Yachvili: "La gagne, il faut que les Bleus la retrouvent à tout prix"

  • Dimitri Yachvili lorsqu'il évoluait encore sous les couleurs de Biarritz la saison dernière - 12 avril 2014
    Dimitri Yachvili lorsqu'il évoluait encore sous les couleurs de Biarritz la saison dernière - 12 avril 2014
  • Dimitri Yachvili éjecte un ballon du regroupement - Galles France - 17 mars 2012
    Dimitri Yachvili éjecte un ballon du regroupement - Galles France - 17 mars 2012
Publié le Mis à jour
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Observateur éclairé depuis sa récente retraite, l'ancien demi de mêlée des Bleus, Dimitri Yachvili, espère que le XV de France montrera du caractère. Il évoque également sa nouvelle vie, les rumeurs sur son éventuel retour et apporte son éclairage sur le déclin du XV de France depuis deux ans.

Vous avez récemment déclaré que le rugby ne vous manquait pas. Pensez-vous manquer au rugby ?

Dimitri YACHVILI: Ce n'est pas à moi qu'il faut le demander ! (Rires) Pour moi, c'est sûr que cela a été un changement dans mon quotidien, après quinze ans de carrière professionnelle. Comme tout changement, cela nécessite une phase d'adaptation. Il faut trouver d'autres activités, d'autres objectifs et être heureux dans la vie, tout simplement. Ce sont des choses que j'arrive à faire depuis que j'ai arrêté et je n'ai pas connu ce sentiment de petite mort. Mon corps disait stop et j'ai arrêté en bonne conscience.

Vous avez mis un terme à votre carrière l'année où Biarritz a fini lanterne rouge du Top 14. Cette descente en Pro D2 était-elle inéluctable, notamment pour des raisons économiques ?

D.Y.: Si nous sommes descendus, ce n'est pas une question de moyens économiques. Il y avait eu deux ou trois alertes les années précédentes. Nous avons failli sportivement lors de cette dernière saison. Nous n'avons pas pris des "roustes" tous les week-ends mais il nous a manqué quelque chose. Au vu de la saison, c'était quelque part normal qu'on descende.

À quoi ressemble votre quotidien aujourd'hui ?

D.Y.: Je me suis engagé avec BeIN Sports et je prends beaucoup de plaisir à commenter des matchs avec Rodolphe Pirès. J'ai aussi pris pas mal de recul cet été. Je me suis reposé, j'ai profité des miens et je me suis aussi occupé de mon camping à Biarritz. Bref, je peux dire que j'ai passé un très bon été.

Je suis désormais derrière la barrière et je m'y sens très bien

Des bruits ont circulé quant à votre éventuel retour à la compétition. Qu'en est-il exactement ?

D.Y.: Je n'ai jamais évoqué un retour. Ce ne sont que des commentaires et ce n'est pas au programme. J'ai pris du recul par rapport au terrain, je suis désormais derrière la barrière et je m'y sens très bien. Quant à une éventuelle proposition pour intégrer un staff, je n'ai à ce jour pas été approché à ce sujet.

Vous suivez cette année tout particulièrement les Coupes d'Europe. Pourquoi les clubs français délaissent-ils autant la Challenge Cup cette saison ?

D.Y.: Déjà, le vainqueur de cette compétition n'est plus qualifié pour la Champions Cup. Je ne dis pas que certains clubs galvaudent cette coupe, mais ils en profitent un peu plus pour faire tourner et intégrer des jeunes et ceux qui ont moins de temps de jeu. Il reste malgré tout des matchs de haut niveau et c'est toujours enrichissant de pouvoir les jouer.

Vous comptez une soixantaine de sélections en équipe de France. Est-ce que son déclin depuis deux saisons vous touche ?

D.Y.: Cela m'affecte surtout car il n'y a pas de résultats. C'est cela qui m'attriste. Qu'importe la manière, j'ai envie que l'équipe de France gagne. Lorsqu'on porte ce maillot, on doit jouer chaque match pour le gagner.

Comment expliquer que le XV de France ne puisse plus rivaliser avec les nations du sud, l'Angleterre, l'Irlande ou encore le pays de Galles ?

