Être rugbyman (et) homosexuel, le dur combat pour s’assumer

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  • Illustration mêlée rugby amateur
    Illustration mêlée rugby amateur
Publié le Mis à jour
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RUGBY - Il n’y a probablement pas meilleur reflet de la société que le sport, et le rugby n’échappe donc pas à tous les maux qui peuvent la ronger. Que la discrimination soit ethnique, religieuse ou sexuelle, elle oblige souvent l’athlète à jouer un rôle. Aussi, certains se battent pour aider les sportifs à s’assumer et à lutter notamment contre l’homophobie.

À l’image de Gareth Thomas, Nigel Owens ou Sam Stanley, rares personnalités du rugby à avoir révélé leur homosexualité, il faut du courage pour briser la loi du silence. Faire son coming-out nécessite de révéler un aspect de sa vie privée, ce qui est paradoxal. Ce que font deux personnes dans une chambre à coucher ne nous regarde pas mais elles peuvent être jugées si elles sont homosexuelles. Certains le font pour s’aider à s’assumer, explique Kamel. Originaire de la région lyonnaise, ce fan de rugby de 25 ans se bat via l’association "Combat Sport" pouraider les sportifs homosexuels et bisexuels à s’en sortir. Plus encore, il souhaite faire de la prévention dans les centres de formation et auprès des jeunes professionnels car beaucoup abandonnent à cause de leur orientation sexuelle.

Les homosexuels sont considérés comme faibles

S’il semble archaïque, le constat est bien le suivant… Dans le sport, ce qui est important, c’est la performance et les homosexuels sont considérés comme des faibles. Si un joueur faisant son coming-out est moins performant, on va alors dire qu’il est faible et il risque de se faire insulter par les supporters adverses pour être déstabilisé, regrette Kamel qui met en avant la brutalité des réseaux sociaux. Personne ne réagit ! Beaucoup de sportifs homos se cachent, sont dans une bulle ou jouent un rôle. Cet étudiant en comptabilité révèle que certains font leur coming-out en privé, d’autres sortent avec des femmes pour être dans la normalité du groupe et ne pas être isolés mais certains ont même une couverture. Cela montre qu’ils ne sont pas très bien dans leur tête et leur corps. Ils ne sont plus eux-mêmes.

Illustration rugby
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L’histoire du club est aussi écrite par des homos

Autant de situations qu’il est nécessaire de rendre moins difficiles à vivre pour les concernés car cela est plus ou moins accepté en fonction de la mentalité des vestiaires. Justement, ce moment d’intimité où les joueurs se font des confidences peut créer de la gêne ce qui pousse certains à prendre leur douche chez eux. Comment réagir quand il y a des blagues homos ? En discuter est déjà une avancée face aux préjugés. Il faut expliquer aux supporters et aux jeunes comment sont construits la société et un club. Tu as toutes les origines, toutes les confessions et toutes les orientations. Le sport est un lieu de rassemblement social donc l’histoire d’un club et son palmarès sont l’œuvre de tous. Je ne crois pas une seule seconde que tous les joueurs passés par un club sont hétéros !

Au rugby il y a moins de concurrence qu’au foot

Le rugby ne peut se défaire d’une image virile mais, paradoxalement, malgré l’étiquette de l’athlète fort et musclé, les coming-out existent. Ce n’est pas une question de physique mais de concurrence, avance Kamel. Plus il y a de concurrence, plus il y a de rivalité, plus il y a de tension et plus il y a de discrimination. Personne ne semble vouloir briser l’omerta dans le football mais le rugby n’est pas plus ouvert. Beaucoup de joueurs du milieu Fédéral avouent avoir déjà eu une expérience homo mais se cachent. Ils sont gênés car souvent ils entendent des propos homophobes comme : "on n’est pas des pédés (sic)" ! Et le ballon rond a au moins le mérite d’en débattre comme à Lyon, Marseille ou Nantes. Il reste que les éducateurs ne sont pas assez formés sur la prévention des discriminations, relève Kamel.

Illustration mêlée rugby amateur
Illustration mêlée rugby amateur

Via l’association, un accompagnement est proposé aux sportifs puisqu’elle est en lien avec le psychologue du sport Anthony Mette (originaire de la région bordelaise, il a écrit "Les homos sortent du vestiaire"). Cependant, "Combat Sport" est encore à la recherche d’un parrain et de bénévoles pour faire de la prévention et aider dans le privé même si la finalité, c’est de trouver un sportif qui accepte de faire un coming-out pour faire avancer la cause.

Le twitter de l’association : https://twitter.com/Sportscombatss

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