La chronique d'Henry Broncan

Par Rugbyrama
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Comme chaque semaine, retrouvez la chronique d'Henry Broncan, le responsable de la formation au SUA. Il commente l'actualité rugbystique de ces derniers jours, et revient notamment sur la victoire de l' Equipe de France contre les champions du monde.

Mercredi 11 novembre

Une route intégralement torturée du Lot et Garonne pour gagner, depuis Agen, Ste-Livrade en passant par Laugnac dont la verdeur du terrain de football attire les pupilles de mon trio de covoiturés. Le stade de l’ancienne bastide anglaise des rives du Lot abrite le désormais classique Tournoi Brignoli rassemblant les moins de 15 ans du 47 et du 24. Depuis ce matin, plus de 150 minimes s’ébattent joyeusement - quelques plaies quand même - sous une pluie peut-être fine mais sûrement pénétrante d’autant qu’elle est accompagnée de la première froidure automnale.

Le long des lignes de touche, de formidables éducateurs, bonnetés et bottés passent leur journée d’Armistice auprès des gamins, communiquant leur enthousiasme, encourageant dans la majorité des cas, grondant un peu par moment, rouspétant modérément certes mais rouspétant quand même auprès des jeunes arbitres - Quel progrès dans ce domaine aussi ! - mais comment ne pas pardonner quand la passion habite les injonctions !

La "Vallée du Lot" (Ste-Livrade, Villeneuve, Castelmoron…), l’hôte du jour, l’emporte à domicile, plaçant même sa seconde formation dans le quatuor de tête : des gars bien "tankés" comme dit mon CTR, déterminés sur le un contre un, groupés dans les affrontements. En deuxième position, une bien belle équipe des "Quatre Cantons" (Cancon, Monflanquin, Villeréal, Lacapelle, Castillonnès), avants efficaces, dos plats et bons appuis au combat, triangle d’attaque expert en ballon volé malgré l’ovale glissant. Partout, du côté de l’Entente Lot-Lemance, du club de Pole Med (Miramont, Eymet, Duras), de Valence d’Agen (82), de Marmande, du Bugue et d’ailleurs, de l’envie, du mouvement, de la construction et certains nostalgiques (vieux c…, oui !) qui osent affirmer qu’on jouait mieux au rugby….avant !

Côté SUA, on doit se con,tenter de la dernière marche du podium : la "maison bleue" avait sans doute oublié de se couvrir d’un toit pour éviter les fautes de main ; en salle, on aurait peut-être gagné.

Jeudi 12 novembre

L’Equipe de France qui doit affronter, vendredi soir, les " terribles " Boks vient d’être dévoilée officiellement et je m’amuse à retrouver les clubs formateurs de nos Internationaux : Traille (Nay), Médard (Blagnac), Mermoz (Epinal), Clerc (Le Fontanil), Parra (Metz), Heymans (Meyssac) Marty (Villelongue), Trinh Duc (Pic Saint Loup), Dusautoir (Trelissac), Harinordoquy (Garazi) Picamoles (Le Chesnay), Bonnaire (Saint-Savin), Nallet (S.A.Bourg), Millochlusky (Viry-Chatillon), Marconnet (Givors), Servat (Mazères-Cassagne), Mas (Argeles-sur-Mer), Barcella (Valence d’Agen). Allez les "gros clubs" : Je vous concède David (Bourgoin) et au nom du passé Swarzewski (Béziers) et Dupuy (Périgueux).

Une grosse pensée pour les éducateurs qui n’ont pas ménagé leur temps, leur famille, leur argent, leur essence….pour conduire leurs petits vers l’excellence. Alors, bien sûr, les médias mettent en lumière ceux qui les drivent au niveau professionnel mais ils oublient de signaler que les coachs actuels ne font, en fait, qu’entretenir, parfois peaufiner, un labeur accompli largement en amont, par des inconnus qui ont façonné longuement les futurs grands, leur donnant d’abord l’amour d’un sport particulièrement difficile, exigeant, les véhiculant au sens propre comme au figuré, les "bichonnant" physiquement et moralement.

Le rugby fonctionne quand même à l’envers : un bon éducateur des moins de 13 ou 15 ans est aussitôt aspirré pour entraîner des plus grands : Reichel ou mieux équipe 1 alors que dans l'objectif utopique de club, le meilleur éducateur devrait être parmi les petits : Je n’arrête pas de vieillir ; me voici dans le camp des Yaqu’à et des fauqu’on !

