Les Anglais sont flous

Ne cherchez pas un monstre effrayant. L'équipe d'Angleterre n'est plus aujourd'hui une source de cauchemars mais plutôt une jeune demoiselle bien timide et un peu frêle. Le quinze de la Rose ne dégage plus ce parfum à vous glacer le sang mais pourrait faire sourire des hommes toujours en piste pour le grand chelem. Même Bernard Laporte a manqué d'arguments pour convaincre les journalistes que cette équipe était encore redoutable. Le sélectionneur national a seulement trouvé refuge en invoquant Twickenham le mythique, symbole du stade hostile aux coqs élevés en plein air. Bien sûr, le public anglais réserve son meilleur accueil aux joueurs français mais il est aussi intransigeant envers ses protégés. Les champions du monde n'ont pas dû oublier leur dernière sortie de Twickenham sous les sifflets après leur triste victoire sur l'Italie. Il faut dire que même le sélectionneur Brian Ashton est conscient que son équipe "navigue désormais en deuxième division". Dans ce contexte-là, l'emblématique Twickenham ne devrait pas intimider un groupe sorti en vainqueur du terrifiant Croke Park.

Mais il est vrai que Bernard Laporte ne pouvait pas avancer beaucoup d'autres arguments. Les joueurs anglais ? Wilkinson, Vickery, Borthwick, Farrell sont absents. Il reste bien sûr Robinson, Catt, Tindall, Worsley et Corry même si ce dernier n'évoluera pas à son poste en deuxième ligne. Ashton va servir aux Bleus une équipe composée de beaucoup de novices du niveau international. Sur le papier, ce quinze de la Rose ne sait plus très bien où il va (onze changements par rapport à la défaite en Irlande) et paraît bien tendre pour disputer le "crunch".

La seule ennemie des Français sera sans doute l'énergie du désespoir qui va animer les Anglais. Le quinze de la Rose, sifflé et humilié lors des deux dernières rencontres, n'aura plus rien à perdre. Les Bleus, qui ont tout à gagner, ne doivent pas l'oublier.