Teulet: "Je ne m'appelle pas don Diego de la Vega et je ne suis pas Zorro !"

  • Romain Teulet à Marcoussis - 29 septembre 2014
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  • Romain Teulet en pleine discussion avec Serge Blanco et Philippe Saint-André à Canet-en-Roussillon - 27 janvier 2015
    Romain Teulet en pleine discussion avec Serge Blanco et Philippe Saint-André à Canet-en-Roussillon - 27 janvier 2015
  • Romain Teulet avant France-Australie lors de la tournée de novembre
    Romain Teulet avant France-Australie lors de la tournée de novembre
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Intégré au staff tricolore en qualité de consultant spécialiste du jeu au pied, Romain Teulet rend visite chaque semaine aux buteurs potentiels du XV de France. Dans un entretien qu'il nous a accordé, l'ancien Castrais explique sa mission, dresse un constat du rôle du buteur en France et apporte son éclairage sur les buteurs en puissance français à huit mois de la Coupe du monde. Première partie.

Comment s'est déroulée votre tournée des buteurs tricolores depuis fin novembre ?

Romain TEULET: Les choses se sont mises en place petit à petit depuis un mois et demi et j'ai pu me déplacer dans les clubs pour voir les buteurs désignés par le staff du XV de France. J'ai pu aller à Clermont, Castres, Bordeaux, au Racing, mais malheureusement pas à Bayonne, même si je sais que Scott Spedding a eu un suivi. Même chose pour Alexandre Dumoulin. On n'a eu aucun problème avec les clubs, bien au contraire. Les managers et les entraîneurs jouent vraiment le jeu. Je suis très bien reçu à chaque fois. Maintenant, on a besoin d'un peu plus de marge et de recul pour tirer un bilan de mon travail.

Le manque de réussite au pied avait été pointé du doigt lors de la Tournée de novembre. Comment avez-vous abordé votre mission, capitale aux yeux de Philippe Saint-André ?

R.T: Je ne m'appelle pas don Diego de la Vega et je ne suis pas Zorro ! Il y a du travail à effectuer et on essaie de le faire, sur le plan technique notamment. Sur la Tournée de novembre, je trouve qu'on a été un peu sévère de pointer du doigt cela. On a eu une très grande réussite contre l'Australie et une moyenne contre les Fidji et l'Argentine. On va tâcher d'être beaucoup plus performant et régulier, les joueurs le savent. Il faut se rapprocher de la perfection et donc d'une réussite optimale.

Les conditions très difficiles lors du stage au Canet-en-Roussillon, avec le vent violent, ont été une très bonne base de travail

Vous avez pris un poste vacant depuis plusieurs mois en équipe de France. Les joueurs réclamaient un spécialiste du but pour les accompagner en équipe de France...

R.T: Si les joueurs le demandaient, c'est qu'ils en ressentaient le besoin. Je découvre aussi mon nouveau rôle. Pendant des années, j'ai été buteur et j'avais ma propre routine. Je dois m'adapter en fonction des problématiques de chacun et des questions que se posent les différents buteurs. Sur un plan technique, on ne doit pas essayer de copier ou d'imiter quelqu'un d'autre. Il faut tenir compte de cela et tenter de trouver une certaine efficacité. C'est évidemment ce qu'on cherche pour le Tournoi et la Coupe du monde.

Romain Teulet en pleine discussion avec Serge Blanco et Philippe Saint-André à Canet-en-Roussillon - 27 janvier 2015
Romain Teulet en pleine discussion avec Serge Blanco et Philippe Saint-André à Canet-en-Roussillon - 27 janvier 2015

Vous aviez une réputation d'énorme travailleur et de perfectionniste quand vous étiez joueur. Est-ce cela que le staff attend que vous insuffliez à la génération actuelle ?

R.T: Les buteurs sont globalement tous des gros travailleurs et des perfectionnistes. Ce qui m'importe, c'est donner du sens et avoir une réflexion sur le travail qu'on fait, surtout comprendre la façon de frapper le ballon et ses trajectoires. Il faut être pointilleux là-dessus et c'est surtout là qu'on a le plus besoin de travailler et de passer du temps. On se rend compte que les buteurs ont globalement une bonne technique mais qu'ils ne sont pas assez précis dans leur analyse des trajectoires. Comprendre par exemple pour quelle raison on est en échec, c'est là-dessus qu'on peut plus se pencher et prendre du temps. Cette visualisation mentale des trajectoires est très importante. Je partage souvent avec les joueurs la réflexion que je me faisais moi-même : "Au pire, manque le tir du mieux que tu peux" ! Les conditions très difficiles lors du stage au Canet-en-Roussillon, avec le vent violent, ont été une très bonne base de travail car elles obligeaient à prendre en compte tous les paramètres.

Pendant des années, le jeu au pied a été vu en France comme une situation défensive

Comment expliquez vous la difficulté récurrente du rugby français à sortir un buteur de très haut niveau ?

R.T: Vaste débat ! Je crois que, pendant des années, le jeu au pied a été vu en France comme une situation défensive. Il devait permettre de se sortir de son camp et de dégager le ballon comme on pouvait. Aujourd'hui, au niveau de la formation, il doit faire partie intégrante du joueur de rugby. C'est une arme offensive tellement redoutable qu'il est important de la retrouver dans le bagage technique des joueurs, quel que soit leur poste. On voit aussi que certains sont devenus buteur par la force des choses. Pour moi, on devient certes buteur en travaillant, mais on naît aussi buteur, parce qu'on l'a en soi. Il faut davantage le faire ressortir chez les gamins et on doit leur donner les bonnes méthodes de travail et les bonnes orientations. On laisse trop l'initiative aux gamins d'être buteur ou pas et on ne le provoque pas suffisamment. On devra certainement cibler très tôt les potentiels, ce sera le travail des clubs et des comités, et faire du jeu au pied une pratique courante. On y vient.

Les meilleures nations du rugby mondial ont toutes un excellent buteur. Est-ce ce qu'il manque aujourd'hui à l'équipe de France pour franchir un cap ?

R.T: On se rend bien compte que les Britanniques ont toujours eu des buteurs efficaces. L'Irlande, a eu O'Gara et maintenant Sexton. Le pays de Galles a eu Jenkins, Jones et aujourd'hui Halfpenny. Je ne parle pas de Wilkinson en Angleterre. Dans l'hémisphère sud, la Nouvelle-Zélande aussi a eu un joueur comme Fox et maintenant Carter. Tous ces pays ont un grand buteur par génération. On espère qu'on l'aura à la Coupe du monde avec les buteurs qu'on a déjà. Tout mon travail est fait dans ce sens-là.

Retrouvez la suite de cet entretien ce mardi en fin d'après-midi...

Romain Teulet avant France-Australie lors de la tournée de novembre
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