Castres, Saint-Jean-de-Luz, Albi... la parenthèse enchantée de Serge Milhas

Ce lundi 27 juillet 2016, Serge Milhas a retrouvé le rugby professionnel. La reprise a sonné à Albi et le nouvel entraîneur des Tarnais est arrivé frais comme un jeune premier. Qu'il paraît loin ce temps où il ne savait plus vraiment où il en était, où sa passion, le rugby, était devenue la raison de son mal-être. C'était il y a un an et demi. Castres venait de le débarquer sans grandes manières. Une cicatrice pour l'homme : Je vais faire ma vie, eux la leur, mais jamais je n'oublierais ce qu'ils ont osé faire.

Serge Milhas s'en est alors retourné en famille, habiter au Pays Basque. Il pense à changer d'horizon professionnel et se lance dans une formation plomberie : Je restais sur un échec humain terrible. Je ne me voyais pas repartir vers un club pro. Mentalement j'étais usé. Je voulais faire autre chose, m'occuper de moi.

Non loin de là, le Saint Jean de Luz Olympique vient d'être rétrogradé en Fédérale 2 pour la première fois de son histoire et cherche un entraîneur pour se relancer. Le club basque apprend vite que Serge Milhas s'est installé dans le coin et tente sa chance. Ce dernier se souvient : J'ai senti quelque chose de très sincère. Je leur ai dit oui avec la condition que si j'étais en difficulté ou que je ne prenais pas de plaisir, je pouvais arrêter à tout moment. Je voulais juste me reconstruire. Et puis le rugby fait partie de ma vie.

Bâtir une équipe pour se reconstruire

Voilà donc l'ex-pro parti pour une aventure en Fédérale 2, dans le plus pur esprit amateur : Pour moi, c'était une activité secondaire. Je l'ai fait pour m'amuser, pour partager. Je ne pouvais pas négliger les autres choses à côté. Il instaure des entraînements d'une heure seulement , trois fois par semaine.

Il s'explique : Les mecs bossent entre sept et huit heures par jour, tu ne peux pas leur imposer deux heures d'entraînement, car elles viennent en plus des huit heures. Ce sont des journées à rallonge. Les joueurs ne viennent pas au rugby chercher des contraintes. Pas plus d'une heure, mais intense, pour qu'ils aient la fraîcheur, et ne perdent pas la concentration.

La reconstruction de l'homme se fait avec la construction de l'équipe, au fil d'une vie commune où tous se retrouvent pour des bons moments hors du travail. Serge Milhas apprécie un monde où il n'y a pas de lumière sur l'individu. Il est surpris de la qualité technique tout en notant une vraie différence dans la dimension physique avec le monde professionnel.

"Je ne m'attendais pas à ça"

Les liens se créent, l'amitié n'est pas feinte et la confiance revient. Le plaisir est là. La saison se termine début juin sur un titre de champion de France de Fédérale 2 et une montée en Fédérale 1. Quand je m'engage, je ne peux pas imaginer, même dans les plus beaux rêves que ça va se passer aussi bien. Ça m'a fait un bien fou. Je suis tombé au bon endroit, avec le bon groupe. J'ai pris une bouffée d'oxygène énorme. Je ne sais pas si j'ai beaucoup donné, mais j'ai beaucoup reçu. Je ne m'attendais pas à ça. Entre-temps, Serge Milhas a été sollicité par Albi.

Un coup de fil et une proposition de retour dans le rugby pro qu'il n'avait pas prévu, lui qui venait de terminer sa formation et commençait à voir son avenir professionnel en dehors du sport. Mais l'homme n'est déjà plus le même. Il s'est reconstruit et ce retour dans le monde pro ne paraît plus impossible. Il a retrouvé son rugby. J'avance. J'ai envie d'aller plus loin, de créer quelque chose, un état d'esprit. Être ambitieux ? Je ne sais pas si c'est le mot, mais au moins se donner les moyens de créer quelque chose collectivement.

Voilà avec quelle idée en tête Serge Milhas a pris la direction d'Albi, non sans un dernier mot pour le Saint Jean de Luz Olympique : Ce n'est pas la fin de l'histoire. Humainement, j'ai trouvé des amis, des joueurs qui sont presque mes enfants. J'en parle avec beaucoup d'affection car il y a eu beaucoup de respect. C'est aussi pour ça que ça c'est si bien passé. Ça va être plus difficile en Fédérale 1. Mais ils vont se régaler et le but est là. Il faut qu'ils se maintiennent.