Servette de Genève, école de management, mouchoir : qu'es tu devenu Guillaume Boussès ?

  • Guillaume Boussès (Stade français) en 2009
    Guillaume Boussès (Stade français) en 2009
  • Guillaume Boussès (Oyonnax) face aux Saracens
    Guillaume Boussès (Oyonnax) face aux Saracens
  • Guillaume Boussès (Oyonnax) - 19 décembre 2015
    Guillaume Boussès (Oyonnax) - 19 décembre 2015
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Après 17 ans de carrière au plus haut-niveau, le centre international aux deux Brennus a mis fin à sa carrière en juin 2016 à Oyonnax.

C'est une histoire qui a commencé en H Cup avec le Stade toulousain le 18 décembre 1999 contre Petrarca et qui s'est peut être achevée en septembre 2017 dans un club suisse – le Servette de Genève – évoluant dans le championnat français de Promotion d'Honneur : l'histoire de Guillaume Boussès avec le rugby.

Après dix-sept saisons au plus haut niveau entre Toulouse, Biarritz, Bourgoin, Stade Français, Racing et Oyonnax, une sélection en équipe de France et deux Brennus (2002-2005), il avait quitté le jeu le 5 juin 2016 au terme d'une ultime partie en Top 14 contre Agen. Il aurait pu continuer à monnayer ses talents dans des divisions inférieures mais le coeur n'y était plus vraiment. L'écouter, c'était s'arrêter.

Et puis Guillaume Boussès a d'autres idées en tête : embrasser une deuxième carrière, une reconversion dans le management. Titulaire d'un bac électro-technique et d'un BTS domotique, il fait un bilan de compétences lors de son passage au Stade français, qui fait ressortir un profil de manager. En arrivant à Oyonnax, Boussès joue cette carte à fond en s'inscrivant à l'Ecole de management de Grenoble. L'ancien centre rend un mémoire et le voilà en attente de la validation du jury, espérée le mois prochain.

Guillaume Boussès (Oyonnax) face aux Saracens
Guillaume Boussès (Oyonnax) face aux Saracens

Le retour salvateur au monde amateur

En attendant la délivrance du diplôme et après Oyonnax, il était, en parallèle, revenu aux sources : le monde amateur, davantage son idéal que le rugby pro des années 2010. "Le rugby m'a tellement appris depuis mes débuts dans ma petite école de rugby à Rieumes. Il m'a appris sur l'humain, sur ce qui me semble essentiel : le collectif, l'esprit d'équipe, la confiance. Maintenant le joueur est devenu un mouchoir. Quand il ne sert plus, il est mis de côté. Les joueurs sont dévalués. Du jour au lendemain tu peux être mis à la casse, dénonce t-il. On a peut être raté quelque chose avec le professionnalisme." Et ne se sent pas seul avec ce constat : "J'ai critiqué Bernard Laporte mais j'apprécie son discours, son regard sur la situation des clubs amateurs."

Boussès a donc quitté le monde professionnel mais dans un club atypique, la formation suisse du Servette de Genève engagée alors en championnat de France Première série. Parce que s'investir dans le monde amateur faisait sens, parce que c'était aussi un potentiel tremplin pour sa reconversion, la perspective de rencontrer des acteurs majeurs de l'économie suisse. Du gagnant-gagnant.

"J'avais rejoint le Servette avec mon expérience du rugby professionnel pour un projet précis : restructurer le club. J'ai travaillé bénévolement. En Suisse, le rugby ce n'est pas le deuxième sport national... Il fallait se battre pour avoir un terrain. Moi j'attendais simplement une aide pour ma reconversion. Et finalement je me suis aperçu que le club n'avait pas fait grand-chose pour moi. Quand j'ai demandé de l'aide, j'ai réalisé que je n'avais aucune main tendu. Je pensais être face à des gens de parole."

Je n'ai pas oublié le discours à mon arrivée : "ici, on dit ce qu'on fait et on fait ce qu'on dit". J'ai claqué la porte.

A l'orée du championnat promotion d'Honneur 2017/2018, il est donc sorti du jeu. Cette fois peut être définitivement. La déception de trop ? Boussès laisse affleurer la désillusion : "J'avais fait la promotion de ce club..."

Le rugby de copains

Un signal : peut être le moment est-il venu d'aller au bout de son projet de reconversion en ouvrant un nouveau chapitre professionnel. Pour un joueur avec son vécu, entraîneur aurait été le plus facile mais ce n'est pas ce que ce détenteur d'un BE recherche, quand bien même l'une de ses dernières expériences au plus haut niveau avec Christophe Urios fut idéale. "Je l'avais connu à Bourgoin. Je l'ai retrouvé à Oyonnax et je l'ai trouvé changé : il avait compris que le sens de l'humain était fondamental. Il savait toucher les points sensibles, motiver une équipe entière et tirer profit à 200 % des qualités des joueurs. Ca me correspondait bien. Puis Olivier Azam est arrivé, le terrain a changé..." Guillaume Boussès se connaît : "J'ai joué avec passion, avec plaisir. Quand ça n'allait plus, je partais. Là je n'ai plus envie de déménager tous les trois ou quatre ans. J'ai connu de belles saisons mais j'aspire à une véritable remise en questions. Même si j'adore ce sport, j'ai besoin de ne plus en être aussi proche .

Guillaume Boussès (Oyonnax) - 19 décembre 2015
Guillaume Boussès (Oyonnax) - 19 décembre 2015

Cela ne veut pas dire s'en détacher complètement. "Je commence à regarder de nouveau des matches, je suis retourné voir Oyonnax." Comme le disait Jean-Pierre Rives, "le rugby, c'est l'histoire d'un ballon avec des copains autour et quand il n'y a plus de ballon, il reste les copains." Boussès en sourit quand même un peu : "Une anecdote, quand je suis parti de Biarritz en 2005 pour Bourgoin, j'ai envoyé des messages à mes anciens coéquipiers à la reprise de la saison. J'ai reçu trois réponses. Pourtant, on avait partagé des choses. Mais ceux qui m'ont répondu je suis toujours en contact avec eux. Oui, il reste en Top 14 quelques potes que je peux chambrer. Parce que quand même tu te lies d'amitié."

Il ne joue plus, a seulement commencé à recourir et s'adonne un peu de vélo. Mais de cette histoire qui aura duré 18 ans, si elle s'est achevée, n'a pas fini de l'accompagner. Guillaume Boussès aspire à un poste de manager. Marketing, ressources humaines, gestion de projet ou comptabilité, il ne sait pas encore. Seulement sa vision de la fonction : "Prendre soin de mon équipe." Comme à la belle époque.

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