La chronique d'Henry Broncan

Par Rugbyrama
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Comme chaque semaine, retrouvez la chronique d'Henry Broncan, le responsable de la formation au SUA. Il commente l'actualité de ces derniers jours, marquée notamment par le championnat de France Espoirs à 7, mais aussi par du football et la fameuse main de Thierry Henry !

Jeudi 19 novembre

La main d’Henry ! Hier au soir, je dois être un bien mauvais français puisque je n’ai pas assisté au match vendu comme suprême entre les "coqs" et les fiers Irlandais. Depuis nos Verts à nous, qui nous imposaient tant nous les adorions dans les années 70, de changer les jours d’entraînement, ma passion initiale pour le Football Professionnel s’est peu à peu délitée, à tel point que je n’ai qu’entr’aperçu la finale du Mondial 98. Par contre, quand je peux encore, j’aime bien supporter la CFA du SUA, et même le F.C.A de Montanou tout comme quand j’étais auscitain, je n’oubliais pas de supporter l’ASAG (Auch-Gascogne) de mon ami Despeyroux. De plus, chaque lundi soir, je n’omets pas de consulter les résultats des clubs de Lombez –Samatan n’a toujours pas d’équipe– Monblanc, Laymont et même Labéjan puisque ce dernier village est le plus proche de la demeure maternelle. Par contre, en cette matinée qui me reconduit depuis l’Astarac en Agenais, je ne peux éviter, même sur les radios non branchées, l’évocation de la main d’Henry ! Les argumentations se multiplient : les pour, peu nombreux, et ce matin plutôt tièdes, les contre, moralisateurs jusqu’à l’excès ? Un intervenant ose affirmer que le football n’est qu’un jeu : las, il y a longtemps que c’est fini. Voilà, quand même, notre onze national à la Coupe du monde : happy end pour les investisseurs, le sélectionneur, le Président de la FFF, la chaîne TV et tant pis pour l’éthique. Quant aux Henry, il vaut mieux taire nos prénoms… pendant quelques mois.

Vendredi 20 novembre

Le stade de la feue ASPTT de Paris, Porte de Pantin, où va se disputer la 5ème édition du Championnat de France Espoirs de rugby à 7. Curieusement, j’ai de nombreux souvenirs de l’équipe des Postiers : le demi de mêlée Pallane , le troisième ligne Lapoterie que j’admirais beaucoup, plus près le talonneur Gioux et les Pezet, Nogier, Maumus, Astier…c’est d’ailleurs le dernier cité qui nous sert de guide : onze équipes accompagnent les Agenais, champions 2008-2009 qui ont enfin récupéré, non, refabriqué un bouclier perdu, dès le soir de la finale, dans les eaux boueuses de la Garonne ? Huit équipes filles sont également de la partie, toutes plus motivées les unes que les autres : dans le TGV nous avons rencontré l’Entente Stade Bordelais-Bruges et ces demoiselles, par ailleurs charmantes, étaient bien décidées à en découdre rudement avec leurs sept rivales. Juste derrière la tribune, se meurt le stade de la défunte A.S.Police de Paris et je songe aux fameux derbies qui devaient opposer Postiers et Policiers, en Fédérale 2, dans les années 70.

Accueil parfait : les Parisiens, le CD93 en particulier, se multiplient ; Thierry Janeczeck et Nicolas Le Roux officient aux tables de marque ainsi qu’aux notes sélectives, alors qu’un stage de futurs éducateurs-es rugby à 7 est organisé sur le terrain annexe. On sent une volonté d’activer la discipline, de la faire passer au niveau supérieur, même si l’absence d’une quarantaine des meilleurs Espoirs mobilisés par le XV, tout au long de la semaine à Marcoussis, me semble préjudiciable à la détection des sélectionneurs à VII. Avec eux, le Tournoi aurait pu être encore de meilleure qualité.

De notre côté après avoir aperçu les dacquois, bien en place derrière Albaladejo (un petit-neveu) bon maître à jouer, battre les brivistes, nous affrontons nos voisins du Stade Montois. Une mi-temps pour se mettre en action et pour neutraliser le tandem Lesburgueres-Durquet et nous voilà vainqueurs, largement, 33-14. Comme les Landais explosent ensuite devant les Berjalliens, le SUA se retrouve d’ores et déjà qualifié pour les quarts de finale du samedi matin. N’empêche, la troupe des frères "Deilh" doit s’imposer contre les Isérois si elle veut occuper le premier rang. Sous un éclairage exigeant la concentration maximale pour éviter les en-avant, c’est un superbe duel que s’offrent l’ailier Ruel du CSBJ et Leka, le fidjien de la Garonne. Au final, le premier nommé, aux jambes supersoniques, l’emporte sur notre protégé plus puissant, mais trop laxiste en défense : 3 essais à 1 ! Quant au total général, les deux équipes se sur un score de parité 24-24. Toutes les rencontres sont disputées avec acharnement mais dans une correction absolue. Arbitrages impeccables, horaires respectés, une bien belle après-midi !

