Maestri, leader dans le jeu mais pas encore assumé

C’est à un garçon comme Yoann de prendre les commandes du XV de France… Du haut de ses 36 ans et 42 sélections sous la tunique bleue, la voix de Jean-Baptiste Poux s’élève avec certitude. A l’instar de nombreux observateurs, le pilier de l’Union Bordeaux-Bègles en est convaincu: le futur de l’équipe de France s’écrira autour du leadership de Yoann Maestri (27 ans, 2,01m, 121 kg, 33 sélections). Par rapport à son comportement dans le groupe, c’est déjà un leader naturel, précise le capitaine Thierry Dusautoir. Ses performances sportives l’installent comme un joueur cadre du XV de France. Ce qui le définit, c’est son énorme travail avec un nombre de tâches assez incroyable au service de l’équipe. Avec son âge, il peut prendre plus de responsabilités mais c’est ce qu’il fait progressivement, tranquillement. Peut-être que la nouvelle configuration de l’équipe va l’emmener à prendre plus de responsabilités. Sur le terrain d’entraînement du CNR de Linas-Marcoussis, dans les prises de parole, le deuxième ligne du Stade toulousain a conquis une légitimité par son exemplarité et son sens du sacrifice.

En l’absence de Pascal Papé, suspendu dix semaines pour un coup de genou sur l’Irlandais Jamie Heaslip, "Mama" endossera face aux Gallois le rôle de papa du cinq de devant. Il n’aura aucun problème pour assumer ce statut , assure Yannick Bru, l’entraîneur des avants tricolores. Un statut que l’intéressé balaye pourtant du revers de la main. Un leader ? Ah non, pas du tout, coupe-t-il. L’équipe de France a déjà plein de leaders, des leaders de jeu, un capitaine. Mais je refuse complètement l’étiquette de leader. Je le pense vraiment. C’est dans ma nature. Je me sens bien mais je sais que tout va très vite dans les deux sens. Hier, c’était positif pour moi mais demain le sera peut-être beaucoup moins. Ça ne sert à rien d’étiqueter les joueurs. Je trouve ça désuet. Tout est lié à notre performance sur le terrain et non pas à notre personnalité. Qu’on soit sympa ou non, ça n’a aucune importance. L’important, c’est d’être compétent le jour du match.

Lamerat: "Mama, c'est le boss"

Auteur de 15 plaquages (100%) contre les Irlandais, décathlonien du rugby dixit Julien Deloire, le préparateur physique des Bleus, Yoann Maestri tire son inspiration de son coéquipier de club, l’Argentin Pato Albacete, un modèle depuis son arrivée dans la Ville Rose en 2009. Yoann a beaucoup évolué, note Bru. Il a compris très vite, plus vite que les autres, que pour être un très grand deuxième ligne international, il fallait beaucoup courir. Il a une capacité de déplacement qu’il a entretenue, développée. Elle est largement supérieure à la moyenne des deuxième ligne. Il a progressé dans sa gestuelle. On travaillait beaucoup là-dessus quand j’étais au Stade toulousain. Il a continué les efforts".

Et de continuer son propos: Aujourd’hui, on voit qu’il est capable de faire des passes de qualité devant la défense, capable d’allonger des deux côtés. Ce n’est pas encore Sam Whitelock ou Brodie Retallick (deuxième ligne des All Blacks, ndlr) mais il progresse beaucoup et je sais que la prochaine étape est sur le plan offensif. Il doit être capable de faire des passes après contact, dans la défense. Même s’il se protège de ce nouveau rang au sein du XV de France, Yoann Maestri est bien la poutre indispensable du pack tricolore. Derrière son sourire, Rémi Lamerat l’assure: Mama, c’est le boss…