Ce soir, sous le chapiteau mis en place dans la cour du Conseil Général 47, une trop courte conférence du Professeur Georges Mailhos sur Jean Jaurès en, présence de Rolande Templé : des souvenirs de la faculté des lettres de la rue Albert-Lautman. C’est du Jaurès, intervenant régulier dans une rubrique littérature de la Dépêche du Midi, dont il est question. J’apprends que le Tarnais a été pour beaucoup, dans la révélation au grand public du talent d’Arthur Rimbaud. Jaurès, un visionnaire, en politique et dans d’autres domaines. Public trop restreint. Certains ont-ils encore peur d’entendre le seul nom de Jaurès ?

Vendredi 13 novembre

A 5’ de la fin, je ne peux résister à l’envoi du texto : "Tu es trop fort !" et pourtant la France ne mène que 17-13 et j’ai perdu beaucoup de parties alors que mon équipe n’était pas parvenue à creuser un écart plus conséquent. Et pourtant, je n’ai pu résister à montrer si tôt mon admiration au pilier gauche des Coqs. Certes, Smit encore trop talonneur, pas assez roué, ni expérimenté, ni vicieux, ni "tordu", était trop novice à droite pour imposer à Fabien une véritable épreuve de force et comme de l’autre côté Mtawarira est davantage coureur d’antilopes que pousseur d’éléphants, l’équipe de l’impeccable Dusautoir s’est imposé à la Mias : forceps et intellect. Une belle leçon pour des champions du Monde, un peut trop orgueilleux, un peu usés aussi par la longueur de la saison ; Ce Brussow me plaît quand même beaucoup !

Samedi 14 novembre

Soirée auscitaine au retour de Lannemezan où nos Reichel et Crabos se sont imposés sans vaillance et sans gloire. Invitation de l’Association des supporters du FCAG "Un pour tous, tous pour XV ". Difficile de cacher son émotion : l’entraîneur Julien Sarraute, le capitaine Stéphane Saint-Lary, la clef de voute Grégory Menkarska…mais aussi Momo, Elie, les Saint-Martin, Jean-François et d’autres que je n’oublie surtout pas même si je ne les cite pas.

Animateur sympa "Monsieur B", "artiste gascon de la chansonnette", deux pieds au FCA mais le troisième au SUALG comme tout bon…Condomois.

Dimanche 15 novembre

Avec au sifflet un excellent M. Valin d’Auvergne - Ne parlez pas de lui au Moulias ! - les Espoirs de Castres et du SUA nous offrent un magnifique spectacle ; les quarante quatre joueurs méritaient mieux que les 50 spectateurs et les cent courants d’air du modeste stade du Rey. Nos lignes arrière mettent le feu mais le pack des fils de Jaurès bien assis sur l’Autan, nous balaye sur deux mauls et l’emporte sur le fil 23-22. N’importe, nous nous réjouissons des progrès des nôtres même si la défaite entraîne une certaine frustration. Au centre, Benjamin frappe fort.

Au retour, j’apprends la victoire du Lombez-Samatan Club chez le voisin lislois, dans un stade, Fernand-Lapalu, bourré jusqu’à la Save. Je devine, ce soir, l’En-But, le café des Sports et le Bar de la Fontaine en fête . Demain lundi, au marché de Samatan, on refera le match des milliers de fois. Au LSC, dans ce club où la grande majorité des équipiers premiers est passée par l’école de rugby, on ne se préoccupe pas du DIC ni du JIFF !

Lundi 16 novembre

Voyage aérien – l’avantage d’Agen sur Auch – jusqu’à Paris : 1 heure d’avion pour les 500 kms jusqu’à Orly et 1 heure de taxi pour les 10 kms jusqu’à la rue de Liège où siège encore, la Commission de discipline de la Fédération Française de rugby. Avec moi, Jérôme, seconde ligne de son état, carton rouge lors du dernier match des Espoirs à Toulon. Ciel gris - un Gersois m’appelle pour m’indiquer banalement que le soleil brille sure nos coteaux…comme d’habitude ! - mais la capitale ne manque pas de charme même si nous sommes à deux doigts d’être pris pour des terroristes aux abords de l’Ambassade des Etats-Unis. Remontée pédestre des Champs-Elysées et déception de ne pouvoir apercevoir sœur Carla à sa fenêtre. Nous nous consolons dans un petit restaurant des abords de l’Arc de Triomphe car notre voisine de table aux yeux verts et aux formes généreuses ne manque pas de charme d’autant qu’à moitié australienne, elle nous donne une leçon de rugby. Elle nous fait oublier que le magret servi à table n’a rien d’un Gascon.

Mardi 17 novembre

Ma voisine était partie chasser la palombe du côté de Mauléon : toute la semaine ! Vous comprenez mon désarroi pendant les 8 jours derniers. Croisée dans l’ascenseur, elle me lâche : " Ce Monsieur Barnes, qu’il est beau : j’espère qu’il reviendra arbitrer la France d’autres fois !"

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