Arrivée, vers 19h30, au club-house de l’A.C.Bobigny, rue Salvador Allende, où nous attend le repas du soir préparé par les bénévoles du club phare de la Seine-st-Denis. Devant l’entrée, un cerisier, feuilles d’automne et fleurs du printemps, sur la même branche. Nous assistons aux derniers préparatifs de l’ACB avant la réception, dimanche, du premier de poule, le Sporting Nazairien, entraîné par mon ancien élève, Fabrice Gaudet. L’occasion d’apercevoir, quelques anciens joueurs des divisions professionnelles : le demi de mêlée Bouhraoua (Limoges), l’ouvreur Pichot (Racing), les avants Bordenave et Quesada (Racing aussi), le centre Janick (Lombez), placés sous la houlette du lot-et-garonnais Philippe Canto originaire de Mézin. Joie espérée mutuelle et à tout le moins une certaine émotion en rencontrant Fabien Marque, ex-talonneur du FCAG, formé à la belle école de l’U.RBR, bon risclois de chez les Terrain. Certes, il y avait eu un peu de friction lors de notre divorce mais le temps n’a gardé, du moins en apparence, que les bons moments passés en commun.

Regroupement au club-house balbynien, autour des 150 kg de la mère poule de l’Association, le Président Alain Chamois, du manager général Roland Tordjmann, tandem bien ancré au gouvernail. L’écran plat de l’élégant local – vivement le même à Armandie – distribue le dernier quart d’heure d’Albi-Perpignan ; alors que le pilier droit de Langon quitte la pelouse après une belle prestation –Bravo Benjamin- Michel, le centre de Pontaut-Combault, yeux brouillés par une toison blonde trop épaisse, rentre pour une distribution de ces caramels dont il est le dépositaire. De son côté, le fils de mon vieux copain des Carpates bien alimenté par un 9 en pleine confiance, poursuit sa gratification de missiles : seconde victoire pour des Albigeois plus cathares que jamais et déception des Champions de France plutôt amers quant aux dernières interventions de l’arbitre ; l’acier trempé de Béchu reprend espoir et l’USAP se qualifiera quand même.

Table conviviale, viande du Président, la meilleure d’Ile de France –Alain est "chevillard" - service assuré par les dames du club, les cordons bleus de Bobigny me font presque oublier les cuisinières du Gers ! A nos côtés, se restaurent, après une soirée d’information, les arbitres du 93, autour de leur leader M. Lamarque. Nouvelle bonne surprise en reconnaissant parmi eux, un ancien Crabos du FCAG, fils de policier et policier maintenant, fils d’arbitre et arbitre maintenant ! Encore un bon moment.

Vendredi nuit, dans Paris qui brille de ses mille lumières ; quand on est Agenais, une seule adresse, rue Saint Honoré, un bar, le Sous-bock. C’est le quartier général des supporters parisiens du SUA et le lieu de rendez-vous de tous les Lot-et-Garonnais qui montent dans la capitale. Maillots et photos des temps heureux. Ici, on attend depuis 3 ans, les retrouvailles avec le duo Stade Français et Métro-Racing qui d’ailleurs s’affrontent demain, pardon, aujourd’hui. Patron heureux de nous accueillir, Cyprien toujours aux petits oignons des bleus et blancs. Seule (minime) désillusion : l’obligation de consommer un Cognac hors d’âge puisque l’Armagnac n’a pas encore droit de cité dans l’établissement. Nos joueurs, rassurez-vous, sont dans leurs lits d’une auberge de jeunesse de la Courneuve, surveillés comme il se doit par le 3ème homme, Loulou, et le toubib, Pierre-Etienne. Température nocturne d’automne d’autant plus printanière que sur le chemin de l’hôtel, les effluves du cognac colorent les joues.

Samedi 21 novembre

A 10 heures 20, quart de finale contre le Biarritz Olympique qui dispose, entre autres, du trois quart centre de l’équipe fanion, Charles Gimenez. Si nos joueurs cette nuit, ont regagné relativement tôt leurs pénates, je ne suis pas certain que leurs adversaires en aient fait de même. Toujours est-il que ce sont des Biarrots bien pâles que nous atomisons 42-5 en moins d’un quart d’heure. Au même instant, sur le terrain d’honneur, le Stade Toulousain l’emporte laborieusement contre Grenoble et s’inscrit comme notre adversaire pour la demi finale. Petite surprise avec l’élimination des bolides du CSBJ puni par deux cartons jaunes (justifiés) successifs mais le Métro-Racing préparé par deux Gersois (Xavier Pujos de Vic-Fezensac et Philippe Garcia de Fleurance) dispose d’éléments de valeur en particulier un centre arrivé d’Afrique du Sud ces jours derniers.

