrivera. Je suis déjà content d'avoir joué trois matchs. Il ne faut pas oublier que nous étions quarante au début du Tournoi et certains n'ont pas du tout joué. Je ne vais pas me plaindre." Absent sur le terrain, Sébastien Chabal a été fidèle à lui-même dans ses explications. Tout le monde a le droit d'avoir un jour sans, mais il doit sans doute se demander si ses vieux démons ne le rattrapent pas