Il y a 20 ans, la déroute du Parc des Princes marquait le rugby français

Par Rugbyrama
  • Abdelatif Benazzi (France), lors d'une cuisante défaite (10-52) face aux Springboks, au Parc des Princes (22 novembre 2017)
    Abdelatif Benazzi (France), lors d'une cuisante défaite (10-52) face aux Springboks, au Parc des Princes (22 novembre 2017)
  • Christian Califano (France), ballon en main, face à l'Afrique du Sud (10-52) - Parc des Princes, le 27 novembre 1997
    Christian Califano (France), ballon en main, face à l'Afrique du Sud (10-52) - Parc des Princes, le 27 novembre 1997
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En novembre 1997, le dernier round de la tournée d'automne vire au cauchemar pour les Bleus : pour l'adieu au Parc des Princes, ils sombrent contre les Springboks et établissent un triste record de points encaissés.

La Marseillaise s'élève dans le Parc des Princes et Philippe Saint-André pleure. Ce 22 novembre 1997, pour la première fois en soixante-neuf sélections depuis 1990, le capitaine des Bleus laisse échapper des larmes au moment des hymnes. Le XV de France, dominé d'un rien une semaine plus tôt à Gerland par les Springboks (défaite 32-26) joue pour une revanche. Et puis un peu pour l'Histoire aussi : le dernier match de la tournée d'automne est un cadeau d'adieu au Parc des Princes avant que les Bleus ne filent au Stade de France… La France du rugby attend une revanche pour une sortie grandiose.

Mais les larmes de Saint-André préfigurent autre chose : une débâcle historique. Pas de hasard : une issue prévisible. "Le rugby français avait alors un problème de structure. Le rugby était passé professionnel (en 1995, ndlr) mais on l'avait refusé. Je sentais que ce match serait mon dernier. C'est pour cela, que pour la seule fois, j'ai eu les larmes aux yeux durant l'hymne", livre PSA vingt ans après. Ce fut effectivement son dernier match. Et une leçon pour le rugby français qui n'avait peut être pas compris que le rugby avait bien changé d'époque : 28 -3 à la mi-temps, 52-10 au final, 7 essais à 1. Jamais une équipe de France n'avait encaissé autant de points…

A chaud : bravo ! A froid...

A chaud, Philippe Saint-André baisse les yeux : "Les Sud-Africains jouent un autre rugby, avec des joueurs plus rapides, plus résistants aux plaquages. Ils créent des surnombres, cela va vite et on ne peut plus résister." A froid, des années plus tard, les Bleus de 1997 évoqueront la douzaine d'ordonnances présentées par les Boks pour expliquer le recours à des produits interdits. N'empêche, ce 22 novembre, le XV de France est mis à nu : athlétiquement, les Français sont à mille lieues des Springboks et le jeu tricolore est réduit au néant.

Les vertus ancestrales du rugby d'ici ne suffisent plus

Ils ont été asphyxiés, balayés, essorés, assommés par une défense implacable et se sont montrés maladroits, imprécis le reste du temps face à une équipe sidérante de justesse. "Nous ne sommes pas invités", confessera PSA qui n'a pas terminé le match, victime d'une déchirure. "Juste avant de me blesser, je fais le break dans la défense sud-africaine, Raphael Ibanez récupère le ballon et marque. C'était comme un passage de témoin." Une page se tourne. Pierre Villepreux l'a bien compris : "Les vertus ancestrales du rugby d'ici ne suffisent plus". 'Le verdict est tombé, il va falloir réagir', complète Jo Maso, le manager français, à deux ans de la Coupe du Monde.

Christian Califano (France), ballon en main, face à l'Afrique du Sud (10-52) - Parc des Princes, le 27 novembre 1997
Christian Califano (France), ballon en main, face à l'Afrique du Sud (10-52) - Parc des Princes, le 27 novembre 1997

Sept jours plus tard, le 29 novembre, Bernard Lapasset, président de la FFR convoque effectivement un bureau fédéral exceptionnel, auquel sont conviés les membres du staff du XV de France. A la sortie, Lapasset annonce une série de mesures pour ramener le rugby français au sommet. Une phrase clé : la priorité doit être donnée à l'équipe de France.

Nouveau modèle

Il jure qu'elle disputera douze matches par an, regroupés en trois mois, que les tournées seront redéfinies de manière à ne plus effectuer que des test-matchs, que les internationaux bénéficieront d'une période de trois mois de récupération. Une licence à points sera aussi instaurée, limitant à trente-six le nombre de matches par saison et, chaque année, quatre sélections régionales de joueurs de moins de vingt et un ans vont être amenées à disputer des rencontres entre elles et à participer à des tournées, afin de créer une catégorie Espoirs.

Quelques heures plus tard, après une défaite contre le CABBG à Armandie pour le premier match de championnat après la trêve internationale, le flanker agenais Philippe Benetton, l'un des rares joueurs du XV de France a avoir fait front au Parc des Princes, enfonçait le clou en invitant à se pencher sur championnat de France qui mène dans le mur.

"Ce soir, on a eu la démonstration vivante des travers du championnat, livre t-il au Monde. On est dans l'à-peu-près et on finit en bagarre, ce n'est pas très joli. Il faut vite évoluer, mettre en place une politique sportive qui améliore les conditions de jeu. Ce jeu-là, on ne le pratique qu'en championnat de France. Il y a un fossé énorme avec le niveau supérieur. Les Sud-Africains ont tiré la sonnette d'alarme pour le rugby français. Il faut avant tout avoir une politique sportive pour améliorer ce championnat." Et ? C'était il y a 20 ans…

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