D.Y.: Plusieurs facteurs entrent en jeu. L'effectif a beaucoup évolué depuis la dernière Coupe du monde, mais cela fait déjà trois ans. Pal mal de joueurs ont pris de l'expérience et nous devrions avoir un jeu et une philosophie bien définis et un état d'esprit de la gagne. Il faut qu'on retrouve cela à tout prix.

À armes égales, je préfère un Français pour le XV de France

L'ouverture de la sélection aux joueurs étrangers est-elle une bonne ou une mauvaise idée pour relancer le XV de France ?

D.Y.: On verra les résultats que cela apporte. Si ce sont les meilleurs actuellement, qu'ils peuvent apporter leur expérience, leur talent, leur philosophie de jeu différente et faire gagner l'équipe de France, tant mieux. Maintenant, à armes égales, je préfère un Français, issu d'une formation amateur, qui a grandi dans la filière fédérale puis professionnelle, comme cela se fait depuis des années. On parle actuellement de deux ou trois joueurs étrangers. Il ne faudrait que cela devienne la moitié ou les trois-quarts de l'équipe.

Les ouvreurs français de très haut niveau ne sont pas légion dans le Top 14. C'est beaucoup moins le cas en ce qui concerne les demis de mêlée…

D.Y.: C'est important d'avoir des joueurs français à la charnière, ne serait-ce que pour communiquer et s'imprégner des systèmes de jeu. Des dix, il y en a aussi. C'est dommage que Frédéric Michalak et François Trinh-Duc soient blessés, car j'aurais aimé les revoir avec le maillot bleu. Au poste de demi de mêlée, il y a énormément de concurrence, comme il y en a toujours eu. Maintenant, est-ce qu'on se projette jusqu'à la Coupe du monde ou est-ce qu'on fait jouer ceux qui affichent le meilleur état de forme du moment ? C'est un débat à ouvrir.

Avant, il fallait faire une voire deux saisons pleines et être régulier pour pouvoir espérer toucher l'équipe de France. Maintenant, tu fais deux bonnes actions, tu marques un essai et voilà

Justement, quel avis portez-vous sur la politique de "l'homme en forme" pratiquée en ce moment par le staff tricolore ?

D.Y.: Disons que les mentalités ont beaucoup changé ces derniers temps. Avant, il fallait faire une voire deux saisons pleines et être régulier pour pouvoir espérer toucher l'équipe de France. Maintenant, tu fais deux bonnes actions, tu marques un essai et voilà. Ce qui est un peu délicat, c'est que le niveau international est supérieur au Top 14 et à la coupe d'Europe. Pour pouvoir s'y affirmer, il faut d'abord avoir prouvé.

À votre poste, Morgan Parra et Maxime Machenaud ne se sont jamais vraiment imposés en sélection. En plus du talent, le caractère est-il une condition indispensable pour écarter la concurrence chez les Bleus ?

D.Y.: C'est valable à tous les postes. Après, la charnière est un fusible facile à faire sauter lorsqu'une équipe et son système de jeu ne fonctionnent pas. Lorsqu'il y a de la concurrence, on a tous envie de prendre le dessus et d'être le meilleur. Moi, je n'aimais pas perdre ni être second. J'ai toujours voulu être acteur et non consommateur. Le poste veut qu'on a besoin de gérer et de commander et qu'on ne peut pas être qu'un simple soldat. C'est peut-être ce qui manque un peu à l'équipe de France en ce moment. On a envie de la voir plus agressive, qu'il y ait aussi un peu de rébellion, que cela vive et que les joueurs soient acteurs et non consommateurs.

Les Bleus démarrent samedi leur tournée d'automne. Comment les voyez-vous, à un an de la Coupe du monde ?

D.Y.: J'espère déjà qu'ils vont gagner les trois tests. Ce sera plus facile pour préparer la suite, mais il y a aura pas mal de pression sur leurs épaules. Physiquement, on n'est pas trop mal. Il y a un coup à faire et je souhaite de tout mon cœur qu'ils le fassent.

Dimitri Yachvili éjecte un ballon du regroupement - Galles France - 17 mars 2012
Dimitri Yachvili éjecte un ballon du regroupement - Galles France - 17 mars 2012
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