La chronique de H. Broncan

Jeudi 12 Avril :

Je reçois un courrier de M. Michel Abadie de Layrac mais grand supporter du FC Lourdais, il est l'auteur d'un site www.lourdes-rugby.fr dans lequel il met à la disposition des amoureux du Rugby un important fonds documentaire sur l'histoire de son club favori. Il me demande mon témoignage sur le FCL avec trois questions.

1 : Que représente pour vous le FC Lourdes ?

2 : Quel joueur ayant porté le maillot du FC Lourdes vous a tout particulièrement marqué ?

3 : Avez-vous une anecdote ou un souvenir particulièrement marquant sur le FC Lourdes ou sur un de ses joueurs ?

Voici mes réponses :

Monsieur,

C'est avec beaucoup de plaisir que je réponds à vos trois questions.

1 : Le FC Lourdais m'a porté au Rugby, sans lui, je crois que, fils de footballeur, j'aurais choisi le ballon rond ; c'était l'époque de la radio et, le dimanche après midi, j'imaginais en écoutant le petit poste et Van Lee , les exploits des Labazuy, Prat, Domec, Barthe, Martine etc etc. Je pourrais les citer tous car je connaissais par cœur chaque composition d'équipe et j'ai un peu honte d'avoir mis en avant ces quelques noms car j'adorais tous les composants, en particulier la seconde ligne Laffont-Guinle, "les déménageurs de piano" . Quand le FCL se produisait à Mathalin, puis au Moulias, j'étais déchiré entre le soutien à mon équipe du FCAG et l'admiration que je portais à ces visiteurs que je plaçais sur une autre planète.

2 et 3 : Je répondrais aux questions 2 et 3 en même temps : Jean Prat, le capitaine symbolisait le FC Lourdais, il me faisait rêver : marqueur d'essai, dropeur, leader, rude au combat, malin, beaucoup d'anticipation, je le revois toujours placé sur les coups de pied de recentrage de Rancoule et Tarricq !

Elevé par une grand-mère très croyante, il ne fallait jamais manquer le pélerinage annuel à la grotte de Lourdes, nous partions, une dizaine, parents, voisins, dans la camionnette de mon père... Le mécréant que j'étais déjà, avait beaucoup de mal à se gargariser de la fameuse eau de Lourdes et à accomplir le chemin de croix au dessus de la grotte... Alors, "divine surprise" lorsqu'une année, ma grand-mère décida de me conduire au Winger le café tenu par mon idole. Lorsque j'aperçus ce dernier à quelques pas de moi, je crois que l'apparition de la Vierge à Bernadette fit moins d'effet à la bergère : je sentis mon visage rougir, mes jambes défaillir et mes mains trembler sur le verre de menthe à l'eau... Un de mes plus beaux souvenirs de ma vie... Merci Grand-Mère.

Vendredi 13 Avril :

J'ai désigné 22 éléments pour le choc contre le TPR ; choix difficile entre beaucoup de joueurs méritants, choix à assumer malgré quelques états d'âme : 5 joueurs du groupe de Grenoble disparaissent : F.B., G.P., et N.P. pour cause de blessure ; H.A. et P.A. par choix d'entraîneur. Maintenant tout au long de la préparation j'insisterai sur le privilège qu'ont obtenu les 22 inscrits sur la feuille de match : l'immense honneur de porter le maillot rouge pour une finale à domicile, qui plus est, contre le voisin tarbais, dans un stade archi-comble.

Les médias se déplacent et France 2 vient filmer l'entraînement du soir. Auparavant, les journalistes se sont rendus chez S.B. talonneur titulaire de l'équipe 1 mais aussi agriculteur ; S.B. est un de mes leaders, c'est le capitaine de la mêlée ; un capitaine taiseux qui sans paroles donne confiance à tout le pack : le lendemain, le poupon d'Escorneboeuf fera une rentrée fracassante, contre le TPR, récupérant un ballon plein champ pour offrir le deuxième essai à son ouvreur et démontrant par la même qu'il était capable de faire, très bien, autre chose que des mêlées !

