La relève du rugby français, elle se trouve aussi en Pro D2 !

  • Quercy, Garrault, Michallet, Regard, Hamdaoui
    Quercy, Garrault, Michallet, Regard, Hamdaoui
  • Yoann Huget en 2008 avec Agen
    Yoann Huget en 2008 avec Agen
  • Kylan Hamdaoui (Biarritz) félicité par ses coéquipiers
    Kylan Hamdaoui (Biarritz) félicité par ses coéquipiers
  • Martin Laveau (Bayonne) - 3 décembre 2015
    Martin Laveau (Bayonne) - 3 décembre 2015
  • Bastien Chalureau et Karl Chateau (Perpignan) - 13 mai 2016
    Bastien Chalureau et Karl Chateau (Perpignan) - 13 mai 2016
  • Julien Tisseron (Bayonne)
    Julien Tisseron (Bayonne)
  • Vincent Rattez (Narbonne) - avril 2016
    Vincent Rattez (Narbonne) - avril 2016
  • Maxime Lucu (Biarritz) - mars 2016
    Maxime Lucu (Biarritz) - mars 2016
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Hier, le Pro D2 n’était que le parent éloigné du rugby professionnel. Aujourd’hui, il en est devenu la pouponnière. L’endroit où se développent les talents, à l’ombre du grand Top 14. Les futurs joueurs de l’équipe de France y font peut-etre déjà leurs classes. Analyse.

Dans le désordre et sans être exhaustive, la liste a tout de même de l’allure : Yoann Huget, Maxime Machenaud, Sofiane Guitoune, Uini Atonio, Vincent Pelo, Loann Goujon, Yacouba Camara, Rémy Grosso... Des joueurs qui partagent tous un point commun : c’est en Pro D2 qu’ils se sont révélés. Une constante à l'image du potentiel de ce championnat,en pleine explosion ces dernières années.

Mais la vraie question demeure immuable : pourquoi ? Pourquoi le Pro D2 est-il peu à peu en train de devenir ce laboratoire du rugby français ? Les réponses sont à peu près aussi nombreuses que les cas particuliers. Mais quelques tendances se dégagent et quelques schémas émergent.

Yoann Huget en 2008 avec Agen
Yoann Huget en 2008 avec Agen

Des joueurs en manque de temps, en mal de considération

Première élément explicatif : les joueurs eux-mêmes ont changé. Et c’est probablement le coeur du problème... Des dizaines, des centaines de joueurs sortent chaque année des centres de formation des équipes élites. Mais pour combien d’élus ? Combien de surdoués de l'ovalie auront la chance de fouler - rien qu'un peu - les pelouses du Top 14 ? Combien de joueurs du cru, formés au club et élevés au grain, s’épanouiront, heureux, dans le club qui les a vu grandir ? En vérité, très peu. La choix est double mais fort simple pour ces apprentis rugbymen : attendre sa chance ou partir.

Un départ forcé, ou presque, direction pour certains un championnat qui fait et donne confiance : le Pro D2. Les exemples sont nombreux et les réussites diverses. Mais rien que cette saison explosent des joueurs comme Kylan Hamdaoui (formé à Clermont), Yohann Artru (Montpellier), Nicolas Garrault (Stade français) ou encore Fred Quercy (Montpellier lui aussi). Des joueurs jeunes, plein d’envie et qui ont trouvé là le temps de jeu qu’il manquait à leur carrière en Top 14.

Kylan Hamdaoui (Biarritz) félicité par ses coéquipiers
Kylan Hamdaoui (Biarritz) félicité par ses coéquipiers

Un bémol cependant : certains peuvent vivre cette remise en question comme un aveu de leurs faiblesses. Il est parfois difficile, voir impossible pour certains d’accepter que leur place n’est peut-être pas dans l’élite du rugby français. D’où le nombre important de jeunes joueurs qui cherchent désespérément leur place. Quitte à errer quelque part entre l’envie de croire en une improbable opportunité au sein d'un effectif pléthorique et celle de trouver ailleurs le droit de toucher le ballon autrement qu’à l’entrainement.

La volonté des clubs de construire, de former

Cette volonté des joueurs de se (re)lancer ne saurait suffire à expliquer l’essor des jeunes talents en Pro D2. Evidement, la corrélation est évidente entre le temps de jeu accordé à un joueur et la confirmation de son talent. Mais c’est bel et bien la volonté de son club qui va être déterminante. Attention : cette initiative n’a été possible que par d’heureux concours de circonstances. Les clubs n’ont souvent tout simplement pas le choix.

Martin Laveau (Bayonne) - 3 décembre 2015
Martin Laveau (Bayonne) - 3 décembre 2015

Illustration avec deux monuments que sont Perpignan ou Biarritz. Ces deux formations n’ont plus la même latitude financière que par le passé. Faire venir des grands noms ou des oiseaux rares n’est aujourd’hui plus qu’un rêve. Les deux équipes se sont donc tournées vers leurs centres de formation respectifs : Ecochard, Chalureau, Forletta, Carbou ou Brazo à l'Usap, Hamdaoui, Arrate, Lucu, Giresse, Dacharry, Le Bourhis au BOPB… Au total, un bonne vingtaine de joueurs de moins de 25 ans ont eu du temps de jeu au sein de ces deux équipes.

