Les filles du 7 rentrent à leur tour dans la lumière

Au classement, elles squattent le Top 5 du World Series. Là où les garçons ont longtemps campé en Bowl sur les manches du milieu de saison, les Bleues du VII, elles, enchaînent les qualifications en Cup. A Langford, pour leur quatrième sortie cette année, elles ont terminé à la quatrième place, après une défaite aux prolongations contre l'Australie. Ce week-end, à Clermont, elles rêvent de mieux pour la dernière étape de la saison. Et si elles disposent d'une plus grande chance que leurs homologues masculins de glaner une breloque à Rio, les filles de David Courteix sortent pourtant à peine d'un global anonymat.

Des représentantes d'une pratique et d'une discipline

Ce manque d'intérêt, longtemps, de la part des médias, l'ont-elles vécu comme une injustice ? C'était comme ça, coupe la Bordelaise Camille Grassineau. Son entraîneur prolonge le ressenti : Je n'ai rien contre vous, mais moins je vous vois, mieux je me porte (sourire). Plus sérieusement, ça a plein d'avantage, dont la relative tranquillité. Donc ça ne me dérange pas et je ne crois pas que les filles le vivent particulièrement mal. A l'image de ce long format de Stade 2, la couverture médiatique prend néanmoins une ampleur nouvelle à l'approche des JO. Un gage, aussi, de réussite.

De leurs performances justement dépend désormais un plus gros intérêt des journalistes et du public. Je sais pertinemment que, lorsque vous vous intéressez à l'équipe, ses résultats et la façon dont elle joue, cela rend service au rugby à 7 et aux féminines qui méritent une reconnaissance, décrypte le coach Courteix. Pour continuer à attirer des filles sur les terrains du rugby. Ce que les Bleues du 7, désormais plus suivies, ont compris et veulent accompagner. Il faut qu'on aide, pour la pratique féminine, à développer ça, valide Grassineau, relais de sa capitaine dans le groupe et en dehors.

Des scores sur Twitter à une retransmission sur France 4

Le bouche à oreille a commencé doucement dans leurs clubs respectifs, il y a quelques temps déjà. La machine lancée, les Françaises estiment qu'elle ne pourra pas être arrêtée, encore moins à l'heure des immenses Jeux olympiques. Le 7 est un sport vraiment agréable à regarder, justifie Grassineau. Donc je pense qu'une fois qu'il sera télévisé, ça va vraiment bien fonctionner, il y a des chances que ça explose. Ce sera même chose faîte bien avant le mois d'août, et ce dès ce week-end, en Auvergne, d'où France 4 sera en direct. En clair, donc. Une première au cours de laquelle il faudra ainsi réussir à ne pas se rajouter de pression et se lâcher.

Parce que les filles du 7, avant l'annonce de cette diffusion, savaient déjà qu'elles évolueraient devant leurs proches – comme à Brive pour le championnat d'Europe l'an dernier. Chose rare. Leurs compétitions sont en effet parfois très compliquées à suivre, avec le décalage horaires et les streaming officiels pas toujours opérationnels. Même nos grands parents vont pouvoir venir nous voir de leurs propres yeux, se réjouit la capitaine Fanny Horta. A l'étranger, la communication de nos matchs se fait juste avec nos scores sur les réseaux sociaux, c'est surtout frustrant pour ceux qui nous suivent.

"Et pourquoi pas gagner tous les matches" à Clermont ?

Comme les garçons à Paris, les filles du 7 espèrent déployer du beau jeu et atteindre le podium – sur lequel elles ne sont pas encore montées cette saison – devant leur public. Voire mieux. Il nous faut un résultat et si on ne va pas le chercher là, comment ira-t-on le chercher après ?, s'interroge Horta, arrivée dès 2013 en tant que pionnière (avec Rose Thomas). Mais on a un bon coup à faire, vu qu'à Langford, on a causé des difficultés aux meilleures, on a aussi réussi à imposer notre jeu. On doit maintenant concrétiser et être plus régulières.

A Clermont, le premier objectif des septistes tricolores sera de battre les trois meilleures nations du circuit, Canada, Australie et Nouvelle-Zélande. Se montrer que ce sera possible à Rio. Et pourquoi pas gagner tous les matches ? relance Grassineau. Gagner une étape serait idéal pour la confiance avant les Jeux. D'autant que niveau résultats bruts, on n'est pas dans les clous. En France ce week-end, le moment paraît idéal ! Une raison d'y croire, selon Courteix: Il y a aura ce petit supplément d'enthousiasme, et encore j'exagère, parce qu'avec elle, il est toujours là !