Atonio, pilier XXL au "pays de l’amour"

  • Uini Atonio - la rochelle lyon - 2013
    Uini Atonio - la rochelle lyon - 2013
  • Uini Atonio - la rochelle lyon - 2013
    Uini Atonio - la rochelle lyon - 2013
Publié le
Partager :

A La Rochelle, ce pilier droit aux capacités physiques exceptionnelles est une véritable mascotte. Arrivé en 2011 sur l’Atlantique, Uini Atonio s’est vite intégré pour faire sa place parmi les titulaires indiscutables du club. Né en Nouvelle-Zélande de parents samoans, cet incroyable franchisseur est aujourd’hui surveillé par le staff de l’équipe de France, où il sera éligible en juillet prochain.

En tentant de joindre Uini Atonio par téléphone, c’est d’abord sur son équipier, Benjamin Gélédan, que nous sommes tombés. "Vous savez, il ne parle pas très bien le français", avait tenté de nous faire croire le talonneur du Stade rochelais, son "meilleur ami à La Rochelle", dixit le Kiwi. Mais, pendant l’interview, quelques heures plus tard, c’est bien dans la langue de Molière – qu’il maîtrise très bien - que Uini Atonio nous a répondu, preuve de sa bonne intégration et de son adaptation à la culture "du pays de l’amour", s’amuse celui qui a débuté le rugby à 4 ans, "forcé" par son père. Au point, pour le pilier XXL (1m97 pour 156 kg) né en Nouvelle-Zélande de parents samoans, de "rêver" des Bleus. Ce qui tombe bien, puisqu’il sera éligible en juillet 2014, et que le staff de l’équipe de France a déjà un œil sur lui, Yannick Bru étant même descendu le voir à La Rochelle.

L’adversaire de Patrice Collazo dans un tournoi à dix, en 2010

Son arrivée en France, le joueur la doit à Patrice Collazo, qu’il a affronté lors d’un tournoi de rugby à dix, à Hong-Kong, en 2010. L’ancien entraîneur des Espoirs du Racing évoque son immense potentiel brut, à seulement 19 ans: "Il était capable de faire des crochets double-appuis aussi bien que d’aller 'péter' pour franchir. J’ai de suite remarqué ses facilités dans sa gestuelle, ses déplacements, et sa capacité à lire le jeu…" Collazo sait aussi se souvenir de son "rapport poids-puissance-vitesse" lorsqu’il devient le co-entraîneur rochelais, un an après. Atonio n’a alors jamais disputé un match de Super XV, mais évolue au niveau des Counties. Bloqué à son poste chez les Kiwis, il veut "grandir", dit-il aujourd’hui. Une belle ville – découverte alors grâce à Google Maps – en bord de mer, suffit au futur entraîneur des avants de l’ASR, qui l’a retrouvé sans connaître son nom ni son club, de le convaincre. A son débarquement sur l’Atlantique, les Samoans du club, Tamota Leopulo, Sefulu Gaugau, ou Piula Faasalele sont les premiers à aider le natif de la région de Christchurch, comme son coach, qui l’accompagne pour trouver une maison.

Ouvert, le jeune pilier qui ne passe pas inaperçu, s’intègre vite. "Il est plus souvent avec des joueurs français", avalise Collazo. C’est le cas de Benjamin Gélédan, qu’Atonio a même fait venir avec lui en Nouvelle-Zélande trois semaines cet été. "On a le même âge, on évoluait ensemble en Espoirs quand il est arrivé, et puis on a commencé à jouer en même temps en première", remarque le talonneur. Remplaçant à la fin de sa première saison, Uini Atonio a rapidement pris la place de pilier droit dans le XV type, en 2012, après une blessure de Stéphane Clément et son temps d’adaptation aux "standards français", selon son coach. Titularisé 20 fois l’an dernier, il déjà démarré 15 matchs cette saison, et n’a manqué aucune des 21 journées. Surtout, ce leader sur le pré de par ses performances, est même devenu le capitaine de l’équipe. "Il s’est imposé naturellement grâce à sa légitimé sur le terrain", justifie l’entraîneur. Gélédan parle lui d’un "exemple", et met en avant son côté "travailleur".

D’énormes progrès sur les fondamentaux

Depuis son arrivée en terres maritimes, le Kiwi a fait d’énormes progrès. En mêlée fermée, d’abord. "Au début, Patrice m'avait prévenu, mais je n'y croyais pas. Et puis après mes deux-trois premières mêlées, j'avais mal partout... Je n'avais jamais vu ça avant", analyse Atonio. S’il aime les "contacts, casser les placages, et prendre des ballons", il a dû beaucoup insister sur les fondamentaux du poste de pilier, notamment dans les phases de combat. Au-delà de son impressionnante carrure, ce sont une excellente dextérité et une vision du jeu portée vers l’avant qui lui ont permis de devenir la mascotte du public rochelais. "Mais toucher le cuir dans le jeu courant et faire avancer mon équipe, c'est du bonus, nuance l’humble joueur de 23 ans. Le travail d'un avant, c'est d'abord dans les rucks et les mêlées".

Atonio se sait aussi désormais ultra-surveillé par les défenses adverses. "Ils mettent plusieurs joueurs sur moi quand j'ai la balle, rigole-t-il. C’est un bon challenge". Mais il y a un autre défi que le pilier aimerait maintenant relever: celui du Top 14, forcément. "Pour changer... Et puis le niveau est plus haut, je veux me tester face aux meilleurs", confirme l’insatiable pilier, sur lequel lorgnent déjà certains grands clubs. Pour combien de temps son avenir sera-t-il à La Rochelle ? "Je ne sais pas… ", répond Atonio. Collazo coupe: "Il sait ce qu’on lui doit, mais il sait aussi ce qu’il nous doit. Et puis Uini est bien chez nous. Un jour il partira peut-être, mais pas pour être second choix ". S’il a signé jusqu’en 2016 à l’ASR, il dispose néanmoins d’une clause libératoire dégressive, selon Midi Olympique (400 000 euros cette saison). Pas de quoi perturber le jeune pilier qui n’est qu’à "60% de son potentiel" selon son coach. Atonio se dit avant tout "concentré sur le challenge de l’équipe". Ce que confirme Gélédan: "Il sait faire la part des choses, c'est pour ça qu'il est capitaine".

Uini Atonio - la rochelle lyon - 2013
Uini Atonio - la rochelle lyon - 2013
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?