Dourthe: "La survie, c’est ceux qui étaient planqués dans la chambre froide et le carton"

  • Richard Dourthe devrait très prochainement quitter ses fonctions de manager de Dax
    Richard Dourthe devrait très prochainement quitter ses fonctions de manager de Dax
  • Richard Dourthe, manager de Dax
    Richard Dourthe, manager de Dax
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Richard Dourthe est à la tête d'une équipe de l'US Dax battue dimanche dernier sur son terrain par le leader Pau et qui se déplacera samedi à Montauban en position de relégable. "Passionné" par son métier, le manager dacquois est loin d'avoir abdiquer. Et relativise la situation au regard des évènements survenus à Paris il y a une semaine.

Comment vivez-vous votre place de relégable avec l’US Dax?

Richard DOURTHE: Je ne lâcherais jamais rien et les joueurs ne lâcheront pas. On travaille beaucoup à l’entraînement. Comment le vit-on? On est frustrés parce qu’on est inefficaces. En début de saison, on doit gagner à Pau, on peut gagner à Biarritz. On ne gagne pas, on prend zéro point. Dans nos temps faibles, on prend beaucoup de points et dans nos temps forts, on n’en marque pas assez. C’est râlant. C’est compliqué mais bon, avec ce qui s’est passé en France la semaine dernière il faut savoir relativiser les choses. Vraiment. On est dans une situation difficile certes, mais un journaliste m’a parlé de survie… Non. La survie c’est ceux qui étaient planqués dans la chambre froide et le carton. Pour nous, ça ne reste du sport et une passion.

On est trop gentil, pas assez vicieux

Comment pensez-vous vous en sortir?

R.D: Ça passera par plus de concentration, plus de confiance. Sur la deuxième mi-temps contre Pau, on a 75 % de possession de balle et on marque un essai. Les Palois nous passent trois fois la ligne, ils marquent deux essais. Nous, on perce deux fois la ligne, on ne marque pas, on a six occasions sur des pénaltouches, on marque qu’une fois. C’est juste un peu de concentration, de responsabilisation. On perd 20-8, Pau est une belle équipe avec d’autres moyens mais le score réel doit être de 20 à 15, on doit prendre le point de bonus défensif. Contre Pau dimanche, j’ai eu l’impression quand même qu’on était vite sanctionnés. Les Palois ralentissaient toutes nos sorties de balles. J’ai dit aux joueurs: "Attendez que l’arbitre vous le dise pour sortir du plaquage, puisque les Palois le font. S’ils poussent avant que la mêlée soit stabilisée, faites la même chose". On est trop gentil, pas assez vicieux, on manque d’expérience.

Comment remédier à ces soucis de concrétisation?

R.D: Je l’ai dit aux joueurs: le rugby est un sport d’anticipation. C’est savoir ce qu’il va se passer avant que ça arrive. C’est comme ça qu’on gagne du temps. On n’a pas peur, on n’est pas inquiet et on a de la force. Le groupe est concerné. On l’a vu dimanche. Il nous reste quatorze matchs, on va essayer d’en gagner le plus possible. Le maintien c’est cinquante points, on est à 22. On va jouer tous les matchs pour les gagner.

On est en plein débat sur la liberté d’expression, mais on ne peut pas exprimer son avis sur le fait que l’on pense que l’arbitre se trompe

Que pensez-vous des critiques qui peuvent vous concerner au regard de la situation de votre équipe en championnat?

R.D: Les critiques, j’en ai essuyé toute ma carrière. Parce qu’aussi je ne suis pas lisse. Mais ceux qui tombent et qui se relèvent sont plus forts que ceux qui ne tombent jamais. Il y a des critiques injustes. Elles font mal bien sûr, mais il faut les écouter et s’en servir pour générer de la force. Pour l’instant les critiques sont justifiées. On est inefficaces, on est impuissants. Il nous faut cinq mauls pour marquer un essai. On n’arrive pas à concrétiser nos actions. On n’a pas le rebond favorable parce qu’on ne le provoque pas. Le "pas de chance" ou le "par hasard" n’existent pas. Il faut savoir provoquer les choses. On va provoquer les choses et elles vont tourner en notre faveur.

Richard Dourthe, manager de Dax
Richard Dourthe, manager de Dax

Vous sortez d’une suspension de huit semaines de banc. Votre image d’entraîneur à fort caractère ne vous dessert-elle pas?

R.D: Je le paye sans doute, mais ce new deal... On ne peut rien dire. On est en plein débat sur la liberté d’expression, mais on ne peut pas exprimer son avis sur le fait que l’on pense que l’arbitre se trompe. Je connais la règle, je connais le rugby, j’adore ce sport, c’est ma passion et je suis peut-être un peu trop passionné. Mais moi, je me contrôle, c’est ça le plus important.

Ne pensez-vous pas être en décalage avec ce rugby professionnel qui veut montrer une image sans aspérité?

R.D: Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise publicité. Il n’y a que de la publicité. C’est Bernard Magrez (homme d’affaires, ndlr) qui me l’avait appris quand j’étais à Bordeaux. Je ne cherche pas à faire de la publicité. Je vis mon sport, je vis ma vie comme je le sens et dans la vie, on a que ce qu’on mérite. Si je dois être suspendu, c’est que je dois l’être. Mais je dis ce que je pense.

On ne lâchera pas. On n’a pas le droit de lâcher

Si l’on revient sur votre expérience à Bayonne, êtes-vous passé trop vite de joueur au poste de manager d’un club de Top 14?

R.D: Je me suis propulsé un peu trop vite. Ce qui m’est arrivé à Bayonne, je l’ai voulu. Mais ce n’était pas l’heure. Le débat n’est pas de se dire si Bayonne avait raison, mais de se dire pourquoi je me suis fait limogé et comment j’aurais dû faire pour trouver une solution. Ce qui m’est arrivé m’a été très bénéfique. Maintenant je connais mon travail. J’apprends tous les jours, je suis passionné par ce sport et ce travail. J’adore ça en fait. Là je suis dans la difficulté car le classement de Top 14 et de Pro D2 est souvent dépendant du budget, même s’il peut exister quelques exceptions pour confirmer la règle. On a un effectif réduit, on a un budget réduit, on travaille comme il faut et on va avoir des résultats, j’en suis persuadé. Franchement on a largement les qualités pour se maintenir.

Vous affichez un moral d’acier malgré la situation difficile...

R.D: J’ai le moral. Une équipe est à l’image de son staff. Si on est indiscipliné c’est peut-être un peu à cause de moi, donc j’essaie de me calmer. Si on a le moral, c’est que le staff a le moral. On ne lâchera pas. On n’a pas le droit de lâcher. Franchement tout ce qui se passe en ce moment nous fait vraiment relativiser. On a perdu contre Pau, d’accord. On est déçu, mais on est toujours là.

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