Pendant ce temps, dans le tournoi féminin, les dames ne ménagent pas leur énergie. Chez elles, c’est incroyable comme le niveau de jeu a progressé. Ma protégée de La Valette, aperçue il y a deux ans au Tournoi de Buzet, manie toujours aussi allègrement l’ovale alors que, du côté des banlieusardes toulousaines de Fonsorbes, je rencontre une de mes anciennes auscitaines, toujours aussi motivée et toujours aussi râleuse. En finale, les locales de Bobigny pourtant fortement encouragées par leur kop, échouent devant des Lilloises plus solides en mêlées et dans les phases de ruck. Signe prémonitoire : on s’imagine le 7 comme un rugby-farandole, passes et cadrages-débordements. Or, j’en avais déjà fait la constatation lors du tournoi de Moscou, c’est un jeu qui nécessite une impeccable organisation sur les phases telles que la mêlée, la touche, les renvois, les rucks ainsi qu’un souci constant dans la conservation du ballon et ce sont dans ces domaines que les Stadistes vont nous imposer leur domination. Michel Marfaing et Jean-Michel Giraud ont bien préparé leur affaire en alourdissant – et oui, même à 7 ! – leur pack avec leur trio D’Aram, Cabot, Vergnaud et confiant à leur demi de mêlée Iribaren le soin de conduire le jeu d’abord dans l’axe du terrain. Le SUA, un temps, fait figure de vainqueur grâce à un débordement de Leka et une transformation de Jonathan mais dans la dernière minute, une nouvelle mêlée explosée suivie d’un pilonnage des avants rouges et noirs permet à leur meneur de jeu d’inscrire l’essai de la victoire. Légitime bonheur des Stadistes qui vengent en partie l’affront de Bayonne : nous leur avions infligé un cinglant 40 à 0 …en finale !

La finale va les opposer aux Racingmen victorieux des Dacquois au jeu trop subordonné au talent d’Albaladejo. Dès le début, les Toulousains prennent les devants d’autant que les Parisiens ont cru bon de ne faire débuter leur remarquable ailier d’origine laotienne, Kraska, un phénomène de vitesse. Le troisième – le meilleur ! – des Bouhraoua, maintient un temps le suspense par deux essais de 80 mètres mais la puissance des joueurs de la Cité des Violettes est irrésistible. Notre bouclier si beau, si neuf, remonte donc la Garonne…jusqu’à l’année prochaine ?

Je réitère toutes mes félicitations aux organisateurs en particulier au CD 93 cher à Jean-Claude Pussacq, le beau-père de mon protégé à la toison d’or. Un seul reproche puisque la perfection n’est pas de ce monde. Cette journée a été parrainée par M.M Camou, Président de la FFR, Baqué, Président de la FIRA, Skrela, Directeur Technique National, Fite, Président de la commission rugby à 7 et bientôt d’autres dirigeants de notre Fédération dont M. Claude Dourthe. Ils ont assisté à toutes les rencontres de la journée et ont distribué gracieusement coupes et boucliers. Par contre à midi, dans le gymnase de Pantin, au moment du repas qui regroupait toutes les formations féminines et masculines, pourquoi avoir séparé par une longue tenture, la salle en deux parties ? Les sportifs qui devaient évoluer dans l’après-midi auraient parfaitement compris que les menus du déjeuner soient différents mais c’était l’occasion de rassembler la famille du rugby au lieu de la séparer par un "petit" mur de Berlin. Je rappelle que même au temps de Louis XIV, le petit peuple avait accès au lever, au coucher et aux repas du Roi. Pourquoi, n’aurions-nous pas le droit d’être les voisins de table de nos dirigeants ? Pourquoi refuser un moment de convivialité avec les pratiquants d’un sport dont nos pontifes ne cessent de vanter les valeurs traditionnelles ?

En route pour le Stade de France : en un quart d’heure, les "Coqs" plient le match et tout suspense. Des Samoans passifs, endormis, décevants ? Des Français en pleine progression ? Nous aurons la réponse ce week-end à Marseille, face aux Blacks. Au retour, j’apprends la victoire de Biarritz à Michelin et un témoin m’appelle pour dire la belle performance d’Arnaud. Sur que le gamin des Pousterles, bien malheureux pendant une saison en Auvergne, avait à cœur de montrer son talent à celui qui l’avait mésestimé. Bien joué !

Lundi 23 novembre

Retour au Pays : montée au village par le petit chemin du Tucoulet : une biche et un lapin font la course. Visite à la Tour qui repoussa les Sarrasins grâce à la stratégie de nos mères. Depuis la chapelle de Vicnau, j’aperçois le chêne de Theux toujours aussi princier ? Paris, la plus belle ville du monde : ce doit être vrai mais alors, le Gers, c’est certainement le plus beau pays du monde.

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