Ces Bleus sont géants

Par Rugbyrama
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Magnifique XV de France. Au terme d'un formidable combat, les Bleus se sont imposés en Irlande (17-20), dans le temple de Croke Park. D'un essai rageur, Vincent Clerc a délivré les siens à deux minutes de la fin du match. Les Français prennent une option

On s'en souviendra. Il est des victoires qui valent bien plus que deux points, dont la portée ne se mesure pas à ses conséquences mathématiques, mais à son impact émotionnel et aux promesses qu'elles portent en elles. A ce titre, celle obtenue dimanche par le XV de France à Dublin va marquer les esprits, parce que tout est réuni pour qu'il en soit ainsi, jusqu'à ce happy end libérateur, sous la forme d'un essai du grand Vincent Clerc, si souvent oublié, et qui a tout pour devenir indispensable. L'ailier toulousain s'est arraché au coeur de la ligne d'attaque à 100 secondes de la fin pour effacer trois Irlandais et offrir aux Bleus un triomphe qui semblait vouloir se dérober.

Coup de génie autant que coup de poignard pour la foule de Croke Park, ce dénouement est venu couronner un superbe après-midi de rugby. Il y avait tout pour faire de ce choc de la deuxième journée du Tournoi le grand évènement de l'avant-Coupe du monde. Il y avait même de quoi en avoir des frissons. Et tout le monde en eut. Une ambiance de feu, des hymnes à vous arracher les tripes, des joueurs pris par le contexte autant que par l'enjeu, l'avant-match restera lui aussi ancré dans les mémoires des acteurs et des spectateurs de ce 82e Irlande-France de l'histoire, le premier dans l'antre de Croke Park, où le rugby n'avait encore jamais mis les pieds.

Eau de Cologne et huile de coude

Pour se hisser à la hauteur de l'évènement, la rencontre se devait d'être magnifique. Dans le combat, âpre comme on l'espérait, elle le fut. Quelle lutte acharnée, à l'image de cette fantastique séquence de plus de quatre minutes au coeur de la seconde période, sans le moindre arrêt de jeu. Mais à sept mois de la Coupe du monde, on guettait surtout un signal fort de la part des Français, sous la forme d'une victoire qui aurait eu valeur de référence. Il est temps de leur tirer notre chapeau, car seule une grande équipe pouvait terrasser cette Irlande-là, si sûre de sa force, et qui nous avait promis l'enfer.

Seulement voilà, l'enfer est longtemps resté bleu dimanche. Après un quart d'heure de rêve, le XV de France avait même calmé le public de Dublin. Dynamisme dans le jeu, omniprésence dans les soutiens, cohérence dans l'organisation, tout y était. Galvanisés par l'importance du rendez-vous, les Français ont réussi une entame parfaite, symbolisée par cet essai en force du capitaine Raphaël Ibanez (mis sur orbite, déjà, par Vincent Clerc), à la conclusion d'un mouvement limpide. A cet instant, forte de ces 10 points d'avance (13-3), la France avait fière allure. Son jeu sentait bon l'eau de Cologne, celui de son adversaire humait davantage l'huile de coude.

Malgré O'Gara

Peu habituée à courir après le score, l'Irlande semblait plus que jamais orpheline de Brian O'Driscoll, son catalyseur. Mais la troupe d'Eddie O'Sullivan a trop de certitudes en ce moment pour se laisser noyer de la sorte. O'Driscoll absent, O'Gara a choisi son jour pour prendre une dimension supplémentaire. Auteur de l'essai de la relance à la demi-heure de jeu, il a inscrit tous les points de son équipe, jouant en guide avisé. Même menés à la pause (11-13), les Verts n'ont pas douté.

Ils avaient sans doute raison, car le deuxième acte fut globalement le leur. Enferrés dans l'étau, les Français n'ont alors tenu que grâce à la férocité de leur défense, mais ils ne purent éviter de se mettre à la faute. Il n'en fallait pas plus pour qu'O'Gara place les siens devant (17-13). Pour de bon, croyait-on. C'était avant l'éclair de Clerc. Heureuse conclusion d'un match gavé de bonheur, qui évitera aux Bleus de nourrir d'énormes regrets. Car entre les deux pénalités manquées par David Skrela juste avant la mi-temps, en passant par le drop sur le poteau de Lionel Beauxis alors que les Irlandais menaient 14-13, il y aurait eu de quoi se lamenter. Mais c'est bien l'Irlande qui pleure aujourd'hui, et la France qui rêve encore de Grand Chelem...

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