Villepreux sur Toulon

Par Rugbyrama
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Notre expert Pierre Villepreux livre cette semaine quelques réflexions sur la situation du RC Toulon qui, pour lui, se cherche une identité.

Marcel Ruffo ou Daniel Herrero parleraient de Toulon bien mieux que je ne peux le faire. Mais, pour avoir joué contre le RCT, et avoir rivalisé comme entraîneur de Toulouse, je me permets, avec beaucoup de réserve de tenter une explication sur le mal être actuel.

C'est la réflexion de Marcel dans le dernier "Midol" sur la mondialisation du rugby et ses effets un brin pervers qui m'a interpellé.

Toulon, équipe internationalisée est à la recherche d'une identité puisque ont été recrutés des joueurs, de races, de culture et même de spiritualités différentes. Sur la Rade comme on dit, la performance demandée et attendue par tous, tarde à venir. Le potentiel des uns et des autres n'est pas en cause, puisque tous les joueurs actuels ont exprimé leur qualités dans des compétitions et à un niveau qui les a classés parmi les bons. Choisir un fusible pour expliquer les résultats, en l'occurrence Jean Jacques Crenca, me semble irrationnel et peu raisonnable.

Le problème est beaucoup plus complexe. Je ne doute pas un instant qu'il existe un projet et une vision pour ce club. Derrière le projet et ces objectifs, il convient d'abord de générer et d'accomplir une unité humaine justement à travers la diversité des cultures et d'y absorber tout en même temps la culture rugbystique (celle d'hier) d'une région et d'une ville.

A écouter les joueurs, tous se sentent "toulonnais". Discours forcément de façade et de bonnes convenances qui rassurent et peut donner l'illusion quand les résultats suivent, mais le même discours forcement est moins crédible et parait moins authentique quand la performance est défaillante. Dans le contexte actuel, l'unicité que l'on attend d'une équipe de cette valeur vole en éclat. Chacun s'enferme, seul ou avec ceux qui partagent les mêmes vertus culturelles, dans son langage, ses mythes et ses rites. On sait bien que, quand on doit vivre et agir dans un environnement culturel différent, qui plus est devenant de plus en plus critique, la tendance, c'est bien de revenir à ce que l'on sait et connaît justement parce que, chez soi, c'est cela qui a marché .Il n'est pas si simple de se mobiliser et de penser autrement et d'avoir dans le cadre d'une équipe multicultures, un cordon ombilical commun. Cordon qui permettrait de se retrouver avec plaisir, dans le cadre de contenus d'entraînement et donc d'une démarche de formation et de travail acceptée par tous, incontournable pour, en jeu, dans la compétition s'investir avec l'organisation juste et des régulations communes.

La complexité du système dans le cadre des interactions entre les joueurs les dirigeants et l'environnement est déjà difficile dans un club ne présentant pas autant de différences culturelles, on mesure alors encore mieux l'embarras actuel pour transformer favorablement et de manière durable le contexte actuel.

Le monde du professionnalisme comme le jeu est fait d'incertitude, il crée des problèmes, rien n'est acquis, ni garanti, et même quand tout va bien rien n'est définitif. Les projets n'ont de sens que s'ils existent et s'appuient sur des idées maitresses qui ont fait leurs preuves et qu'il convient de savoir faire évoluer sans les dénaturer.

Comment aujourd'hui à Toulon réaliser une grande alliance non pas contre quelqu'un ou quelque chose mais bien en faveur de tous ? Cette alliance, pour fonctionner concrètement ne peut s'en remettre à une gestion hiérarchisée, centralisée. Pas si simple mais jouable si le dialogue entre les cultures et la mise en forme pour les faire fonctionner, se réalisent sans arrière pensée et de manière égalitaire.

Je vais dire une banalité mais le bon management me parait être le facteur clé pour d'abord donner un bon moral a tous, et des raisons affectives pour défendre les couleurs du maillot, les ingrédients passionnels qui sont indispensable pour ensuite développer un jeu qui soit aussi celui de tous.

Autant de réflexions, (qui ne sont ni leçons ni conseils) sur un club qui ne laisse personne indifférent, parce qu'il a eu un "passé" mais qui peine maintenant pour avoir "un avenir".

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