De mon côté, je reçois un journaliste de l'Humanité ; auparavant je me suis rendu chez mon marchand de journaux habituel pour acheter un exemplaire : "L'Huma, j'ai pas !" Qu'ils sont loin Jaures, Vaillant, Cachin, Barbusse... "Le pain, la liberté, la Paix"... "La faucille et le marteau"... les vendeurs de mon enfance : "Achetez l'huma, Achetez l'Huma"... Loin aussi mon prof de philo, qui lors de la venue de De Gaulle à Mirande en 58 ou 59 , se promenait sur la place d'Astarac en exhibant fièrement, malgré les ricanements, la Une sur sa poitrine : le 22 Avril, le PC et Marie Georges Buffet compteront leurs voix, comme d'habitude, ils auront la mienne même si j'ai toujours refusé l'encartement.

Samedi 14 Avril :

C'est la fête au Moulias, record de recette, match tendu, 6 cartons jaunes, ballons perdus, moult en avants, inspirations laborieuses mais 31 – 0 à la sortie avec 3 essais dont 2 en contre. Le contre fait partie de notre sport et je n'ai jamais compris les moues désabusées à son sujet... Vestiaire d'après match classique : effusions, champagne, photographes, journalistes, dirigeants, institutionnels... Je passe une grande partie de la soirée avec P.W., l'ami dont je vous ai parlé. Le géant souffre mais ne veut pas en parler, il est heureux de mettre son bras sur mon épaule et je crois voir une petite larme perlée sur sa joue burinée... Mon président nous convie à sa table, devant moi, le fils d'un immigré espagnol qui me parle des souvenirs de son père "No pasaran" le meilleur moment de la nuit.

Dimanche 15 Avril :

Chaponnade à Mirande autour des Présidents de l'EAB XV ; 500 convives ; intronisation de Michel CARDOZE par le plus célèbre cuisinier du Gers et du capitaine G.P. par votre serviteur. Greg touché à la cheville droite n'était pas sur le terrain, hier au soir, mais il s'est efforcé de soutenir ses camarades en les regroupant avant la rencontre. Il semble qu'il ait fait une croix sur le rugby de haut niveau : je l'ai apprécié, capitaine de joie lors du titre en 2004 mais, surtout, leader dans la tourmente, dès le début de la saison 2005-2006 quand nous avions perdu nos 4 premiers matchs... Bien sûr, je n'oublierai jamais le match de Tyrosse, et, cette nuit, comme on me l'a demandé, j'ai regardé une étoile briller dans le ciel.

L'EAB gagne sa place en Fédérale 1 c'est un grand week end pour le Rugby gersois même si j'apprends les relégations du LSC, de Condom et de Nogaro... Les jeunes permettront à ces clubs de se relever.

Ce soir, je gagne ma colline : le ciel s'est dégagé !!

Lundi 16 Avril :

Rendez-vous chez Alégria à ST Paul les Dax, j'apprécie beaucoup cette chaîne régionaliste qui a fait grâce à V.S. et E.L. d'énormes efforts pour médiatiser la Pro D2 ; avec moi ; mon demi de mélée B.S. : j'ai découvert ce joueur lors d'un match amical entre le SUA et l'USM, il avait sèchement taclé mon fils qui n'arrêtait pas de le provoquer : cette volonté de ne pas se laisser marcher sur les pieds m'avait plu et je l'ai fait signer au FCAG, il y a 3 ans... En février il me demande une entrevue : "Voilà, je vais être Papa, tu es le premier à le savoir." Rien ne pouvait me procurer davantage de plaisir que cette marque de confiance : les entraîneurs ont quand même des moments heureux !!

Mardi 17 Avril :

S.M. préparatrice physique préférée vient se plaindre de la tenue des joueurs lors de l'entraînement de la veille ; Elle n'a pas pu dormir de la nuit : fainéants et... insolents. Ancienne heptathlonienne, sportive de haut niveau, elle ne peut comprendre de tels relâchements ; dans l'après midi, F.M. et N.L. se plaignent de douleurs aux ischio-jambiers, à l'entraînement physique du soir, S. St.L. a de nouveau mal au genou et le groupe se traîne... Au Rugby vous ne restez pas longtemps au sommet : pour aller défier Béziers, au match de la Méditerranée, il va falloir gueuler encore un coup !

Mercredi 18 Avril :

Petit "scandale" dans la presse locale : la candidate UMP, sur son site internet, est en photo avec plusieurs joueurs du FCAG. Le président du Conseil Général crie à la récupération. Deux courtes remarques :

1 : La candidate semble très mignonne

2 : Elle a eu le bon goût de poser avec les plus beaux joueurs du club !

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