Deux clubs qui n’ont pas su accéder aux phases finales de Pro D2 mais qui forment probablement la nouvelle génération du rugby français à travers leurs choix. La réalité est que faire confiance à des jeunes est un risque à court terme mais un investissement plus que rentable à moyen, voire à long terme. Un risque que ne peuvent souvent courir que les formations qui n'ont plus d'autre choix. Triste mais pragmatique.

Bastien Chalureau et Karl Chateau (Perpignan) - 13 mai 2016
Bastien Chalureau et Karl Chateau (Perpignan) - 13 mai 2016

Un investissement forcé mais important qui a été utile au Stade français en 2015 (Slimani, Bonfils, Flanquart, Danty, Bonneval, Camara, Plisson, Burban…). Utile, aussi, à des joueurs comme Atonio, capitaine à 21 ans en Pro D2 au poste de pilier droit, ou Maxime Machenaud, titulaire indiscutable à la charnière de l’UBB à seulement 20 ans. Deux joueurs qui ont disputé le dernier Tournoi des 6 Nations avec les Bleus.

Finalement, le manque de moyens relatif des clubs de Pro D2 est une aubaine pour des joueurs français qui n’ont pas encore eu la chance de démontrer leur valeur… économique. Dans ces conditions, le "Made in France" est un produit moins cher que les autres. Et souvent bien plus rentable.

Un Pro D2 de plus en plus compétitif

Dernière explication qui peut justifier le nombre important de joueurs qui ont aujourd’hui séduit le staff du XV de France après un séjour en Pro D2 : la deuxième division devient un championnat très compétitif. Sans dépeindre un tableau trop idyllique, le deuxième niveau hexagonal est aujourd’hui très proche de ce qui se fait de mieux. Le rythme, la qualité technique, les intentions de jeu sont en constante progression. Et si quelques matches demeurent difficilement appréciables, de plus en plus d’équipes jouent la carte du jeu, du rythme et du spectacle. Exemple cette saison avec Béziers, Biarritz, Mont-de-Marsan ou Bayonne, qui ont tenté d’imposer un style aéré et ambitieux à leurs adversaires.

Julien Tisseron (Bayonne)
Julien Tisseron (Bayonne)

En prenant en considération le perfectionnement des staffs, la professionnalisation des clubs et des joueurs et l’augmentation progressive des budgets, la différence entre le dernier du Top 14 et le premier du Pro D2 est aujourd’hui infime. Et si le faussé se creuse, c'est davantage entre le Top 6 et les autres, qu’entre les premiers de l’échelon inférieurs et les clubs entre la 7 et la 14eme place.

Il est donc plus aisé pour le staff de se projeter avec un joueur de Pro D2 pour une tournée. La dernière fois que cela est arrivée, c’était en 2007. L’heureux élu s’appelait alors Franck Montanella et jouait à Auch. Il faisait aussi partie de la tournée suicide en Nouvelle-Zélande...

A quoi pourrait ressembler le XV de France de demain ?

Une chose est certaine, le rugby français n’est plus uniquement un rugby construit de manière horizontale. Se projeter dans le temps est de plus en plus difficile mais apparait surtout comme n’étant plus l’unique solution pour exploser. Certains grands espoirs tricolores n’ont jamais su devenir les joueurs qu’on leur prédisait parfois. Mais cette verticalité, cette possibilité de redescendre pour rebondir est aujourd’hui comme une attaque en première main : une prise de risque évidente mais si noble et respectable.

Vincent Rattez (Narbonne) - avril 2016
Vincent Rattez (Narbonne) - avril 2016

Une fois n'est pas coutume, cet article va se conclure à travers un exercice critiquable et tellement risqué… mais auquel nous jouons tous. A quoi ressemblerait le XV de France si les joueurs de Pro D2 intégraient une tournée ? Voici, sans prétention ni divination, à quoi pourrait ressembler cette formation.

Fichten (Narbonne) - Ruffenach (Biarritz) - Giudicelli (Tarbes)

Lambey (Béziers, prêté par Lyon) - Chalureau (Perpignan)

Bourdeau (Béziers) - Chateau (Perpignan) - Garrault (Tarbes)

Lucu (Biarritz) - Michallet (Bourgoin)

Laveau (Bayonne) - Arrate (Biarritz) Regard (Lyon) - Rattez (Narbonne)

Hamdaoui (Biarritz)

Remplaçants : Labouyrie (Bayonne), Forletta (Perpignan), Stragiotti (Béziers), Granouillet (Aurillac), Molcard (Provence Rugby), Lafage (Colomiers), Fuster (Bayonne), Lagain (Colomiers).

Maxime Lucu (Biarritz) - mars 2016
Maxime Lucu (Biarritz) - mars 2016
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